Chapitre 14

2 2 0
                                    

— Mais c'est pas possible !

— Écoute...

— Non, c'est toi qui va m'écouter ! À peine rentrer que tu t'enfuies, c'est quoi ton problème ?

— Je...

— Non mais c'est plus possible Oleg, vraiment ! Moi je n'en peux plus, vivre avec un fiancé qui fuit toutes les deux nuits ce n'est pas possible ! En plus tu ne fais même pas l'effort d'attendre quelques jours, tu le fais le jour de notre retour ! T'es complètement débile ma parole ! Ne me prend pas pour une imbécile, si tu me trompes, dis le moi !

   J'aurais dû me douter que la fureur de Beata ne s'apaiserait pas aussi simplement. J'aurais aimé, mais connaissant justement le caractère bien trempé de ma femme, ça ne sera jamais le cas. Puis, c'était évident que partir le jour de notre retour était révoltant. Après cette douce nuit, je suis rentré le lendemain matin en espérant qu'elle serait déjà partie, mais ce ne fut pas le cas et je me prenais un savon. Je ne savais plus quoi faire. Devais-je tout lui dire et vivre la vie paisible que j'ai toujours souhaité, avec Haïcé ? Ou devais-je continuer de lui mentir pour sauver ce futur mariage si mal engagé ? Je n'arrivais pas à peser le pour et le contre puisqu'elle continuait de me crier dessus. Je l'avais évidemment mérité, mais cela m'énervait tout de même. J'éprouvais de la haine, je ne voulais plus la voir, mais je voulais aussi rester avec elle pour être comme toutes les personnes que je vois dans la rue. En couple, entre un homme et une femme, comme tout ce qui a de plus normal. Je m'en voulais d'être ainsi, je n'en pouvais plus de cette vie pleine de sacrifices qui m'étaient vain. Ce fardeau devenait trop dur à porter sur mes épaules qui n'avaient pas demandé tout cela.

— Écoute moi bien Oleg, je pense que je vais partir chez une amie quelque temps, histoire de me calmer. Je n'en peux plus, cet environnement devient bien trop hostile pour moi. Et puis, puisque je vois que tu préfères faire le muet plutôt que t'expliquer avec moi, ça me conforte encore plus dans mon choix.

— Non attend, laisse moi m'expliquer, après tu pourras faire ce que tu veux.

— Dépêche toi.

— Je ne te trompe pas. Par contre, c'est vrai que mes actions sont complètement irréfléchies. La vérité c'est que je me suis fait un ami, et je me rends souvent chez lui pour parler de musique, et lorsque je vois que je suis trop fatigué je reste dormir chez lui.

— C'est une mauvaise blague là j'espère.

— Non, je t'assure.

— Bon, tu vas me faire croire que tout ça là depuis des mois c'est parce que tu vois un ami ? T'es vraiment un imbécile. Lorsque tu seras décidé à me dire la vérité, appelle moi, sinon oublie moi. Tiens, elle me tendit un papier, c'est le numéro de l'appartement de ma copine, appelle pour me dire la vraie vérité. Au revoir !

   Elle se rendit dans notre chambre avant d'en sortir quelques instants plus tard avec sa valise faite. Je ne l'avais jamais vue aussi remontée, j'étais complètement décontenancé. Je me souviens l'avoir regardé partir sans avoir été capable de lui lâcher un mot de plus pour essayer, rien que pour la forme, de la retenir. Elle n'avait pas claqué la porte, juste un regard avant de la fermer doucement. Ce regard qu'elle m'avait lancé m'avait retourné le ventre. J'ai vite compris qu'il fallait que je fasse un choix le plus rapidement possible, sinon ce mariage me passait entre les doigts. Je savais très bien que cette obsession tournait au ridicule, mais je tenais à ce mariage bien plus que tout au monde, et s'il fallait que je taise mes sentiments à jamais et que je me fasse violence pour que mon rêve le plus profond se réalise, je le ferais. J'étais triste. Je m'étais assis en tailleur sur notre sol, seul, sans personne à embrasser. Je devais certainement faire pitié. J'avais quitté Haïcé le matin même, tout heureux, lui glissant des mots doux tout en lui caressant son bras, puis quelques heures plus tard je me retrouvais comme un pauvre homme assis dans un appartement vide en songeant à quitter ce plaisir coupable. Je me morfondais comme je savais si bien le faire. Je ne pense pas que Beata souhaitais épouser un homme comme moi, mais malgré tout, je savais qu'elle éprouvait des sentiments pour ma personne. Je me devais d'agir, mais je ne savais pas quoi faire, quel camp choisir. C'était réellement difficile et aucune aide ne m'était disponible. Je devais gérer cela seul, sans l'aide de papa et de maman qui doivent toujours autant me maudire. Eux non plus n'avaient pas demandé un fils pareil.

Du bout de tes doigtsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant