La romance de mon existence - Der Sommer meines Lebens

X

Doro

Dans mes livres, embrasser l'être aimé est sensé produire une ribambelle d'effets : l'excitation, la passion, l'amour mais surtout les éternels papillons dans le ventre. Eh bien, ce n'est pas que dans les livres. C'est exactement ce que je ressens actuellement, ma bouche contre celle de mon Roméo. Je peux mourir heureuse. Même au milieu de l'apocalypse, un tel premier baiser guérirait tous mes maux et me ferait oublier ce monde cruel.

Stop. On rembobine. Cette description du premier baiser, ce serait si j'étais dans une comédie romantique. Ce que je ne suis pas. Donc en réalité ce baiser échangé se résume à de l'hésitation, de la maladresse mais effectivement beaucoup d'amour et de papillons tourbillonnant dans mon ventre. Ce qui est beau, c'est la proximité entre nous. Un baiser est pour moi, ce qui représente tout ce qu'il y a de tendre. On n'a pas besoin des étincelles et de la perfection décrite dans les livres parce que toute l'imperfection de notre échange est ce qui le rend idéal. Je n'en demande pas plus. En revanche tout à l'heure j'ai parlé de « monde cruel » donc j'aimerais terminer sur cette idée, si vous le permettez. C'est vrai que notre monde n'est pas très joli, il est même extrêmement moche, mince ! L'espèce humaine est condamnée à être hypocrite, irrationnelle et égoïste. Nous sommes une cause perdue, chers amis. On va tous mourir ! Humm, tu es en plein baiser et c'est à ça que tu penses ? C'est toi la cause perdue non ? Mon esprit divague encore, alors que je suis en train de vivre un moment inoubliable dans le fil de ma vie. On ne peut pas faire plus cliché, mais c'est pas ma faute, les oiseux sont en train de chanter autour de nous quand on éloigne enfin nos bouches. On se plonge dans la contemplation l'un de l'autre comme pour mémoriser nos traits, et je ne souhaite plus sortir de cette vue. Il passe tendrement sa main sur ma joue puis dans mes cheveux pour écarter quelques mèches. Il y a quelques instants, on marchait comme des amis dans le parc, maintenant nous sommes assis comme des amants sous un arbre qui abritera notre souvenir pour toujours. J'aime l'idée que ce vieil arbre, perché en haut d'une colline, soit le seul témoin de nos premières étincelles. Ce souvenir n'appartient qu'à nous trois et sera bien à l'abris. Les arbres sont les meilleurs gardiens de secrets, des plus moches aux plus beaux. Je ne compte plus les heures passées sous les arbres de mon jardin, d'un parc, d'une plaine, qui m'ont vu passer par tous les états. Il existe grand nombre d'arbres qui me connaissent mieux que moi-même je ne me connaît.

-Tu sais que notre rencontre se résume à un ballon dans l'eau, chuchote-t-il au creux de mon oreille.

Un ballon, un sauvetage, une histoire. Je rigole légèrement et le tape à l'épaule. Il mime la douleur puis reprends son sérieux :

-Je ne serais jamais autant reconnaissant que je ne le suis à ce ballon.

Je rougis. Moi aussi. On s'embrasse à nouveau. J'aime ces moments qui ont l'air d'être irréels. Ces moments nostalgiques. Mais justement, je ne veux plus quitter ce moment.

On quitte le parc, mais une part de moi y reste et y restera.