CHAPITRE II: Monsieur Davis

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00h12 Le Fox night

Après cette journée désastreuse, j'avais un besoin urgent de vodka et d'une cigarette. Une fois Lilo et Stitch terminé avec les enfants et après les avoir mis au lit, j'ai soufflé de soulagement. Heureusement, ils n'ont rien entendu de la conversation avec ma mère. 

Le Fox est mon refuge. C'est un bar tenu par un vieil ami, Bobby. J'adore cet endroit, et pas seulement pour les pistaches gratuites qu'il m'offre sans fin. Je suis incapable de m'arrêter d'en manger une fois que j'ai commencé. J'ai déjà vidé deux paniers à moi toute seule ce soir.

Je suis assise sur un tabouret au comptoir, bercée par la musique qui résonne dans la pièce. "Slow Down" de Chase Atlantic joue en arrière-plan, et je me laisse complètement emporter. Mes paupières se ferment doucement, mais une odeur forte de whisky envahit soudainement mes narines. J'ouvre les yeux pour découvrir, à ma grande surprise, le "dieu grec" exécrable de ce matin. Je grimace instantanément. Il est encore plus grand que dans mon souvenir, et je dois presque me tordre le cou pour croiser son regard.

— Qui vient dans un bar pour dormir ? demande-t-il, les sourcils froncés.

Il porte toujours le même costume, mais cette fois, sa chemise est davantage déboutonnée, laissant entrevoir un bout de son tatouage. L'odeur d'alcool qui l'entoure est impossible à ignorer, et ses yeux rouges trahissent la quantité qu'il a déjà consommée. Il me fixe intensément, un peu trop longtemps à mon goût. Je me demande pourquoi il vient me parler alors que notre échange plus tôt avait été un fiasco.

— L'odeur de l'alcool et des cigarettes  me berce, répondis-je sarcastiquement. Et toi, tu ne trouves pas ?

Il me regarde avec des sourcils encore plus froncés avant de répliquer, sèchement :

— Le sarcasme te tuera un jour.

Son ton glacial me serre l'estomac, mais il n'attend pas de réponse. Il fait signe au barman pour commander une autre tournée de shots, puis pousse un verre vers moi avant de boire le sien d'un trait, sans sourciller. Je n'ai même pas porté le mien à mes lèvres que je grimace déjà à l'idée de l'avaler. Quand je me décide enfin à le boire, la vodka me brûle la gorge, mais étrangement, elle fait monter la chaleur à mes joues, me rappelant la conversation bouleversante avec ma mère. Elle compte arrêter son traitement pour ne pas nous ruiner, et cela me terrifie. Je ne laisserai pas ça arriver, ni mon père d'ailleurs. Nous nous battrons pour elle. Mais je suis furieuse. Elle oublie parfois qu'elle a encore deux enfants qui ont besoin d'elle. Même si je m'occupe principalement d'Aiden et Lily, ils ont besoin de leur mère.

À cette pensée, mes larmes coulent sans prévenir. Je me bats pour les retenir, mais je n'y arrive pas. Je sens une pression grandir dans ma poitrine. J'ai déjà perdu mes parents par intermittence durant mon enfance, mais cette fois, si elle meurt, c'est pour de bon. Et je ne suis pas prête pour ça. Pas maintenant.

— Ça va ? demande soudainement l'homme à côté de moi, son ton désormais bien plus doux.

J'essuie rapidement mes joues, mais mes larmes ne cessent de couler. Je le regarde avec un faible sourire et hoche la tête pour lui faire croire que tout va bien. Avant que je ne puisse protester, il se lève, jette quelques billets sur le comptoir, et me prend doucement par le bras pour m'entraîner dehors. Tout se passe si vite que je n'ai pas le temps de comprendre. Ma vision se brouille un instant, mais lorsque je retrouve mes esprits, je suis assise sur un banc près du bar. La nuit est noire, mais les lumières vives du Fox éclairent le port abandonné juste en face. Je respire profondément, essayant de calmer mes battements de cœur.

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