CHAPITRE IV: La prise de décision

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Après une vingtaine de minutes, je suis enfin chez moi. Steph est partie depuis un moment, et mon père a mis les jumeaux au lit. Je sais qu'ils ne dorment pas vraiment tant que je ne suis pas venue les voir. Je monte à l'étage et entrouvre la porte de leur chambre. Les deux petits ont les yeux fermés, mais je suis certaine qu'ils feignent le sommeil. Un sourire se dessine sur mes lèvres en les voyant jouer cette comédie. Je m'avance et touche le bout de leurs nez, un petit signe entre nous. C'est notre code, celui qui leur dit qu'ils sont en sécurité et qu'ils peuvent ouvrir les yeux.

En un clin d'œil, les deux petits diables sont dans mes bras, leurs grands yeux pétillants de joie et d'interrogation. Ils doivent avoir des milliers de questions, mais pour l'instant, ils se contentent de poser leurs petites mains sur mon visage pour me déformer. Je tire des grimaces, leur tirant la langue et louchant. Leurs rires résonnent comme la plus belle des mélodies, ma bouffée d'oxygène.

Je les jette doucement dans leurs lits et les borde. Je me tiens entre leurs deux lits, les regardant avec tout l'amour que j'ai pour eux.

— Vous vous souvenez comment je vous aime ? dis-je en souriant.

— Jusqu'à la lune, répond Aiden.

— Et bien plus loin encore, ajoute Lily.

Je dépose un bisou sur leurs fronts avant de quitter la pièce pour les laisser se reposer. Je fais un arrêt à la salle de bain et constate avec soulagement que tout a été nettoyé. Pour mon plus grand bonheur, je ne me voyais vraiment pas faire le ménage maintenant. Je me brosse rapidement les dents et descends voir mon père.

Il est affalé sur le canapé, une bière à la main, les yeux cernés, toujours en tenue de travail. Je m'assois timidement sur le fauteuil en face de lui, le regardant en silence. Cette réserve que j'ai toujours eue en sa présence me pèse.

— Les enfants dorment ? me demande-t-il sans lever les yeux de la télé.

J'hoche la tête, attendant qu'il s'intéresse à la santé de ma mère, mais rien ne vient. Il reste là, absorbé par l'écran, comme si tout allait bien dans ce monde chaotique. Un élan de colère monte en moi. Parfois, j'aimerais le secouer, lui faire comprendre l'ampleur de la situation. Je suis peut-être un peu jalouse de lui ; il semble si insensible alors que je ressens tout avec une intensité écrasante.

Je me racle la gorge pour attirer son attention, et je lâche, incapable de me retenir :

— Maman va bien, si ça t'intéresse !

Le ton de ma voix trahit ma frustration. À cet instant, je vois son regard se durcir, ses poings se serrer, et sa respiration s'accélérer. Il se lève d'un coup, me faisant sursauter.

— Je vais au bar, ne m'attends pas, craché-t-il en claquant la porte.

Épuisée, je ne cherche pas à le retenir. Je préfère monter me coucher, faire comme si rien ne s'était passé. Après tout, c'est ce que tu fais, cher père.

8H15 au café

J'ai plus de trente minutes de retard. Les jumeaux sont installés à une table près du comptoir. Je fais signe à Nora et lui commande deux jus d'orange et des croissants pour les enfants, à peine le temps d'attendre sa réponse avant de me précipiter vers Noah, qui est assis au bout du comptoir. À sa posture, je devine qu'il n'est pas content : son regard est glacial et aucun sourire n'éclaire son visage. C'est officiel, je vais devoir affronter Monsieur Grincheux.

— Je sais, je suis en retard. Je suis désolée, mais je n'ai pas eu le choix. Les jumeaux ont mis du temps à se réveiller et ma voiture fait des siennes. Je n'aurais pas pu aller plus vite.

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