#2 CHAPITRE 4

476 56 7
                                    

Riley

Deux ans plus tôt.

La pluie torrentielle me glace jusqu'aux os. J'ai les cheveux trempés, et mes chaussures dégueulassent le sol de l'entrée. J'ai à peine refermé la porte dans mon dos que Harper apparaît de l'autre côté du couloir. Il a l'air anéanti et je n'arrive pas à endiguer la douleur dans ma poitrine. Mais je m'interdis de me laisser émouvoir par ses traits soucieux, son regard peiné trop bleu, et la ligne fine de ses lèvres sur lesquelles je cueillais ses gémissements pas plus tard que dans le milieu de la nuit. Je retire ma veste humide ainsi que mon sweat, laissant mes mèches dégouliner dans mon cou et le col de mon tee-shirt, à m'en donner des frissons. Du bout du pied, je défais mes baskets et traverse l'entrée en chaussettes.

– Riley, dit-il d'une voix penaude lorsque je le contourne pour rejoindre la chambre.

– Je n'ai pas envie de te parler.

Je l'entends soupirer et les quelques bruissements que je perçois en passant près du salon me confirment que Lance et Niklas sont levés et témoins. 

Est-ce qu'ils étaient déjà au courant ? Ou il n'y avait que moi qui n'avais pas connaissance de la grande nouvelle ! Harper et Camilla sortent ensemble. Alors qu'on baisait pendant tout ce temps !

– Je peux tout t'expliquer ! insiste-t-il en me suivant. Si tu me laisses faire.

– Il n'y a rien à dire, tu t'es juste foutu de ma gueule.

– Tu veux bien arrêter de fuir, putain ! s'agace-t-il.

Je m'arrête d'un coup avant d'atteindre ma chambre et fais volte-face pour le toiser. Il semble légèrement déstabilisé mais, très vite, il bombe la poitrine et prend une grande inspiration. Pour se donner une contenance, un semblant de maîtrise.

– Je t'écoute, le provoqué-je, le ton acide. Vas-y, explique-moi en quoi ce n'est pas ce que je crois ? Tu vas me dire que la photo est truquée ?

– Ce n'est pas truqué, avoue-t-il. Du moins, pas dans le sens que tu penses.

– Il n'y a pas dix mille façons de truquer quelque chose, Harper. 

Les silhouettes de Lance et de Niklas se matérialisent derrière lui, à l'endroit où il y a une ouverture pour accéder au salon. Ils nous observent, à la fois désabusés et inquiets. Voilà pourquoi il ne faut jamais mélanger plaisir et travail. Voilà pourquoi je ne laisse jamais personne entrer dans ma vie à ce point. Tout le monde finit toujours par me décevoir. Par m'abandonner. 

Et si je suis impatient de connaître la raison de Harper, je sais qu'elle ne va pas me plaire, qu'elle va me détruire. Parce qu'en le voyant là, tendu et déboussolé, je me rends compte qu'il m'a déjà brisé le cœur. Pas juste un morceau que j'aurais pu lui accorder, mais l'organe entier. Qu'il se l'est octroyé sans que je puisse l'en empêcher, et les dégâts sont dévastateurs et douloureux. C'est bien pour ça que je suis dans cet état de rage et de fureur. 

– Tout est faux, ils veulent que je fasse semblant d'être avec Camilla.

J'ai un mouvement de recul, lié à mon incompréhension.

– C'est quoi, cette connerie ?

– Ce n'est pas une connerie, souffle-t-il.

Il a juste enfilé un short de sport, et le tee-shirt qui couvre son torse est à moi. Je ne devrais pas ressentir cette chaleur dans mon abdomen en le voyant porter une fringue qui m'appartient, pas alors qu'il est en train de nous détruire.

– J'ai eu rendez-vous avec Marcus, au début de la semaine. 

Aussi connu comme étant notre manager principal auprès duquel August rend des comptes, Marcus est le décisionnaire et il prend ses ordres directement des hauts dirigeants d'Echo Record.

BLACK BLOSSOM (édité aux Editions Addictives)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant