AILY - Apolline Ivy. Lyam Youssef.

Chapitre 2

Lyam

Encore une journée que j'aurais préféré passer dans mon lit; même traîner sous la pluie aurait été préférable. Elle est enfin terminée, mais je sais que demain en commencera une semblable; c'est un réel cercle vicieux.
Aujourd'hui, en tant que pompier volontaire après mon cours de théâtre, j'ai dû aider à éteindre le feu dans toute une résidence, et j'en suis exténué.

Je pousse la porte sans une once d'énergie, et à peine l'ai-je refermée que je me laisse tomber sur mon sofa. Je sors mon téléphone de ma poche droite où j'ai l'habitude de le ranger, puis j'ouvre diverses applications pour me changer les idées. C'est alors que je remarque une notification Instagram "@ly.ouss: @apo.ll.ivy a commencé à vous suivre". Je ne connais cette fille ni d'Eve ni d'Adam, et ça me pousse à jeter un coup d'œil à son profil. Des cheveux blonds et des yeux bleus profonds, elle ne paraît pourtant pas montrer la réelle version d'elle-même sur ses photos, cependant je m'abonne en retour par pure politesse.

Je me dirige ensuite vers ma cuisine pour me faire à manger; ainsi je pourrais déguster mon repas devant une bonne série. Soudain, mon père interrompt le fil de mes pensées en m'appelant: je décroche sans grande conviction.

- Salut mon grand, comment ça va?
- Coucou papa, très bien et toi? je lui réponds d'une voix peu convaincante.
- Parfait! Comment se passent les cours?
- Bien, je lui réponds, pour une fois honnêtement.
- Super. Et dis-moi les amours? Quand te décideras-tu enfin à me trouver une jolie belle fille, s'exclame-t-il en riant.

Contrairement à lui, mais il n'en a aucune idée, ce n'est pas quelque chose qui me fait rire.
- Papa. Tu ne vas pas recommencer, on en a déjà parlé! Je ne cherche pas de relation, et ton avis m'importe peu au vu de comment tu en as fini avec la femme qui m'a mise au monde, je lui réponds, furieux, en lui racrochant au nez tandis que j'entends son rire s'éteindre.

J'y suis peut-être allé un peu fort. Mais je commence à en avoir sérieusement marre. Après tout, je ne lui ai jamais raconté ce que j'ai vécu il y a trois ans, donc je peux comprendre son comportement. Mais il s'agit de ma vie privée; et je ne le supporte plus.

Je prends ma tête entre mes mains, essayant de respirer calmement.
Ne pas céder à la tentation, ne pas céder à -
Et puis merde.

Je me lève brusquement, glisse une cigarette entre mes lèvres, et sort sur mon balcon ensoleillé et recouvert de plantes grimpantes. Un paysage que j'ai maintes fois représenté dans mes dessins, bien que je le préfère lorsque l'eau tombe à flots.

Je reste une bonne dizaine de minutes à m'encrasser les poumons de nicotine sous les rayons éblouissants du soleil de Septembre avant de rentrer cuisiner.

Une fois mon repas enfin prêt, à savoir des pâtes carbonara, je retourne sur mon canapé devant les derniers épisodes de Stranger Things.

***

Il est une heure du matin quand je me réveille: endormi devant ma série, téléphone en main et vaisselle sur la table du salon. Je dépose cette dernière sans la nettoyer dans l'évier - une longue journée m'attends demain, et il est temps pour moi d'aller dormir.

***

Je me réveille de bonne heure, grâce à la lumière du soleil matinal filtrée par mes rideaux, enveloppés dans mes draps chauds et doux colorés de blancs.

Je laisse claquer la porte de mon immeuble, avant de m'arrêter sur son seuil et de respirer une grande bouffée d'air frais. Un vent d'ouest m'ébouriffe légèrement les cheveux tandis que le ciel se couvre.

Je marche dans de belles rues de Lyon entourées de maisons recouvertes d'une végétation dense, en direction de mon école de théâtre.
J'y suis une formation, qui me permettra peut-être de réaliser mon rêve un jour, avec plusieurs étudiants de mon âge. Je n'y retrouve aucun ami; malheureusement depuis que cette garce m'a utilisée, je n'arrive plus à m'attacher: je suis trop renfermée sur moi même. Toujours autant peur de me retrouver manipulé, blessé, par des ingrats égoïstes.

Finalement, la journée ne se déroule pas trop mal, et j'apprends plusieurs nouvelles astuces susceptibles d'améliorer mon acting.

J'ai toujours porté un grand intérêt à ce métier qui me permet de prendre confiance en moi, d'extérioriser mes émotions et de me défouler, mais aussi ayant la capacité de divertir un public: leur faire passer un bon moment, aussi bien en riant qu'en pleurant.

Pleurer, c'est tellement libérateur... J'aime bien le faire quand j'en reçois le besoin. Sous la pluie de préférence, en dehors des regards aussi, bien sûr.

Depuis cette fille... j'ai beaucoup pleuré. Mais c'est fini. Je ne veux plus entendre parler d'elle. Elle fait partie de mon passé, et c'est beaucoup mieux ainsi.

***

En rentrant chez moi, je m'installe encore une fois rapidement sur mon canapé, pareil à chaque jour, mon téléphone à la main.
J'ouvre Wattpad, afin de reprendre Nos âmes enneigées, la lecture que j'avais laissé en plan hier.

Une demi-heure plus tard, je sombre dans le sommeil, un bras dépassant du canapé ballant vers le sol, mon téléphone au bout de celui-ci.

Faudrait pas que ça devienne une habitude...