Chapitre 6 : Crime et Châtiment

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Si l'on regarde bien et que l'on prête attention aux détails. On peut voir sur le bureau de Osamu Dazai, une photo.
Cette photo est le souvenir d'une relation lointaine avec Fyodor Dostoïevski.

***

Marchant dans la nuit, seule la lumière des lampadaires éclairait ses pas. Autour de lui régnait un silence doux et mystérieux. La lune - accompagné de ses étoiles - brillait haut dans le ciel sombre.

Dazai passa sa clé dans la serrure et poussa la porte en râlant. À peine rentrée, il ne prit pas la peine de manger, de toute façon, il n'avait pas faim. Il était trop occupé par les événements de cette soirée.

Car oui, il avait avoué ses sentiments à l'homme qu'il aimait. Et cela s'était avoué réciproque. Quel bonheur de savoir que celui tu aimes, t'aime en retour. Des papillons dans le ventre et les joues rouges. Rien ne pourrait gâcher cet instant. Du moins, c'est ce qu'il croyait.

Il rentra dans sa chambre, déposa ses affaires et se dirigea vers son bureau. Le sourire aux lèvres, il s'assit sur sa chaise. Il divagua quelques instants dans son esprit.

Le bonheur est éphémère.

C'est alors qu'il posa les yeux sur la table de bureau face à lui et qu'un violent spasme le prit. À peine eu t-il posait les yeux dessus que des larmes s'échappèrent des ses yeux.

Une photo. Cette photo. Il la saisit en tremblant, ses bords jaunâtres qui lui rappelaient son ancienneté. Ses jambes le lâchent et il s'effondra au sol.

Et les sanglots arrivèrent. Soudain vient la peur suivi des tremblements. Quoi qu'il fasse, son passé le rattrapera toujours. La seule chose sur laquelle il pouvait compter était son amour pour Chuuya. Mais, Osamu Dazai n'a rien d'autre pour le consoler. Car il est seul.

« Parce que tout ce à quoi je tiens, je l'ai perdu. » Se répétait t-il

Il tremblait tellement que la photo, tomba au sol également. Sur celle-ci, figurait le brun mais plus rajeunît accompagné d'un homme. Ils étaient tous les deux devant un restaurant de Yokohama. Leurs noms étaient d'ailleurs notés juste en dessous de l'image, au stylo noir presque effacé, on lisait :

Osamu Dazai & Fyodor Dostoïevski.

- Je- je.. Commença-t-il alors que sa voix vaccillait

Et des souvenirs arrivaient en flot dans son esprit. Le jeune brun revoyait encore ces yeux améthystes et ce sourire manipulateur. Il avait l'impression d'être un pantin entre les mains de cet homme.

Ce soir-là, il s'était mordu les lèvres aussi fort que possible pour retenir ses sanglots. Il ne voulait pas qu'on l'entende. Il ne voulait pas donner raison à Dostoïevski.

Il avait peur. Il avait mal. Son ventre se tordait d'angoisse. Et les larmes continuaient à couler le long de ses joues. Il s'imaginait que l'autre devait rire en voyant Osamu dans cette situation. Il était simplement pathétique.

Alors dans un mouvement de rage absolu, il se releva difficilement mais sûrement. Saisit le briquet planquait dans son pot à crayons et l'alluma.

Une petite flamme se mit alors à luire, ses couleurs orangés étaient aussi magnifiques que destructrices. Osamu rapprocha la photo trempait par ses larmes et mit le feu.

D'abord une petite braise suivie d'une flamme. Elle consumait l'ignoble cliché photographique qui faisait tant souffrir le suicidaire. Et c'était mieux ainsi.

Puis, tout s'éteint et il ne resta qu'une poignée de cendre. Le brun ouvrit la fenêtre de sa chambre pour laisser passer l'air frais.

Pris d'un élan, il souffla sur le tas de cendres grises dans sa main qui s'envola dans la nuit et se dirigea vers l'immense lune dehors. Une lune violette comme les yeux de cet homme. Et cette nuit-là, Osamu aurait juré entendre le bruit d'un violoncelle dans le lointain.

Réincarnation [Soukoku] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant