Nous nous étions posés sur une terrasse. Nous parlions, ou du moins il parlait et je l'écoutais. Je ne sais pas quel air je pouvais afficher sur mon visage mais je sais que j'étais profondément ennuyé. Je ne voulais pas être là, je voulais être nulle part. Je regrettais énormément d'être ici, avec lui, assis à siroter un café alors que j'en avais déjà pris un une heure auparavant. Pour moi, tout pouvait devenir un prétexte afin de critiquer ce moment. Je pense d'ailleurs que je ne l'ai pas du tout écouté. Il parlait, je hochais la tête en lâchant des petits « mmh » pour lui donner un semblant d'écoute, tandis que mes pensées étaient simplement dirigées vers quelqu'un d'autre. Je ne sais pas si j'avais fini par accepter ce sort. Je ne pense pas, je devais me dire qu'en tant qu'homme avec des pulsions, il était normal que je souhaite découvrir de nouvelles façons d'explorer mon corps. Peut-être étais-je finalement comme lui, cet homme qui était en face de moi à cet instant.
Gaston affichait une mine répugnante lorsque la serveuse revint vers nous. Je les regardais tous les deux, me demandant si cette jeune et pauvre fille allait succomber au charme douteux de ce porc. Non, je ne pouvais pas être comme lui, ce serait un déshonneur à ma propre personne. Je savais très bien que si je restais trop souvent avec lui, je pouvais être atteint par ses mimiques, mais je ne le souhaitais absolument pas.— Allons bon mon ami, à qui penses-tu ainsi ? Ta femme, je suppose ?
— Qui d'autre ?
— Je te reconnais bien là ! Bon, pas que vous ne me plaisez pas mademoiselle, mais nous devons y aller, à la revoyure !
— Au revoir, avait-elle répondu, tout sourire.
Définitivement, je ne comprenais pas les femmes, elles étaient des êtres bien trop compliquées pour moi. J'étais fiancé avec une mais je ne la comprenais pas non plus. Je ne cherchais plus à la comprendre, la prenant en quelque sorte pour acquis. Je me perdais dans mes propres pensées qui se voulaient toutes autant assassines. Je tentais donc de me reprendre en me remémorant tout ce qui m'avait amené ici et ce que j'aimais. J'aimais la personne que j'étais, imposant dans la société, fiancé, habitant à Paris. Que demander de plus ? C'est cela le vrai bonheur, je pense que mes parents me l'ont bien fait comprendre à une époque. Mon travail me satisfaisait beaucoup, j'aimais Paris bien plus que la Grèce, et ma fiancée jouait son rôle à la perfection. Le contrat était rempli. J'étais un homme qui n'avait rien de plus banal dans la société français et c'était la chose à laquelle j'aspirais le plus.
J'avais enfin réussi à me détacher de Gaston, après de longues heures à l'écouter se vanter de ses conquêtes et à l'écouter me dire que, moi aussi, je devais songer à mes plaisirs d'hommes. Selon lui, entre mâles de la grande ville, nous pouvions nous donner des noms, des adresses afin de nous satisfaire comme il se devait. Je n'en revenais pas qu'on puisse penser de la sorte. Je ne voulais pas, évidemment, trop fidèle à ma future femme. C'est ironique quand on y pense maintenant.
J'étais dans le 6ème arrondissement et je ne savais absolument pas pourquoi j'y étais. Ma journée était terminée, il faisait froid, j'avais mal partout, je devais rentrer. Puis, je le vis. Il était seul, comme je le souhaitais au plus profond de moi, comme je le rêvais depuis peu. Il semblait essayer, tant bien que mal, de se réchauffer les mains. Le vide que j'avais ressenti jusqu'à ce moment s'était évaporé miraculeusement. Je savais que je jouais un rôle dangereux, que je me jetais dans la gueule du loup tout seul, mais je n'arrivais pas à m'arrêter. Rien que pour une fois dans ma vie, je voulais céder à ses pulsions.— Bonjour, avais-je sorti mécaniquement.
— Bonjour ! il plissa les yeux avant de les ouvrir en grand. Je vous reconnais, vous êtes l'homme au chat ! il se mit à rire doucement en cachant sa bouche de sa main.
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Du bout de tes doigts
RomanceOleg, homme d'affaires haut placé à Paris s'éprend d'Haïcé, alors que Beata, sa fiancée, est fortement malade. S'il s'avoue son trouble, donne libre cours à son désir et que leurs cœurs se rencontrent, Oleg ne peut réprimer sa honte et faire de cet...