Réincarnation [Soukoku]

Chapitre 10 : La vie d'un idiot

« Les étincelles déchiquetaient toujours la pluie. Il avait beau interroger la vie, rien ne lui faisait particulièrement envie. Mais ces étincelles violettes - ces étincelles extraordinaires qui fusaient dans l'espace - il aurait, fût-ce au prix de sa vie, voulu les saisir dans sa main. »

- La vie d'un idiot • Ryunosuke Akutagawa.

***

Un air froid traversa la pièce avec lenteur, à petit pas, embaumant l'atmosphère lourde qui commençait à pesait de plus en plus. Des bruits claqués dans le couloir du bâtiment, derrière eux et le son d'une porte que l'on ferme brusquement retentit à nouveau. Ainsi, Osamu quitte le bâtiment, en trombe, ne voulant pas affronter son passé. Le silence dura longtemps, s'allongeant toujours plus. Enfin, Ryunosuke prit le temps de s'asseoir, sur un tabouret qui trainait dans un coin. Il se racla doucement la gorge, afin de mieux raconter son récit. Après quelques instants, sa sœur, Gin, l'imita est s'assit sur la scène de fortune, suivi de près par Chuuya. Ainsi Ryunosuke commence à parler lentement en levant la tête vers Chuuya.

- Sache d'abord, que je ne raconte pas cela comme, ne serait-ce qu'un vulgaire souvenir.

Il posa quelques instants ses yeux cernés sur lui, sondant son ami musicien de l'âme au corps. L'autre ne détourna pas le visage et fit face aux paroles de l'homme aux cheveux noirs aux pointes blanches. Il acquise en silence, ainsi le garçon repris.

- Et si par mégarde, je change l'image que tu te fais de lui dans ta propre tête, dû à l'amour, alors à toi de m'arrêter avant que je ne franchisse cette ligne, c'est clair ?

L'homme aux cheveux roux répliqua seulement quelques maigres mots. Il serait maître de ses connaissances en acceptant d'en recevoir d'autres ou non, surtout en ce qui concerne son amant, qui avait lui, tant de honte à avoué ce qu'il s'était passé. Comprendrai-il ? Mais Chuuya était, en l'occurrence, certain d'une chose, si le passé du brun était baigné d'ombre, il l'aiderait à aller vers la lumière. Quelque chose l'y poussait, sans vraiment qu'il sache pourquoi. Il bougea légèrement sa chaise qui grinça, et inspira un bon coût, avant de prévenir l'autre homme qui était prêt.

Gin se contenta de les observer, elle resta muette, estimant qu'elle n'avait pas son rôle à jouer dans cette pièce de théâtre, puis replaça une mèche de ses cheveux noirs derrière son oreille. La jeune femme connaissait son frère mieux que n'importe qui, et elle ne prendrait pas le risque d'intervenir sur un pareil sujet. Car l'homme donc Ryunosuke allait parler, n'épargne personne. Absolument personne.

- Comme tu le souhaites, commençons. Souffla Ryunosuke.

*

Hors d'haleine, le petit garçon aux cheveux bicolores se recroquevilla dernière le rideau rouge. Il ne voulait pas respirer trop fort, il ne fallait pas qu'on l'entende. Nul bruit. Il tremblait, plaquant ses mains sur ses oreilles. Les mots se bousculent dans sa tête, se frappent, se tuent, et recommence, tout cela dans un profond silence. Des gouttes de sueur glissées sur son front, sa nuque alors que des pas qui se rapproche faisait grinçait le bois de la scène. Il étouffa un sanglot.

L'ombre menaçante avance vers lui, le rideau se plissa. Une grande main lui saisit le poignet pour le tirer avec force, alors qu'il tombait à genoux, terrorisé. Les gouttes d'eau salés perler sous ses yeux cernés de fatigue et d'effroi. Il tentant en vain de se débattre, de s'arracher à son agresseur, de reculer, de fuir.