Sacrifice

CHAPITRE VI: La grande annonce

Deux jours plus tard...

La nuit a été courte. J'ai réveillé les jumeaux et les ai préparés pour l'école. Par chance, la voisine est venue les chercher, ce qui m'a évité bien des tracas. J'ai rangé la cuisine et préparé le goûter de Lily et Aiden sur un coin de la table, facilitant ainsi la tâche de ma mère lorsqu'ils rentreront cet après-midi. Je commence le travail dans quarante-cinq minutes, j'ai donc le temps de prendre mon petit-déjeuner.

Je pique une des crêpes que j'ai faites pour le goûter et m'installe sur le comptoir de la cuisine. Au moment où je m'apprête à croquer dans ma crêpe, ma mère entre dans la pièce, vêtue d'un vieux peignoir noir portant les initiales de mon père, "RM". Elle l'a tellement rétréci à la machine à laver qu'il ne peut plus y rentrer. Elle dépose sa tasse dans le lavabo et se tourne vers moi.

— Alors, comment tu te sens ? me demande-t-elle.

Je croque dans ma crêpe avant de lui répondre :

— Ça va mieux. Mon séjour à l'hôpital m'a fait beaucoup de bien, mais je suis toujours fatiguée à cause de la chimio.

Je lui souris timidement, hésitant à aborder le sujet délicat, mais j'ai besoin de savoir si elle est au courant :

— L'hôpital a accepté de continuer ton traitement malgré le retard de paiement ?

Elle fuit mon regard, comme si mes yeux pouvaient la pétrifier sur place. Je sens sa nervosité à des kilomètres. Elle feint de chercher quelque chose en ouvrant tous les placards de la cuisine, ignorant mes questions.

— Maman, tu m'as entendue ? Comment as-tu géré les factures ?

Je perçois son agacement, mais elle sait aussi que je ne lâcherai pas l'affaire facilement.

— Toutes les factures ont été réglées. Ils ont sûrement fait une erreur, et pour l'augmentation du traitement, c'était aussi une erreur, m'explique-t-elle, jouant avec la ceinture de son peignoir.

— Une erreur ? Vraiment ? C'est ce que le médecin t'a dit ?

Sa tête se lève brusquement, et son regard change. Elle est en colère et agacée. Ses mains frappent le comptoir si fort que je sursaute.

— T'as pas un peu fini avec tes questions ? Va plutôt faire le linge avant de partir au travail, et mets un peu d'ordre dans le salon. Je veux que tout soit propre, les filles vont venir me voir pour mon retour de l'hôpital !

— Mais maman, je dois aller au travail ! réplique-je, choquée par son comportement.

— Alors commence maintenant si tu ne veux pas être en retard.

Elle quitte la pièce comme si de rien n'était. Ma mère peut être si égoïste et agaçante quand elle le veut. Moi qui pensais enfin être tranquille pour prendre mon petit-déjeuner et arriver au travail à l'heure... J'aurais mieux fait de me taire. Je me lève de ma chaise et me précipite dans la buanderie pour faire le linge. Cette journée avait si bien commencé ; c'était trop beau pour être vrai.

Sans grande surprise, je suis arrivée en retard au travail. Heureusement pour moi, notre patron, John, n'est pas là. Si quelqu'un est encore plus en retard que moi, c'est bien lui. D'habitude, j'ai envie de l'étrangler, mais aujourd'hui, son retard m'arrange. Je passe derrière le comptoir pour rejoindre Steph, qui est en pleine préparation de sandwich au saumon. Je lui donne une petite tape sur les fesses et fais un petit bond pour m'asseoir sur le plan de travail.

— Tu sais que les cornichons, c'est pour les sandwichs, pas pour ta bouche, dis-je en croquant dans la moitié du cornichon qu'elle tenait.

— Eh, c'était le mien ! s'écrie la jolie rousse, ce qui me fait rire.