AILY - Apolline Ivy. Lyam Youssef.

Chapitre 13

Apolline

Je me réveille avec la boule au ventre. Aujourd'hui je vais devoir quitter le Canada, ainsi que tout ce qui m'y retient. Ça va me manquer tout ça...

Lorsque je descends prendre mon petit déjeuner avec ma meilleure amie, c'est avec un air assez triste que nous nous retrouvons ce matin. Nous nous partageons des pancakes au miel avant de retourner dans la chambre de Leya, toutes deux muettes depuis le début de cette journée.

- Tu peux m'aider à faire ma valise s'il te plaît? je lui demande.

- Si tu veux, dit-elle dans un haussement d'épaule.

Je remarque pourtant de la tristesse dans sa voix, et je la comprends - car je n'ai pas non plus envie de partir.

Elle m'aide donc quelque peu, avant de me tendre la fameuse boîte d'hier matin avec un pâle sourire. Je le lui rends, tout en la mettant dans mon sac cabine.

- J'espère que ça va te plaire...
- Tu n'as aucun doute à te faire là-dessus, tout ce qui vient de toi me rends heureuse, je lui réponds, alors qu'une larme apparaît au coin de son œil.

Je me glisse alors dans ses bras et les larmes dévalent mes joues tristement.

- Tu vas me manquer ma Ley, dis-je entre deux sanglots.

- Toi aussi Apo...toi aussi.

Nous nous affalons chacunes un peu plus sur l'épaule de l'autre en libérant nos larmes qui coulent misérablement sur nos épaules. Nous nous séparons de longues minutes plus tard, alors que nos coeurs sont plus lourds qu'une maison.

Leya va chercher sa sœur, pour qu'elle m'emmène à l'aéroport avec elle, histoire que je sois à l'heure. Je trouve Oreo affalé sur le canapé qui se situe à côté de moi et le prend dans mes bras, lui caressant doucement la fourrure soyeuse. Leya descend avec ses parents et sa sœur, j'ai l'impression de quitter ma propre famille... ce qui est, d'un certain point de vue, un petit peu le cas. Je remercie longuement Lily et Thomas pour leur accueil, les serrant fort contre moi. Eux aussi vont beaucoup me manquer.

Nous montons finalement toutes les trois dans la voiture, avant de prendre la route. Je ne dis rien dans la voiture, pensant à tout ce que je vais laisser derrière moi ici. Je crois que Leya non plus ne sait pas quoi dire, car elle n'ouvre pas non plus la bouche de tout le trajet. Emma respecte notre silence et met un peu de musique. Lorsque nous arrivons à l'aéroport, je quitte Emma et Leya avec regret, prenant bien soin de les serrer bien fort dans mes bras en pleurant à chaudes larmes.

Je finis par enregistrer les bagages et monter dans l'avion, observant une dernière fois les reliefs canadiens sous les belles couleurs bordant le ciel. Je m'assoie à la place qui m'a été attribuée, à côté du hublot, et j'attends qu'il décolle, la tête contre la vitre. Lorsqu'enfin il commence à se détacher du sol, je ressens toute la tristesse de quitter ce merveilleux pays s'intensifier tandis que mon cœur se serre de plus belle.

Nous volons à présent au-dessus de la faible masse nuageuse qui nous sépare de notre chère planète. Je repense à la boîte dans mon sac, et décide que c'est le meilleur moment pour l'ouvrir. Je détache son couvercle pour en découvrir le contenu : une petite boîte et une lettre, au milieu de photos de nous, de moi, d'elle, floues et drôles...

Avant de lire la lettre, j'observe cette toute petite boîte, d'un blanc parfait orné de fines lignes dorées et ondulées. Je l'ouvre et j'y découvre la plus belle bague que je n'ai jamais vue. Une bague rose or représentant une fleur de sakura, autrement dit de cerisier. Elle est magnifique, et semble bouger sous mes doigts : après inspection, je remarque que la fleur peut tourner, ce qui est parfait pour se détendre et éviter de trembler : cette bague est faite pour moi. Elle me fait penser à Allison, puis à ma chienne, et toutes les deux me manquent finalement affreusement.

J'ai du mal à dissimuler les larmes qui font couler mon mascara sur mes joues, si bien que la dame, ayant l'air d'avoir un certain âge, qui est assise à côté de moi, semble inquiète. Je crois que j'aurais eu ma dose de chagrin et de pleurs pour la journée, mon corps sera bientôt asséché à ce rythme-là.

- Ça va mademoiselle?

Je la rassure en la remerciant, mais je suppose à présent qu'elle doit trouver bizarre que je pleure à la vue d'une simple bague.

Mais une bague qui pourtant n'est pas si anodine à mes yeux.

Je l'enfile autour de mon doigt, me promettant d'aller raconter cela à Allison quand je rentrerai, dès que je pourrais aller la voir. Ma main s'approche de la lettre qui est devant moi, décorée de bleu - Leya n'a pas oublié ma couleur préférée cette fois - avant de remarquer un petit détail. Je découvre un minuscule patin à glace sculpté dans du bois. Leya est finalement autant talentueuse dans l'art du patin à glace que dans la sculpture du bois; elle a bien choisi son métier.

Alors que mes larmes ont sans nul doute laissé un sillon noir et humide sur mes joues, mes lèvres s'étirent en un léger sourire. Ce petit patin s'ajoutera probablement à ma collection de porte-clés et pourra me rappeler inlassablement toutes mes chutes lors de cette première patinoire avec ma meilleure amie.

J'ouvre ensuite sa lettre:

Ma petite Apolline,
Que dire... Je t'ai vue (enfin surtout supportée, parce que se voir en habitant à l'autre bout du monde je reconnais que ce n'est pas si facile) dans tous tes états. Que ce soit lorsque tu étais au plus bas ou au plus haut, j'ai toujours essayé d'être là pour toi. Je le serai toujours, à t'écouter ou à te raconter des histoires, alors n'hésite jamais à m'appeler, même si je dors, je te répondrais dans mes rêves (lol). Je sais que ces dernières années n'ont pas été faciles pour toi, mais tu es une star, et une star, ça brille. Ne te laisse pas abattre par le passé, vis l'instant présent, et accueille le futur à bras ouvert pour vivre ta vie telle une comète. Sois heureuse, danse, ris, amuse-toi avec tes amies et tombe amoureuse. Laisse-moi une petite place dans ton cœur et ne m'oublie pas mais le principal, c'est que tu rayonnes - avec, ou sans moi. Je te remercie du fond du cœur de tout ce que tu as fait pour moi ces dernières années, alors que je n'avais besoin que de ta présence. J'espère sincèrement pouvoir bientôt revenir en France te serrer dans mes bras, tu me manques déjà. Dès que tu arrives, appelle-moi, je veux savoir ce que tu as pensé de mes cadeaux - avoue, j'ai géré, nan? - et je suis tout aussi impatiente que tu me raconte ce fameux rendez-vous avec notre cher Lyam. Je ne suis certes pas aussi douée que toi pour écrire, mais j'espère que cette petite lettre t'aura fait plaisir.
N'oublie jamais de partager ta lumière avec les autres, une étoile c'est fait pour être remarquée ;)
La vie est éphémère, nous n'avons pas le temps de ruminer sur le passé, donc regarde droit devant toi et profite.
Je t'embrasse aussi fort que je t'aime,
Ta Ley

Mes larmes refont surface. Leya ne peut même pas imaginer à quel point sa lettre me touche...