Chapitre 5 : La lune est belle

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Voici une petite histoire : Le célèbre auteur japonais Soseki Natsume traduisait "I love you" par "Tsuuki ga kirei desu ne" qui signifie en français : "la lune est belle"

Pour ceux qui connaissent, au Japon dire : "La lune est belle n'est ce pas ?" est synonyme d'une déclaration d'amour. Et si la personne vous répond "elle l'a toujours été" cela signifie que c'est réciproque.

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Assis sur une chaise, la tête entre les bras et litéralement affalé sur sa table. Dazai tentait désespérément de trouver une position confortable pour pouvoir taper sa meilleure sieste.

Car oui, c'était bientôt la fin de la journée et le brun s'ennuyait à mourir. Non pas que le cours de littérature qu'il suivait actuellement était ennuyeux, loin de là. En plus, leur professeur, Monsieur Poe était quelqu'un de très aimable et les élèves aimaient beaucoup son raton laveur, Karl, qu'il trimballait partout avec lui. Non, c'est juste que...

- Pstt, la momie ! T'endors pas !

- Hein ? Qu'est ce que..

Dazai équarquilla les yeux, un mal de crâne assourdissant arriva d'un coup dans sa tête. Des images plus ou moins floues se bousculaient dans son esprit, comme un flashback, un souvenir. Un souvenir d'une autre vie ?

L'étrange vision de Dazai se mélangea à son regard et il vit une scène qui ne le laissa pas indifférent. Et son ennuit disparu aussitôt pour laisser la place à son questionnement.

Chuuya. C'était Chuuya qu'il voyait. Mais il semblait légèrement... différent. Il avait les traits plus tirés, un regard plus sombre et des habits d'un style assez particulier comme un chapeau étrange, des gants en cuir noir, un long manteau noir et toujours son inséparable ras de cou. Ce Chuuya là semblait également plus âgé et plus mature mais sans doute toujours aussi colérique.

Mais, le plus troublant dans ce récit, c'est que le brun avait l'impression de l'avoir déjà rencontrés, d'avoir déjà vécu une autre vie à ses côtés. D'avoir partagé son quotidien, pas toujours très joyeux. D'avoir été un.. ami ? Un partenaire ? Peut être même un amant..

Il secoua fortement la tête. Non ! C'était n'importe quoi, il déliré complètement. C'était sans doute le manque de sommeil, oui c'était certainement ça, il n'avait pas beaucoup dormi ses derniers jours, ça devait sans doute être ça !

- Dazai ? Et oh ! ET OH LA MOMIE JE TE PARLE ! Déclara Chuuya qui se sentait ignoré

- Je- j'étais simplement dans mes pensées... Tu t'inquiètes pour moi, ma limace ? Demanda Dazai avec un air charmeur

- N'IMPORTE QUOI ! Qu'est que tu baves encore comme connerie ! Répliqua le roux alors que ses joues viraient au rouge.

Le brun lâcha un petit ricanement. Car, en effet, Chuuya n'assumera jamais le fait qu'il s'inquiéter pour Dazai. Et heureusement pour lui, la sonnerie retentit à ce moment précis. Il rangea donc rapidement ses affaires et sortit de la salle presque en courant. Enfin, l'autre le rattrapa sans mal.

- T'es plutôt rapide pour une limace. C'est surprenant... Déclara Dazai d'un ton enthousiaste

- Tais toi stupide maquereau puant !

Ils sortirent alors du couloir et se retrouvèrent dans la fameuse cour d'entrée. Elle était toujours aussi vide et monotone. Mais à cet instant précis, avec le vent frais, le ciel sombre et la lumière des lampadaires, cet endroit lui parrut presque chaleureux.

Le roux inspira un grand coup et ferma les yeux pour profiter du moment, cela aurait pu durer pour l'éternité. À côté de lui, le brun l'observer. Détaillant chaque parti de son visage : ses cheveux roux, sa bouche légèrement rosé..

- Dit Chuuya, tu veux bien rentrer avec moi ?

- Comme toujours abrutis ! Pourquoi tu me demandes encore ?

- Je sais pas vraiment, je voulais juste m'en assurer, c'est tout... Souffla Dazai

Alors, ils commencèrent à marcher dans le silence. Non pas l'un de ses silences pensants et gênants. Non, c'était un silence de calme et de sérénité. Et bientôt, ils furent accompagnés par le souffle du vent dans leurs cheveux.

Ils se laissèrent voyager dans leurs pensées. L'un regardait le ciel, l'autre regardait son ami. Enfin, il fixait surtout ses yeux océans et parfois, son regard dériva sur ses petites lèvres.

Le brun ne savait pas pourquoi. Mais, il était attiré par une force inconnue. Son cœur se réchauffait à chaque pas, chaque paroles échangeaient, chaque taquineries. Tout ces petits éléments qui illuminait son quotidien si sombre. C'est comme si la main de celui qu'il aimait, se tendait devant lui pour l'aider à surmonter ses peurs.

Des jolies papillons semblaient voler dans le ventre du brun. Et ses joues se tintèrent de rouge. Il détourna aussi le regard et secoua la tête. Qu'est ce qu'il lui prenait ? Il était malade où quoi ? Oui effectivement, Osamu était malade. Il était atteint de la maladie qu'on appelle : amour.

Le roux qui sentit un regard sur lui, tourna la tête sur son compagnon. Il le vit, jouant avec ses mèches brunes et les joues un peu rosés qu'il essayait de cacher. Le roux soupira et reporta a nouveau son attention sur le ciel nocturne. L'artiste couvert de bandage prit alors une grande inspiration et déclara en souriant :

- Dit Chuuya.. la lune est belle n'est ce pas ?

C'est au tour du musicien roux d'équarquillaient les yeux. Il sentit le rouge lui montait aux joues. Son cœur s'embrasa d'un feu aussi doux que destructeur et un sentiment étrange l'envahit. Un peu comme... comme si une flèche avait atterri sur son cœur.

Il fixa Dazai pour trouver une quelconque trace de moquerie dans son regard. Mais rien. Il était sincère. Aussi sincère qu'il était un homme amoureux. Un homme amoureux d'un autre. D'ailleurs, il se fichait bien m'aimait un garçon au lieu d'une fille et il trouvait ça parfaitement normal. Parce que c'était le cas.

Convaincu, Chuuya se mit sur la pointe des pieds et vient embarrassé son partenaire sous les rayons de la lune bleue derrière eux. Scellant la promesse invisible de leur amour. Puis, ils se détachèrent l'un de l'autre. Et le roux répondit :

- Elle l'a toujours été, imbécile d'Osamu !

Puis, il s'arrêta et repris :

- D'ailleurs, on est arrivé devant chez toi. Je vais rentrer, à demain.

- À demain, mon Chuuya. Dit Dazai en faisant un signe de main.

Le roux soupira, détourna le dos et disparut dans les ténèbres. Le brun ne pouvait pas savoir que Chuuya souriait malgré lui. Son esprit allégé par cette déclaration et son amour réciproque.

C'est donc le début d'un rêve. Mais, n'oubliez pas, chaque rêve à sa part de cauchemars.

Réincarnation [Soukoku] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant