Chap10 : Urpha

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Jadis, je fus indépendante,
Luttai dans mon fort intérieur,
Pour éviter toute mésentente,
Et jamais n'être inférieur.

Maintenant, je suis inféodée,
Abdique face à mes tourments,
Pour parer l'enchevêtrement,
Lors même que, je suis réduite
A la subalternité.

- Ce séjour à Tokyo t'as rendu plus insolente à ce que je vois ! Me hurla père en tapant du poing sur la table.

Une ? deux ? Dix ? Vingt minutes ? Une heure ? Je ne sais plus.
Le message m'avait propulsé à des années lumières de la réalité. J'entendais père vorciférer mais, je ne le voyais tellement pas. Mes neurones avaient trouvé une autre occupation plutôt que de se concentrer sur l'être abject qui me brisait les tympans avec ses cris aiguës.

Pour qui me prennent-ils au juste ?

- Désolée père, je n'étais pas concentrée. Finis-je par articuler distraitement.

- Eh bien reprends toi ! Tu n'as pas intérêt à faire foirer la mission de ce soir ! Me gronde-t-il.

Je mord ma lèvre inférieure pour m'empêcher de dire des grossièretés et, soupire à la place.

- Pourquoi vouliez-vous me voir ? Demandai-je, pressée de m'échapper du maléfice qu'il incarnait pour moi à ce jour.

Il me fusille du regard en lâchant un juron.

- Tu te fou de moi ?! Ça fait trente putain de minutes que je te parle et tu ne vas tout de même pas me dire que tu n'as rien écouté ?! Vorcifère-t-il en serrant les poings.

J'ai donc passé tout ce temps là alors qu'elles m'attendent à l'aéroport. En plus de m'emprisonner, il va aussi compromettre mes plans ?
Qu'il m'achève qu'on en finisse.

- Alors, je ne vous le dis pas.

Il se lève d'un bond et contourne son bureau pour s'approcher dangereusement de moi. Ses yeux sont redevenus deux fentes. Les mêmes qu'il a sept ans. Et elles reproduisent exactement le même effet sur moi. Hier, j'ai su le confronter mais, aujourd'hui, je ne peux pas. Je suis affaiblie. J'ai besoin de lui. C'est lui ma force. C'était lui qui pouvait me libérer de son emprise aujourd'hui. C'était lui qui pouvait me délivrer et c'est aussi lui qui me rendrait soumise par son absence.
Il me manque terriblement, affreusement. Je veux qu'on me le rende...

Père me saisit brutalement par le cou et me soulève de ma chaise. Je ne me débats même pas, je n'essayerai pas non plus. Il le sait, il est conscient qu'aujourd'hui, il a tout les pouvoirs sur moi. Il sait que je ne pourrais pas m'opposer à lui parce que je suis rongée par la culpabilité.
Il me demanderait ma vie que je la lui donnerai sans pioncer.

- Tout ce qui se passe aujourd'hui est de ta faute ! Si tu n'étais pas née, rien de tout cela ne serait arrivé ! Il serait encore là et nous vivrions en paix ! Mais, la petite idiote que t'es à tout gâché et elle va réparer ses erreurs. Tu sais pourquoi !?

Son emprise sur ma chair se fait plus hardante au fur et à mesure qu'il parle. Il m'étouffe, me prive d'air mais il s'en fout. Parce que, je ne vais pas tenter de me libérer de sa prise, je n'allais pas crever pour si peu. Il m'avait bien formé. Il m'avait appris à retenir mon souffle pendant au moins quatre minutes. Je n'avais pas vraiment d'autres choix que d'y parvenir quand je me retrouvais la tête plongée dans une bassine pleine d'eau fraîche ou mon corps dans un aquarium de taille humaine ou encore lorsqu'il m'enfermait dans une pièce contenant des gaz toxiques. Aucun autre choix ne se présentait à moi que de faire celui de m'accrocher.

Et aujourd'hui, il semble tirer un réel plaisir de ma réussite car, il peut me brutaliser comme il le voudra que je ne mourrais pas. Je ne crierai pas. Parce que mon corps est tellement habitué à la douleur qu'il l'a transformé en plaisir, en excitation. Cependant, là, tout de suite, cette douleur-là n'a rien d'excitante parce qu'aujourd'hui, c'est mon anniversaire. Le 22 Mars représente notre naissance. Cette date me rappelle ce que j'ai perdu à jamais. Elle me rappelle lui.

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