UNDER WEIRD PROTECTION

Chap 3 : 51

Telle sous l'emprise d'un sortilège, je me redresse en ouvrant brutalement les yeux. Ma bouche s'entrouvre à la quête d'une grande inspiration qui me fera sortir de cet état léthargique.

Mes iris vagabondent dans la pièce, l'explorant de long en large sans omettre le moindre détail. Je me rends compte que cette chambre n'a pas changé. La chambre qui fut témoin de mes pleurs et rires avec 'Lya.

'Lya...

Où est ma sœur ?

Rendez la moi. Rendez-moi ma sœur.

Je revois mes pieds me guider en dehors de cette demeure.

Pourquoi je m'éloigne ?

Je re-sens ces picotements dans mes yeux qui la quittent.

Pourquoi je ne la regarde pas ?

Je me vois l'abandonner.

Pourquoi je la quitte ?

- Elena ! Elena !

Des secousses se font ressentir sur mes épaules, cependant je ne bouge pas. Je ne vois pas, je n'entends pas, je ne parle pas.

L'état second ayant repris le dessus, inconsciemment je meurs et elle vie. Je souffre et elle en jouit. Je sombre et toutes deux s'illuminent. Dans la perdition, encore, elles triomphent.

- Emilya sera bientôt là ?

Sa voix a brisé ces chaînes qui m'emprisonnaient dans le subconscient. Donc maintenant, je vois et j'entends mère prononcer le nom de ma sœur.

- Quand ?

Elle a vivement tourné la tête dans ma direction et a raccroché. Car elle était en communication téléphonique.
Les yeux écarquillés, des larmes cascadent ses joues avant de se jeter sur mon corps. En dépit du sang coagulé qui tâche mes vêtements, son embrassade s'approfondit tandis que je demeure statique.

Je ne saurais dire pourquoi mon corps empeste le fer. Néanmoins, elle le sait.

J'ai tué.

Pourtant aucun souvenir ne m'en revient. Par contre, ce dont je me doute, c'est que ce fut magnifique à admirer.

- Que...

Le reste se meurt dans ma gorge quand l'on toque à la porte, faisant réagir ma génitrice.

- Monsieur, demande mademoiselle dans son bureau. Raisonne la voix d'un domestique derrière la porte.

Son argent a croisé mon feu comme pour m'insufler du courage. Sûrement continue-t-elle de voir en moi la petite gamine écervelée et fragile qui verdoyait dès lors que les orbes ténébreuses de son père se posèrent sur elle.

Une mise à jour est nécessaire.

Après qu'elle se soit détachée de moi, sans lui adresser un mot, mes pas me guident dans la salle de bain. Je ferme cette porte, me débarrasse des accessoires et vêtements qui devenaient inconfortables et rempli la baignoire.

La chaleur du liquide m'attire, je n'y résiste pas plus longtemps et y plongé car mon corps à froid, de peur, de blessures; mon âme est sale, pourrie, souillée par mes envies. Alors oui, j'en ai besoin, de cette eau.

Mais pourra-t-elle la laver ? Qu'est-ce qui pourrait bien la purifier ? Au même titre que l'eau qui absorbe la rougeur de mon épiderme, qu'est-ce qui serait purge à mon être ?

Absolument rien.

Une fois assainie, je me sens faussement pure.

Après tout, tu n'es qu'une usurpatrice.