Chapitre 3

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La route est longue jusque la frontière de Qodora. Les deux jeunes aventuriers ne viennent que de descendre la colline et d'arriver au premier village sur leur route, après trois jours à cheval. Epuisée, Sélène ne demande pas l'avis du soldat et entre dans la première auberge, jetant les rênes de son cheval dans la main gantée du soldat. 


"- Deux chambres pour la nuit, s'il vous plaît.

- Je suis navré ma p'tite, il ne me reste qu'une seule chambre, et pas des meilleures. Toute l'auberge est pleine avec cette neige, les routes jusqu'à Pilatra sont bloquées. 

- C'est impossible. 

- Une tempête de neige s'abat depuis quatre nuits, je ne sais pas d'où vous venez ma p'tite dame pour ne pas l'avoir vue.

- De la colline, nous en descendions avec le soldat.

- Vous n'avez rien d'une sorcière, si vous me permettez. Et depuis quand les sorcières de cet établissement sont accompagnées de soldat ?

- Celui-ci vient de l'armée royale.

- Un soldat de l'armée royale ? Mademoiselle, toutes mes excuses ! Pour que le roi vous envoie quelqu'un, vous devez être une personne importante de l'établissement. Veuillez m'excuser. Je vous libère deux chambres ! 

- Merci, c'est très aimable à vous.

- Veuillez pardonner ma curiosité, mais qui êtes vous pour eux là haut ? 

- Vous avez déjà entendu parler de la protectrice de la forêt maudite ?

- Ho, oui, des mas madame. C'est une jeune femme des plus obstinées qui soit, à ce qu'il se dit ! L'académie l'a refusé comme professeur malgré l'étendu de ses diplômes. Une personne que l'on veut mettre à l'abri des regards si vous voulez mon avis.

- Je suis cette protectrice de la forêt maudite, mon brave. Et ma mission pour cet établissement est tel que le Roi lui-même m'a affublé un soldat de son armée, et pas des moindres mon p'tit, le plus vaillant de sa protection, nommé par le Duc Heyrwet en personne. Vous savez, je contrôle tout de même la forêt maudite. Si des créatures ne viennent pas vous voler, c'est grâce à moi.

- Par le Duc ?

- Je l'ai rencontré, je le connais en personne. Un homme charmant, très responsable. 

- Oh madame, toutes mes excuses. On dit bien des choses dans ce village à propos des gens de la colline. Toutes ces jeunes femmes dotées de magie réunies au dessus de nous, ça donne à parler.

- La peur de l'inconnue est compréhensible, mais apprenez à tenir votre langue. Bien que, pour les affaires, je veux bien que vous parliez de la fois où un soldat de l'armée du roi a dormi chez vous. Ainsi que la grande protectrice de la forêt maudite.

- Merci madame. Les chambres seront à la hauteur de votre grandeur, je vous l'dit. Ho non, c'est gratuit pour cette nuit madame. Pour ce que vous faites là haut. 

- Je vous remercie mon brave ami. J'aurai également besoin d'eau et de nourriture pour nos chevaux.

- Comptez sur moi, madame. Vos chevaux seront bien traités ! Elfud, Garalad ! Un soldat attend devant avec deux chevaux ! Traitez les bien !"


Sélène, ravie, se fait rapidement rejoindre par Darius. Dans l'incompréhension la plus totale, il lui jette un regard empli de questionnement auquel Sélène répond simplement par un petit sourire en coin. Rapidement, les visiteurs de l'auberge viennent le saluer, poussant Sélène pour approcher de plus près le soldat. Ce geste agace la sorcière, qui se précipite vers l'aubergiste pour lui demander froidement de l'amener à sa chambre. Sélène dépose ses affaires et s'allonge sur son lit. La nuit est tombée lorsqu'elle entend les pas de Darius dans l'escaliers. L'homme ne met pas longtemps à se trouver devant la seconde porte de sa chambre, le visage épuisé. Pour la nuit, l'aubergiste leur a laissé deux chambres communicantes. Darius s'accoude contre l'encadrement de la porte, les bras croisés contre son torse. Sélène remarque qu'il a détaché ses cheveux, cela lui donne un air moins naïf. Sa chemise en lin est déboutonné, son armure est posée sur un coffre près du lit et quelques mèches de ses cheveux viennent obscurcir son regard. Sélène ne scille pas lorsque ses yeux châtaigne viennent rencontrer les siens. Son regard trahit sa colère, Darius se redresse légèrement, la tête haute en direction de la femme allongée sur son lit.

La prophétie des sorcièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant