Seconde vie

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Coucou les loulous,

Ce chapitre contient des pensées noirs et pas mal de détails sur la mort/suicide. Ne vous sentez pas obliger de lire, prenez soin de vous AVANT TOUT

Sidjil
10 Juillet 2024
00:02

   Est-ce un bon jour pour mourir ?
    Chaque jour, je m'imagine, me vider de mon sang, m'asphyxier, sauter dans le vide, m'écraser contre le béton, me pendre, me noyer, me trancher la gorge, m'assassiner, en bref.

« tu m'écoutes Sid? » me demande la brunette me sortant de mes pensées morbides. Non, je ne l'écoute clairement pas.

Je lève les yeux vers Léna, elle hausse ses sourcils l'air hautaine. Et merde, elle va encore m'engueuler.

« Oui » dis-je avec un sourire forcé.

    Alors qu'elle continue de parler, je fixe ses lèvres bougeaient sans parvenir à entendre ce qu'elle me dit.

     La vérité c'est qu'en ce moment, plus rien ne m'intéresse. Ça m'arrive par moment, ça fait 4 ans que ça dure.
    Je ne me souviens pas de la dernière fois où j'étais réellement heureux. La dernière fois que j'ai évoqué un sourire sincère, pas ce foutu rictus que je m'amuse à afficher car il faut soigner les apparences. Car la vérité c'est que : personne n'aime les gens tristes. À quoi ça leur servirai ? Ça tacherai leur putain de monde niais de traîner avec des gens qui voient du noir.

     Alors me voilà, à crever de l'intérieur pendant que tout le monde s'amusent autour de moi. Je ne comprends pas comment les gens arrivent à rire sans faire semblant. Peut-être qu'ils font tous semblant ? Tout ça n'est peut-être qu'une illusion ?
     Je regarde autour de moi, mes amis rient, dansent, picolent jusqu'à ne plus tenir debout. Est-ce que la vie s'est éteinte qu'auprès de moi? Est-ce que je suis cassé ? Un jouet que l'on doit réparé?

« Ça va ? T'as pas l'air bien aujourd'hui? » me demande Nicolas en s'affalant sur moi, puant le Ricard a plein nez.

    Non, ça ne va pas, ni aujourd'hui, ni hier, ni avant hier, ni jamais. Simplement aujourd'hui je n'arrive pas à faire semblant.

« C'est car j'ai pas encore vu ta mère c'est pour ça » je ris, et si vous vous le demandez, oui ça aussi c'est un mensonge.

L'humour c'est un moyen d'auto-défense, une personne triste va chercher à rire de tout, afin que personne ne se rende compte de ce qui s'y cache derrière.

Léna me lance un regard noir, visiblement ma blague ne l'a pas fait rire. Je lâche un « je rigole » en roulant des yeux, ça gâche toute la blague de dire ça mais sinon elle m'aurait fait une scène.

J'avance le goulot de la vodka à mes lèvres et bois plusieurs gorgées. Le liquide froid me brûle la gorge, mais d'une certaine façon ça me fait du bien.

Mais mon regard se pose sur une personne, éloigné de tous. Il est là, ses cheveux se balance légèrement à cause de la brise de la nuit, il semble seul, et triste.
Et je me perds à imaginer à quoi il pense, si lui aussi pense comme moi: à la fin. Ou si au contraire il rêve de d'autres possibilités, une moins difficile que d'accepter que la douleur a eue raison de nous.

Je bois, encore et encore. Moins je sens ma tête, mieux je me sens. J'aime me détruire, mais j'aime avoir le contrôle de me détruire. Ne pas laisser la chance à cette pute de souffrance de le faire à ma place. Si un jour je meurs, ça sera car je l'ai décidé, et non car la déprime a eu raison de moi.

Mais là? Est-ce que j'en ai envie ? Oui.

Je me tourne vers mes amis, imaginant comme ils pourraient réagir. Combien de temps ça leur prendra à se remettre de ma perte. Pour Nicolas il lui faudra certainement quelques années chez le psy, Léna pleurera probablement en cachette mais jamais en publique et pour Billy et Théodort le temps de fumer un long joint.

« Je ne comprends pas... il semblait être si heureux. » aurait sûrement dit Léna en pleurnichant.

Ils parleraient de moi, de à quelle point je riais, à quelle point j'étais souriant, comme si je m'étais ouvert les lèvres avec un couteau afin de ne jamais cesser de sourire.

C'est un bon jour pour mourir. Aujourd'hui, je partirai.

Alors, je me lance, je prends quelques pilules, que je garde pour les au-cas-où. Et je m'approche de la mer, laissant mes amis derrières moi. Je mourrai en regardant des gens heureux, pour toujours graver dans ma mémoire ce que je n'ai pas eu.

Une pilule.

Deux pilules.

Trois pilules.

Quatre pilules.

Cinq pilules.

Six pilules.

Huit pilules ?

Douze pilules ?

Vingt pilules ?

Trente cinq pilules ?

Je me perds dans les comptes, mais je m'arrête lorsque mon souffle devient rapide. J'ai l'impression que mon cœur va exploser, il bat si vite alors que je souhaiterai qu'il s'arrête. Je ne sens plus ma main, c'est comme si mon corps était tout moue. Marcher devient de plus en plus difficile, je frissonne, est-ce que j'ai froid ? Non je ne crois pas. Je crevais de chaud il y a encore une heure. Ma tête tourne, je crois que je perds la tête. Pourquoi c'est si douloureux ? Je m'arrête. J'ai l'impression que quelqu'un tente de briser ma cage thoracique, on appuie dessus. Ça devient difficile de respirer.

Je regardes les étoiles, elles brillent, est-ce que je brillerai moi aussi?

Je tourne ma tête, Le Brun est à présent à l'eau, il va si loin... Merde, merde, merde, merde, merde. Il veut crever.

Il veut mourir et je me retrouve à assister à son « suicide » est-ce que ça fait de moi un complice ? Je ris. Je perds complètement la boule.

Je me surprends à me lever, je ne sens plus mes jambes et chaque pas est un effort sur-humain, comme si mes jambes étaient en coton ou juste bien trop fragile pour supporter mon poids. Mais je continue d'avancer, l'air d'un zombie.

Est-ce qu'il est réel ? Est-ce que ce n'est pas une illusion ? Peut-être qu'il sort tout droit de ma tête.

Mais qu'importe, car je continue de me traîner dans la mer, où les vagues me repoussent mais ça m'est égal car c'est là où il se trouve - si il existe réellement -.

Et j'ai l'impression que mon cœur explose lorsque je le touche, lorsque je l'arrête. Il est encore en vie, et moi aussi.

Mes organes combattent chacune des pilules que j'ai avalé alors que je regarde les yeux du brun. Et soudain toute douleur s'échappe de mon corps, j'oublie la nausée que je ressens, les battements de mon cœur qui commençaient petit à petit à faiblir, mes jambes qui flanchent, mes bras qui n'ont plus de force et la douleur thoracique qui vient me rappeler que: je vis.

En voyant sa douleur qui le noie et qui dépasse son être, j'en oublie la mienne. J'ai envie de lui hurler de vivre alors que mon corps est entrain de mourir. Mais j'ai envie d'avaler sa souffrance, qui est bien trop grande pour ce petit corps. Et je le ferai. Je m'en fait la promesse.

Sans le savoir, il a sauvé ma vie. Il m'a sauvé de la mort certaine que j'allais vivre pour me permettre de vivre ma seconde vie.



Ce chapitre montre le côté de Sid lors de leurs premières rencontre, il est assez violent car je ne souhaite en aucun cas embellir une tentative de suicide, bien qu' ici cela se termine bien je tenais quand même à utiliser des mots "forts". Si vous avez des pensées suicidaires, si vous ne vous sentez pas bien, n'hésitez aucunement à demander de l'aide, à un parent, un ami ou même à moi si vous le souhaitez. Prenez soin de vous mes loulous <3

Une flamme. [MaximexDjilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant