Chap 4 : Douleur et joie

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Je me souviens qu'il fut un temps où  mes genoux étaient ce repaire de quiétude qui lui offrait plénitude à chaque fois qu'un mal l'assallait. A cette époque-là, cette petite fille n'atteignait même pas le mètre 50. Il y a 7 ans je lui ai bel et bien fait des promesses. Promesses que je ne sus, d'ailleurs, tenir.

Aujourd'hui, je remarque que mon diamant qui autrefois étincelait n'a plus d'éclat. Du moins, il s'est amoindri.

Si mes calculs sont exacts, et ils le sont, l'adolescente de 18 ans qui se dressait à quelques mètres de ma personne ne ressemble en rien à la 'Lya que j'ai laissé derrière moi. Pour l'heure, tout ce qui est perceptible est une jeune femme hardi qui m'a dans sa ligne de mire.

Est-ce bien toi, daiyamando ?

- Ah ! Myxi te revoilà enfin, la fête peut commencer maintenant.

Bien-sûr, il a fallu que le sarcasme de cet énergumène viennent bouleverser l'ordre turbulent de nos retrouvailles silencieuses. Cependant aucune de nous n'est enclin à ne serait-ce que pousser un son en dehors de sa gorge. Les yeux ancrés dans ceux de l'autre, nous prenons le temps de savourer nos battements cardiaques qui s'harmonisent, nos flux sanguins qui se concordent bien que le sang se mettent à circuler avec plus de vivacité dans ce qui nous sert de pilier.

C'est ainsi. Je la ressens tout comme elle m'a en elle.

Certainement ressent-elle la douleur qui me lacère, la peine qui m'enlisse, la rage qui m'éveille. Assurément, je goûte à la joie qui la traverse, à la nostalgie qui l'ensevelie, à la mélancolie qui la rend amer.

Je crois bien que je, plutôt que nous, venons de réaliser un exploit. Celui de retenir son souffle pendant au moins cinq minutes. Trois cent secondes à s'étudier sans aspirer la moindre air. Jusqu'à ce que sa voix cristalline ne fasse voler en éclat ce silence pesant.

- Pose ce couteau, tout de suite.

La sécheresse que reflète son timbre a le même effet qu'un poignard qui transperce la poitrine. Et oui, il était rêche tel la flèche d'une arbalète. Car elle avait pris son parti.

Ma 'Lya est entrain de défendre notre bourreau.
Daiyamando n'est plus.

Dès lors qu'elle devient un bouclier pour lui, ma sœur s'oppose à moi.
Les yeux ne mentent pas. Surtout pas ceux de ma sœur. Et j'y vois l'ampleur de sa dévotion ou sa soumission.
'Lya donnerait sa vie pour son tortionnaire.

Là, je vois, je réalise et je comprends ce que l'on appelle emprise.

- Écoutes ta sœur, tu ne voudrais tout de même pas te battre contre elle, Zéphyr ?

Oh fermez là !

Sans doute j'aurais contré ainsi son ton narquois. Seulement, la supposition qu'il venait de faire m'a été d'une telle claque que les larmes ont failli assiéger mes orbes.

Comment pouvait-il ne serait-ce qu'imaginer que je puisse faire du mal à ma sœur ?
Était-il tombé si bas au point de monter ses propres enfants les uns contre les autres ?
Sa haine à notre égard est-elle d'une telle démesure ?

En l'occurrence, oui.

Au fait, c'est automatique chez moi. Très souvent je peut être comparer à une machine car j'ai des fonctions. Notamment celle qui s'intitule "dent pour dent, oeil pour oeil". A une exception près. Avec moi, tout est décuplé.

Une personne me hais ? C'est que je lui supposais déjà une haine plus grande. Qu'importe où j'irais la dénicher.
Une personne s'amuse à me faire du mal ? Sait-elle que je le lui rendrais au centuple ?

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