Chapitre 5

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Darius n'a pas récité le sort de protection hier soir, de ce fait, le cercle de sel noir qu'il a formé n'a eu que très peu d'effet sur les créatures de la forêt de Kela. Sélène s'en rend rapidement compte. Son réveil n'est pas des plus agréable, il est même baveux et rêche. La sorcière se fait réveiller par un Halla, un cerf aux bois faits de celui de la forêt, entortillés entre eux et aux nombres de quatre au lieu de deux. Une créature plus grande que le cerf animal, au pelage gris. Ce dernier lui lèche la joue, dans l'attente de son réveil. Ces créatures sont annonciatrices de grand changement. Il est rare, même pour une sorcière verte, d'en voir un. La sorcière ouvre les yeux, tend sa main et, après acceptation du Halla, lui caresse le museau. Des yeux de Darius, émergeant de son sommeil, cela n'est rien de plus que le signe que Sélène a le don de dompter les créatures. Pour la sorcière, cela est un honneur, la signification que la forêt l'accepte et lui permet de la traverser sans crainte. Le Halla croise les yeux de Darius et recule lentement, sans le lâcher des yeux.


"- La forêt ne vous accepte pas. Bien que vous ayez tiré pour nous sauver, elle prend cela comme une trahison. La non acceptation de ses créatures en son sein, ce qui signifie la non acceptation de la votre. Par chance, cette forêt m'offre sa protection, la votre par extension. 

- Quel honneur.

- Vous pouvez et devez être honoré. Une forêt n'offre pas sa protection au premier venu. Elle comprend que nous ayons eu à ouvrir le feu mais ne peut, par principe, l'accepter. De ce fait, elle nous laissera passer une fois. Nous devrons ainsi la contourner lors de notre retour, et perdre six jours de marche, au risque de perdre la vie ou d'être en danger la fois suivante. 

- Je comprends. Nous passerons par les plaines de Ëthae à notre retour et contournerons par l'Ouest, ce qui est plus sûr que par les montagnes, à l'Est. 

- Je suis d'accord."


Sélène tente de se lever mais se fait restreinte dans ses mouvements par des détritus. Elle regarde autour d'eux. Darius suit son regard, les sourcils froncés.


"- Je n'ai pas eu le temps de tracer un autre cercle. Mon corps a atteint ses limites avant.

- Je suis pourtant certain de l'avoir tracé avant de me coucher.

- Votre magie est faible, les gnomes ont facilement pu passer votre protection. Nous n'avons plus de vivres. Par chance, j'ai dormis avec ma sacoche et toutes mes affaires sont encore à l'intérieur.

- Bien que vous soyez puissante, je doute que vous puissiez nous rassasier jusqu'à la sortie de cette forêt. 

- Moi, non. Mais la forêt, même en hiver, a de quoi satisfaire nos appétits.

- Aucun fruit ne pousse en hiver, encore moins avec ce froid.

- Les baies givrées, si. Le juniperus communis par exemple, rosa canina ou encore le pommetier. Nous trouverons certainement ces baies sur notre chemin. Et j'ai encore de quoi préparer du thé.

- Bien, lorsque les chevaux seront réveillés, nous partirons.

- Je crains que cela ne dure encore quelques heures. J'ai, par inadvertance, utilisé un peu trop d'herbes.

- Par inadvertance, êtes vous certaine ?"


Sélène ne répond rien et commence à ramasser, en utilisant sa magie, les déchets pour les remettre dans le sac de provision. Les gnomes ne sont pas attirés par l'or, de ce fait, il leur reste encore quelques pièces pour acheter de quoi les nourrir jusqu'à la frontière de Qodora. La sorcière farfouille dans son sac et en sort quelques herbes. Elle concocte alors une potion a l'odeur si forte que les chevaux ne mettent pas longtemps à se réveiller. Après s'être assuré que leurs chevaux n'aient aucun effet secondaire à ce long sommeil, Sélène remonte en selle.

La prophétie des sorcièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant