Chapitre 9 : On n'échappe pas à son passé

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« Le plus difficile dans la vie, est de vivre sans mentir. »

- Dostoïevski

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Dazai traîna les pieds en soupirant. Bien qu'il n'avait pas ronchonné à suivre le roux, il regrettait presque. Enfin, c'était avant qu'il se remémore la scène où Chuuya l'avait surpris, hier soir, dans la salle de musique de la fac à jouer du piano et lui avait proposé de venir avec lui, voir son groupe de musiciens.


- T'étais pas obligé de venir, si t'avais pas envie Dazai.

- Enfin ! Ça serait mal me connaître ! Comment aurais-je pu refuser la proposition de l'amour de ma vie à venir avec lui. Ça aurait été du gâchis !

- N'importe quoi... Soupira le roux

- Ah bon ? Laisse moi te le prouver. Murmura Dazai d'une voix suave dans son oreille

Chuuya frissonna légèrement mais ignora le brun et sa veine tentative de séduction. Alors il repoussa légèrement le brun qui le collait et continua à marcher.

- Moooh, je peux même plus t'embêter... Commença Dazai en jouant avec les mèches du roux. C'est nuuuul !

- Arrête de faire le gamin. Soupira t-il

- Oui, maman Chuuya ! À vos ordres !

- ET ARRÊTE DE RICANER BÊTEMENT, ABRUTI DE MAQUEREAU !

Mais le pianiste se remit à rigoler de plus bel, sous le regard désespéré de son partenaire. Ils continuèrent à marcher jusqu'à que Chuuya s'arrête devant un grand bâtiment.

Celui-ci avait une façade grise et vieille. C'était sans doute les restes d'un immeuble. Les deux hommes s'avancèrent jusqu'à la porte et se glissèrent à l'intérieur de la bâtisse qui s'avère être des anciens locaux.

À l'intérieur, il faisait froid et l'ambiance n'était pas très familier ni même particulièrement joyeuse. Il émanait une sorte d'aura repoussante. Comme si l'air était toxique et embaumé de poison mortel qui pourrait vous faire vivre vos derniers instants à tout moment.

Dazai inspecta les lieux. Étrange, il avait l'impression d'être déjà venu ici. À peine eu t-il fait un pas de plus qui tomba au sol sous le regard amusé de son amant. Il leva les yeux au ciel, se redressa et frotta ses vêtements pour enlever la poussière.

C'est alors qui regarda par terre pour voir se qui l'avait fait tomber. Il s'accroupit et analysa l'objet. C'était une petite plaque en bois, sur celle-ci figurait plusieurs lettres donc plusieurs effacer ainsi que des petites taches de sang séché depuis bien longtemps.

Maf a Portu re

Dazai fronça les sourcils. Puis, il se retourna.

- Hé ! Chuuya ! Est-ce que par hasard...

- Oui, ce sont les anciens locaux de la pègre de l'époque. La mafia portuaire de Yokohama.

- Oh, je vois...

Alors qu'un petit silence commençait à s'installer. Chuuya tourna les talons et se dirigea vers le cœur du bâtiment. Dazai, le suit et ne peut s'empêcher d'admirer les lieux chargeaient d'histoire. Mais, il n'arrivait pas à se défaire de cette impression de déjà-vu.

Leurs pas résonnaient dans le couloir, celui-ci semblait interminable. Quand enfin, ils arrivèrent à la fin, ils débouchèrent sur un grand hall splendide bien que quelque peu désordonné par la végétation et les ruines du Grand Massacre.

Chuuya tourna soudainement sur le côté et entra dans une pièce à l'écart. Dans la salle, l'ambiance paraissaient différente du reste. Une petite scène de fortune avait été montée au centre, une enceinte posée dessus, ainsi qu'une guitare basse rouge et un violon.

- Un violon et une guitare ? Voilà bien deux instruments bien opposés.

- On fait avec les moyens du bord. Dit le roux en haussant les épaules. Mais j'aime beaucoup ma guitare, elle est vieille certes mais c'est un souvenir de Rimbaud, le mec à mon frère.

- Et à qui est le violon ?

- À Akutagawa, mais les autres ne sont pas encore arriv-

- On parle de moi à ce que je vois. Fit un homme en entrant dans la pièce.

L'homme en question, enfin plutôt le jeune homme. Il devait avoir environ 15 ou 16 ans, avec ses cheveux noirs à pointes blanches et ses yeux cernés. Il avait un air maladif. Mais quand son regard croisa celui de Dazai, quelque chose d'invisible sembla se déclencher.

- Ryunosuke...

- Osamu...

- Vous vous connaissez ? Demanda Chuuya perdu

Soudain la voix de Dazai se fit beaucoup plus froide et dure.

- Seulement un souvenir de mon passé.

- Je n'aurai pas dit mieux. Répliqua Akutagawa sur le même ton acerbe.

L'air devient électrique. Comme une bombe à retardement sur le point d'exploser. Les deux hommes se fixaient en silence. Lorsque la porte claqua et qu'une femme entra en trombe dans la pièce.

- Qu'est ce qui se passe ici ?

- Bas tiens Gin. Voilà longtemps... Commença Dazai d'un ton mi joyeux mi froid. Veux-tu bien expliquer nos différends à cette limace rousse, j'ai besoin de prendre l'air pour.. me calmer.

À ces mots, il quitte la pièce sans d'autres explications.

Réincarnation [Soukoku] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant