Chapitre 1

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1000 ans plus tôt

— Debout espèce de feignant !

Le réveil fut rude. À la seconde où son père avait donné un coup de pied dans le lit, Zorann avait regretté son coucher tardif de la veille.

Il se frotta le visage pour chasser la fatigue. Son lit de pailles avait été incroyablement confortable cette nuit. La porte de sa vieille maison se referma avec fracas tandis que l'odeur de l'alcool flottait dans l'air. Son père avait encore abusé de la boisson tôt ce matin.

Le nouveau tintement de cloche sonna et Zorann compris immédiatement ce qu'il signalait. C'était aujourd'hui. Il avait travaillé tellement tard hier, qu'il en avait oublié le jour le plus important de toute sa vie. Celui qui allait changer à jamais son destin.

Il sauta de son lit et prit sa tunique noire des grandes occasions, celle qui avait le moins de trou. Son pantalon était encore sali de terre, mais il n'avait pas le temps de le nettoyer. Il noua sa cape sur ses épaules et quitta sa maison de fortune.

Le village d'Alancia n'avait jamais été aussi animé qu'aujourd'hui. Les enfants courraient dans les ruelles comme à leurs habitudes alors que les passants semblaient toujours plus nombreux. Tout comme lui, les jeunes de son âge étaient habillés plus élégamment que de coutume. Les parents semblaient heureux et enjoués. C'était une première dans l'histoire d'Alancia, un événement unique que tout le monde attendait depuis son annonce.

— Ou tu crois aller comme ça ?

Comme l'avait prédit Zorann, son père était adossé contre le mur de la cabane, une bouteille à la main. Les sourcils du jeune homme se froncèrent.

— C'est le jour de la révélation.

Un rire moqueur s'empara de son père. Il but un gorgé de sa boisson et le pointa du doigt.

— Parce que tu crois que ton sang de bâtard te permettra d'obtenir quoi que ce soit ?

Zorann avait l'habitude des insultes, des moqueries ou des reproches venant de son père. Durant des années, sa magie le picotait les doigts au point de songer à l'utiliser sur lui. À qui ce vieil ivrogne manquerait ? Probablement à personne. Pourtant, il n'avait jamais osé utiliser son don maudit sur lui. Que dirait sa mère, si elle était encore en vie ? Comment ferait-il pour vivre ?

— Peu importe, tous les jeunes de mon âge doivent aller à l'académie.

— Oh, mais tu vas y aller, dit-il en se penchant pour récupérer un sac en toile de jute remplit avant de lui jeter aux pieds. Tu as des livraisons de pommes de terre à faire toute la journée dont une à faire dans une heure pour l'académie.

Zorann fixa les quelques pommes de terre qui avaient roulé hors du sac. Dans sa tête, il traitait son père de tous les noms. Cet enfoiré avait calculé son coup.

— Le test, c'est pour les personnes exceptionnelles et toi, tu n'es rien. Apprend à rester à ta place de bâtard. Le chariot est prêt, maintenant bouge-toi et va faire tes livraisons ou tu n'auras même pas la moitié des sous que ça rapportera, ordonna-t-il.

Le picotement dans ses doigts s'intensifia, alors que Zorann prit le sac à contre-cœur, pour le déposer dans le chariot.

Les livraisons n'étaient pas très loin de chez lui, mais elles étaient nombreuses. L'académie était prioritaire, c'est pourquoi il attendait derrière les autres commerçants. Il était arrivé en retard se retrouvant à la fin de la file. À sa gauche, des centaines de personnes attendaient d'entrer dans l'académie. Son seul souhait était de lâcher son chariot et de courir jusqu'à l'attroupement.

Alancia Tome 2 : L'origine du chaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant