Chapitre 9

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Apolline

Je me réveille en sursaut à cinq heures du matin, sans savoir pourquoi. C'est alors que je me rappelle de la belle journée qui s'annonce : aujourd'hui, Leya va m'apprendre à patiner. Je prends le temps d'ouvrir les yeux, serrant toujours dans mes bras ma peluche licorne - ne jugez pas, on n'est jamais trop grands pour avoir un doudou. En allumant mon portable, je remarque un message de mon père qui ne manque pas de me faire sourire.

"Coucou ma puce, j'espère que tout se passe bien avec yaya, profitez bien ensemble du peu de temps que vous avez devant vous. Je t'embrasse fort, te amo, papà."

Mon père, un véritable amour. Lui et ses drôles de surnoms me font toujours autant rire.

Une notification me fait alors savoir que Lyam a 19 ans, donc le même âge que Leya. Je réponds à mon père que je profite parfaitement de mon séjour, omettant les larmes qui ont coulé à la pensée de ma petite sœur. Puis je lui raconte le programme de la journée, à savoir : glisser sur la glace d'Ottawa en compagnie de ma meilleure amie.
Je réponds ensuite à Lyam, en lui demandant s' il va bien - j'avoue que je suis à court d'autres réponses pour le moment, et puis, c'est toujours assez sympathique de prendre des nouvelles - et je lui demande ce qu'il aime.

Pour passer le temps en attendant que Leya ne se réveille, comme à mon arrivée, je descends dans le salon pour continuer l'écriture de Le coup de foudre mortel.
"- Tu sais Davide, je vis avec toi un amour impossible, mais je sais que tu m'aimes autant que moi. J'ai peur chaque seconde que tu me laisses tomber et que mon cœur s'arrête de battre subitement, comme ceux des corps que l'on découvre. Les policiers ont besoin de leur énigme à résoudre, et je souhaite être la tienne..."

Cette histoire, j'y tiens tout particulièrement. Le monde de Serena et Davide est complexe, mais tellement beau. Si je devais faire son résumé, je pense que je m'en tiendrais à ceci : "Serena, tenente, c'est-à-dire lieutenant de la police italienne, a été lâchement abandonnée par celui qui est maintenant son ex, alors qu'elle était enceinte de leur fille. Felicia, maintenant âgée de 6 ans et demi, a suivi l'éducation que lui a donné sa mère seule, du mieux qu'elle le pouvait, même si n'avoir qu'une mère qui fait un métier dangereux, ce n'est peut-être pas ce qu'elle aurait espéré. Mais Felicia est très attachée à sa maman, et réciproquement, alors elles essaient du mieux qu'elles peuvent de survivre ensembles. Davide, lui, est general di brigata (brigadier général) dans la même brigade que Serena. C'est donc son supérieur, mais elle s'y est beaucoup attachée, malgré le côté glacial qu'il lui a sans cesse montré."

Après avoir écrit ce résumé quelque part dans mes notes d'ordinateur - on ne sait jamais, au cas-où je décide un jour de l'envoyer en maison d'édition - je referme mon ordinateur. Je me lève pour aller me préparer dans la salle de bain, tandis que Leya dort encore comme une marmotte dans sa chambre. Les rôles se sont inversés, pour une fois.

Nous mangeons de délicieux pancakes pour le petit déjeuner, avant de nous rendre à la patinoire la plus proche à pied tout en discutant. Lorsque nous arrivons à l'entrée, je pousse la porte qui se présente face à nous afin de laisser passer ma meilleure amie. J'arbore un sourire qui laisse imaginer mon enthousiasme à l'égard de cette séance de patinage. Nous nous occupons de lacer nos beaux patins, puis nous nous lançons sur la glace.

Je peine tellement à tenir sur mes patins, que lorsque Leya essaye de m'aider en me tendant son bras, je tombe par terre par déséquilibre. Leya explose de rire, ce que je peux comprendre au vu de la façon dont elle se déplace avec grâce sur la glace.
J'avais oublié de te prévenir que ton premier apprentissage aujourd'hui serait d'apprendre à tomber, dit-elle en essuyant une larme rebelle.
Elle m'aide à me relever et je ris avec elle de bon cœur. Elle me prend ensuite la main pour me guider sur le terrain. Elle m'apprend les mouvements les plus simples, les réflexes à avoir et naturellement les règles de base.

Après deux heures d'entraînement, je parviens enfin à avancer, tourner et m'arrêter, non sans être tombée une bonne quarantaine de fois. Je dois avoir à mon compteur un bon total de quarante-et-une chutes sur la glace.
Leya me fait enfin confiance, et me laisse diriger mon patinage de mon propre chef en lâchant ma main. Je me lance en quelques coups de patins avant d'enfin réussir à faire une jolie - mais simple - figure avec équilibre. Je me laisse porter par le bruit de la patinoire, un léger brouhaha de personnes qui parlent, un peu de musique, et le crissement des patins sur le sol gelé. Leya me reprend la main, et nous nous élançons cette fois-ci au même rythme sur la glace, emplies de légèreté.
Je lui affiche mon plus beau sourire en pensant que je pourrais revivre ce moment un millier de fois tellement glisser sur mes patins me paraît magique.

- J'ai passé un moment merveilleux avec toi Leya, merci beaucoup, dis-je en l'enlaçant tandis que nous franchissons le seuil de la porte.
- Moi aussi Apolline, j'ai passé un excellent moment, prononce-t-elle tout en me rendant mon étreinte.

Elle décide alors de courir le plus vite possible devant moi, comme si elle avait peur que je la dépasse.

- La première arrivée a gagné!
- On gagne quoi exactement? je rigole.
- Mmh, le choix du film de ce soir.

Je cours alors plus vite que jamais pour la rattraper, en espérant que mes cours d'athlétisme n'aient pas été vaincs.
Nous sommes de vrais enfants.

AILY - Apolline Ivy. Lyam Youssef.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant