Chap 23 : Traquenard

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- Cela va faire cinq. CINQ PUTAIN DE jours que tu es là bas ! Et tu ne m'as encore rien rapporté ! Me blâme père.

Tout en croquant dans ma pomme, je prends soin de le laisser mariner dans sa colère. Puis tout en machant lentement, ma réponse s'échappe.

- Baissez d'un ton, je vous prie. Ensuite, nous pourrons discuter comme des personnes civilisées.

Son souffle excédé me parvient depuis l'interphone ce qui ne manque pas de me satisfaire. L'agacer devient presqu'un passe-temps.

Comme c'est apaisant de jouer avec un futur cadavre.

- Plus le temps passe, plus je regrette d'avoir écouter ta mère... Souffle-t-il.

M'envoyer à Tokyo a effectivement été sa plus bête et grosse erreur mais également la meilleure décision que mère ait prise. Par la faute du Big Boss, j'ai été formé. Je me suis forgée. La souffrance a eu raison de moi. La douleur a su englober ma douceur tout en me procurant du plaisir. Mon isolement a eu le privilège d'être au centre de ma métamorphose. Et ma formation, celle-là, elle a su faire de moi, un adversaire redoutable.

- Il est un peu trop tard pour les lamentations. Épargnez moi donc.

- Tu as oublié que tu t'adresses à ton père, jeune fille. Ton...

- Insolence est inouïe. Je sais. Le coupais-je tout en complétant. Ah ! Et vous n'êtes pas mon père. Géniteur serait plus approprié. Et puis, évitez de m'appeler si votre but est de me faire un cours d'éducation. Tâche à laquelle vous échouez lamentablement d'ailleurs.

- Sale merde ! Pour qui te prends-tu ?! Je t'interdis de me parler sur ce ton ! Où sont donc passé tes bonnes manières !?

- Oh père, vous êtes d'une vulgarité... Dramatisais-je, une main sur le cœur.

- Tu as de la chance que j'ai encore besoin de toi sinon je t'aurais coupé ta langue de vipère.

Sale vipère !

Regardez-moi sa langue !

Vous avez vu !

On dirait une sorcière !

Elle va nous jetter un sort !

Ahah !

Cela suffit !

Serrant les points, la pomme dans ma paume est réduite en bouillie tandis que mon regard se suspend dans le vide, droit devant moi.

- Justement, sans moi vous n'êtes rien. Je vous conseillerais de descendre de quelques étages. Mon insolence est certes inouïe mais votre lâcheté est réverbérante.

- Merde où as-tu laissé tes manières de la cours ?!

- A la cours bien évidemment. Ici, c'est la mafia, le monde des barbares alors je vous prie de bien vouloir cesser de m'amadouer avec les principes impériaux . Aussi, veuillez me divulguer la véritable nature de votre appel que je vaque à mes occupations. Voyez-vous je n'ai pas pour habitude de procrastiner.

J'imagine mon interlocuteur serrer les points, tremblant de colère. Et bon sang que c'est satisfaisant.

- Est-ce que tu as réussi à avoir ce putain d'accord ?! Vorcifère-t-il.

- Si vous faites référence au fameux traité de paix, je dirais que oui, je l'ai eu en effet.

- Et pourquoi tu ne m'as rien dit ?!

- Parce que j'ai eu besoin de temps. Vous l'avez vous même spécifié, le parti de gauche n'est pas docile en affaire.

Bien vrai que ce n'est qu'au troisième jour de ma venue à N.Y que j'ai eu à... m'entretenir avec Zaïm, j'avoue avoir pris mon temps. Cela fera maintenant cinq jours que j'ai quitté Vegas donc deux jours que j'ai obtenu ce pacte.

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