chap 1: N.Y

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La droite,
Ensuite, la gauche. Puis, un pied avant l'autre, ainsi de suite et les marchent se succèdent sous les pas bruyants de mes escarpins.

Cette nuit est vierge de voie lactée, tout à l'image du vent glacial qui me fouette le visage.

Tout comme j'ai fouetté mes victimes.

- Bienvenue à New-York, mademoiselle.

La résonance graveleuse de son accent anglais m'accueille dès lors que mes semelles entrent en contact avec le béton.

Elle aussi elle est noir, cette voix, elle transpire la cruauté à même la fraîcheur. Elle givre de peur comme le corps robuste de son porteur.

Je ne parle pas, mon regard s'attarde encore moins sur lui. Il n'en vaut aucunement la peine. Pas lorsqu'il est subalterne du diable.

Certainement est-ce mal poli, mais les règles de bienséance et la diplomatie ont tari dès lors que ce Jet a atterri. Jetée à la rue, je ne peux que manger car être victime ne fait point partie de mes projets.

Alors, j'écraserai.

Que ce soit ces masses corporelles, ces véhicules sombres, cette l'une, ce ciel, ce vent ou encore cet air, rien échappera à mon doigté maléfique.

Je ne suis d'ailleurs pas la seule à le comprendre puisque l'homme de mains, accompagné de ses acolites se contente maintenant de former autour de moi, une cage, leur carrure m'emprisonnant soudain. C'est-à-dire, deux à l'avant, deux à l'arrière et mon corps au milieu.

Une escorte digne de la garde royale.

En voilà une drôle de biquette.

Une princesse esclave,
Une princesse sanguine,
Une princesse rebelle,
Une princesse criminelle,
Une princesse victime de 51 territoires,
Est-ce là une princesse ?

Qu'importe.
La demoiselle est escortée dans un véhicule dont elle ne prête pas attention à la marque pour par la suite, être conduite au palais du roi.

Quel bon roi même ?

Ce criminel de haute gamme ? Ce piètre dirigeant ? Cet être macabre qui me sert malheureusement de géniteur ?

Ô mère nature, que tu es mauvaise.

C'est logique que je le haïsse et l'admire,
Que je l'eut aimé comme je le déteste.
Que je le déteste à la même cadence que son mépris.
Que l'anéantisse comme il nous a détruites.

Pourquoi pas plus.

En seulement quelques minutes, l'antre du diable se dresse dans ma ligne de mire. Le palais ensorcelé ouvre ses portes quand l'enfer est prêt à m'accueillir. Alors je ne peux faire autrement que d'y pénétrer.

Enfer d'autrefois.

Tout en traversant le seuil, je m'élance derechef dans un cauchemar.
Et bon sang, cela est d'une douleur, d'une telle tuerie que j'en ai le souffle rompu. Comment un démon peut-il se faire passer pour l'ange ? Mieux, comment une déesse peut-elle être accrochée au bras d'un être si ignominieux ?

Sous la lumière tamisée des bougies disposées de part et d'autres des trois escaliers, le doux parfum des roses éparpillés un peu partout sur le sol, le silence de cimetière interrompu par le bruit de leur pas ; le couple avance, en effet, avec grâce et puissance.

Cette femme à la peau caféine a les  cheveux ébènes tirés dans un implacable chignon. Yeux argentés et lèvres bronzées, elle est d'une beauté avec ses formes gracieuse sublimées par le tissu blanc de son tailleur. Il s'agit là d'une déité à la fin de la trentaine, qui est... non, qui fut autrefois ma mère.
Celle-là même m'observe avec nostalgie, tendresse, bienveillance, et surtout, amour tout en me souriant de façon rayonnante. Il est éclatant si bien qu'il ferait  fondre n'importe qui , ce sourire là, même le diable qui se trouve à ses côtés. Lui, quant à lui, étire un sourire en coin qui sublime de plus belle ses lèvres rosées. Sa peau laiteuse est mise en valeur par la lumière extravagante des lustres de cristal qui décorent le plafond blanc, tout comme ses yeux bridés et marrons. Ce serait mentir de dire que sa taille qui me surplombe n'impose pas le respect.

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