Roméo
Je sais que mon agissement de me terrer dans ma chambre n'est pas très mature et réfléchi. Mais bon sang, j'ai mal. J'ai vraiment cru à cette chose entre nous. Et puis depuis quand je suis devenu romantique ? Elle m'énerve autant qu'elle m'attire. Entre nous, elle aurait pu choisir mieux en termes de mec, après je dis ça je ne dis rien. Ouais, donc ne dis rien.
Ding, dong.
-Roméo ! Bouge tes fesses, ce n'est sûrement pas pour moi.
Je soupire. Quel paresseux d'oncle. C'est avec lui que je partage notre appartement de vacances, enfin le canapé, vu qu'il y passe 23 heures sur 24. Ça donne le cafard de le voir allongé comme une masse alors que c'est lui qui m'a appris tous les sports que je pratique actuellement. Oui, les temps ont bien changé.
Je me dirige vers la porte de notre appartement beaucoup trop grand pour deux personnes.
-J'arrive !
J'ouvre la porte, m'attendant à voir Côme venant me faire la morale. Je suis surpris de ce qui m'attend derrière la porte. Tellement surpris que j'en oublie les mots et pendant cinq bonnes minutes, un silence règne.
-Salut Roméo...
-Euh... salut ! Entre, je t'en prie.
Dorothée pénètre dans le couloir gigantesque et pour la première fois j'ai honte de mon oncle. Comme tout bon alcoolique qui ne cherche pas à changer, c'est le bordel partout. Mais elle ne regarde même pas, ou du moins je ne décèle pas le moindre malaise chez elle face à ce qu'elle voit. Et puis elle m'interroge du regard. Je ne tilt pas tout de suite, trop absorbé par son visage.
-Ouais ! On va dans ma chambre ?
Elle rougit puis prend un air coupable puis reprend un air neutre. C'est dingue comme je peux savoir exactement ce qu'elle pense, rien qu'en regardant ses expressions. En passant par le salon je panique déjà à l'idée de la présenter à mon oncle mais finalement je n'en ai pas besoin : il ronfle et bave sur le coussin du sofa. Elle le regarde en rigolant innocemment. Si elle savait, elle quitterait cet endroit directement. On entre dans ma chambre trop grande aussi, qui est la seule pièce rangée de cette location. Le contraste est fou. Je ne suis pas maniaque mais j'aime l'organisation, le rangement et la propreté. Sinon j'ai l'impression d'étouffer et de ne pas pouvoir me concentrer. Tu es fou... Je me retourne et puis pour la seconde fois de la journée suis extrêmement pris au dépourvu. Dorothée est en larmes et essaye de parler correctement :
-Je... je suis désolée... je ne voulais pas l'embrasser... mais... tu vois...
Je pose mes mains sur ses épaules et lui intime de se calmer.
-Dorothée, tu n'as aucune raison de t'excuser et si tu crains que je t'aie jugée, détrompe-toi. J'ai quitté la soirée parce que ça m'insupportait de te voir avec quelqu'un d'autre que moi...
Je me frappe mentalement. Tu la rassure puis tu fais totalement l'inverse ? Et puis c'est trop tôt.
-Le monsieur a commencé à m'embrasser et puis j'étais un peu sous alcool, j'aimais bien la sensation, je l'ai laissé faire.
Elle redresse le menton puis me fixe de ses grands yeux bleus si apeurés. Mes mains me picotent, toujours posées sur ses épaules. Je veux plus, tellement plus...
-Je ne pensais pas pouvoir seulement t'intéresser, c'était impossible ! Donc je ne me suis pas souciée de ta douleur qui allait suivre, reprend-t-elle.
Elle chuchote une dernière phrase mais je ne la comprends pas, ce qui m'oblige à fixer ses lèvres. Mauvaise idée. Je veux l'embrasser. Stop, tu veux la traumatiser ou c'est comment ton plan ? Elle reprend plus fort mais toujours pas assurée :
-J'aurais préféré que ce soit toi.
Que le Dieu du contrôle me vienne en aide. C'est trop pour moi. À défaut de l'embrasser, je la serre soudainement dans mes bras, ma main reposant à l'arrière de son crâne pour la presser à moi. Quelques secondes passent, puis ses bras m'entourent. Trop de sensations. J'ai l'impression de mourir et de revivre en même temps. Puis sa si belle voix reprend :
-Pourquoi tu ne m'embrasses pas ?
Elle veut me tuer ?
-Crois-moi, je le veux. Mais pour rien au monde je ne le ferais dans cet appartement qui sent la détérioration. Je veux que ça soit spécial, que tout soit spécial et différent avec toi. Viens, je vais te montrer mon parc préféré.
D'où sort le romantique qui s'installe peu à peu en moi ? Il ne me plaît pas mais il semble lui plaire vu ses joues toutes rouges, donc je peux m'y faire. Je peux totalement m'y faire.
![](https://img.wattpad.com/cover/353503111-288-k380814.jpg)
VOUS LISEZ
La romance de mon existence - Der Sommer meines Lebens
RomanceHistoire inspirée de faits réels... Une fille allemande au pair en France, une rencontre, un changement. Lisez la préface, si vous voulez en savoir plus.