Chap 14 : Purgatoire.

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Caressant sa belle peau, je tente d'établir une série d'inspiration concordante avec la sienne. Il adapte son rythme cardiaque au mien comme il sait si bien le faire. Il longe le haut de mon corps pour s'agripper à mon bras. Je le rapproche de moi en essayant de retenir la vague de colère qui menacent de tout terrasser. J'inspirais et expirait difficilement mais sans faire de bruit. Je ne voulais pas alerter l'homme à mes côtés. Je voulais m'éloigner de lui. Alors que je savais. Que c'était lui. Que c'est grâce à lui si je suis toujours debout. C'est parce qu'il est là que je respire sans m'intoxiquer.

- Doucement. Fit sa voix, cette fois neutre, sans me regarder.

Il faisait noir. Des plaintes s'échappaient des convives mécontents du changement brusque d'atmosphère. Pourtant, malgré ce chahut, je n'entendais maintenant, plus que sa voix. Elle ne cessait de riquocher avec toutes mes fibres cérébrales. Ces dernières maîtrisaient mon système nerveux. Les pulsations de son organe vital que je savais calme, accrochaient les miennes sans mon autorisation. Je refusais de le laisser me maîtriser. Je refuse qu'il m'apaise. Surtout en ce moment. Car j'avais besoin de hargne. Pour flamboyer. Pour faire fondre cette salle. Pour récupérer ma sœur. Je devais libérer la sauvage métamorphosée qui sommeillait en moi.

Mais il me l'interdisait. Alors qu'il ne bouge même pas. Il ne m'observe même pas. Il suffisait qu'il dise pour que je suive. Ce n'était pas par choix. J'avais beau faire ce que je voulais pour lui résister, je n'y arrivais pas. C'était trop puissant. Son aura a totalement recouverte la mienne. Au moindre faux pas, je me ferais fouetter par ses fils électriques gravitationnelles. Alors, mon corps était figé. Mes yeux étaient comme gelés. Alors qu'il y avait une eau coléreuse qui y résidait. Mais ils demeuraint froids. Parce qu'il m'avait enchaîné. C'est sa puissance. C'est lui. C'est juste automatique.

- Saki o sagase. Sursurai-je à mon animal sans quitter la scène du regard.

Je voyais ma sœur tiquer. J'avais l'impression qu'elle ne respirait plus. Malgré l'obscurité, mes yeux voyaient. Bien. Beaucoup trop bien. Tellement que j'aperçois ses lèvres trembler. Par mécanisme, les miennes aussi se mettent à verdoyer. Et ce mouvement. Le frottement de mes lèvres avait fait bouger Urpha qui disparaît aussitôt dans la foule. Son départ avait été le point de non retour pour moi. J'étais maintenant seule face à ma mission. J'étais confrontée à la souffrance de ma sœur que j'aspirais comme une odeur noséabonde. Et j'allais me laisser intoxiquer. Pour éviter le purgatoire que représente son oxygène.

- Trois. Commence Lucie.

Boum, boum.

- Deux. Poursuit Saki.

Boum,boum.

- Un. Termine Mira.

Boum, boum.

- Hi. Sellai-je.

BOUM.

Aussitôt, mes pieds écrasent le sol et je me dirige en courant vers 'Lya dont le corps bascule en arrière. D'inombrables cris de frayeur et de panique s'élèvent dans la pièce. Ils comblaient le silence paisant de la salle. Et moi aussi je comblait quelque chose. L'altitude. Tout comme ces voix se sont élevées, moi, je me suis sentie soulever par la taille et être posée sur une roche musculaire. J'avais à peine le temps de me plaindre que je me retrouvais déjà devant la porte d'entrée avec les vêtements couvert de sang.

- Ohimesama, elle va exploser dans moins de deux minutes. Dit Saki.

Mais sa voix n'avait aucun son dans la dimension parallèle où j'avais plongé. J'immergeais dans le passé. Une minute plutôt. Quand j'étais encore en contact avec la terre ferme. Quand j'avais actionné mes pieds pour récupérer ma sœur. Et je me rejouais la scène. Je tente de me remémorer comment je me retrouve sur son épaule dans le fin fond du jardin qui conduisait à une forêt. Je ne voyais même pas le paysage défiler. Pas que je ne voulais pas, que je ne pouvais pas, mais c'était impossible. Car il n'y avait rien à voir. Comme il y a une minute.

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