IV-Séparation

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Après l'incident au cinéma, Bella n'eut plus de nouvelles de Jacob pendant trois jours entiers. Elle avait essayé de l'appeler le lendemain matin pour voir s'il allait bien, mais c'est son père qui lui avait répondu, l'informant que Jacob avait la mononucléose et qu'il devait se reposer.

Elle lui avait alors laissé du temps, mais le samedi suivant, il n'avait toujours pas rappelé et ça l'inquiétait de plus en plus. La jeune fille s'était alors ruée dans sa camionnette et avait conduit jusqu'à la réserve malgré l'averse qui s'abattait sur Forks.

Lorsqu'elle parvint chez les Black, elle vit à travers son pare-brise Jacob marchant sous la pluie battante, torse nu, le regard fixé au sol. Elle sortit rapidement de l'habitacle et se précipita vers lui tout en l'appelant.

- Jacob ! cria-t-elle plusieurs mètres derrière lui.

Mais ce dernier ne s'arrêta pas et continua son chemin comme s'il n'avait rien entendu. Depuis que la raison de sa fièvre lui avait été révélée, il avait réfléchi quasiment constamment à ce que cela impliquait dans sa relation avec Bella et la seule solution qu'il avait trouvé était de l'éloigner de lui. Alors qu'il poursuivait sa route, la jeune fille accéléra et lui agrippa l'avant-bras pour qu'il se retourne ; elle remarqua par ailleurs que sa peau était tout aussi chaude qu'au cinéma mais n'en fit pas la remarque, sa surprise étant attirée par autre chose de bien plus saisissant.

- Tu t'es coupé les cheveux ?! s'exclama-t-elle. Et tu as un tatouage ?!

Mais le garçon ne réagit absolument pas à ces propos ; maintenant qu'il l'avait vue, ses yeux s'étaient perdus dans la contemplation de la fille à la peau diaphane. Il était comme cloué au sol, ou plutôt cloué à elle. C'était comme s'il était devenu incapable de s'éloigner d'elle, cela le faisait presque souffrir. Il ressentait le besoin vital de se rapprocher et de la prendre dans ses bras, de la tenir au plus près de lui, mais il n'en fit rien, malgré la douleur que lui procurait sa retenue. Est-ce vraiment ce à quoi il pensait ? C'était actuellement la pire chose qui pouvait lui arriver.

- Bella...,gémit-il simplement.

- Je te croyais trop malade pour pouvoir sortir ou pour me répondre au téléphone, poursuivit cette dernière.

- Rentre chez toi, dit Jacob faiblement.

- Quoi ?

- Rentre chez toi, répéta-t-il plus fermement en plongeant son regard dans celui de Bella.

- Qu'est-ce qui t'es arrivé ? insista la jeune fille. Qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce que Sam est venu te voir ?

- Sam essaie seulement de m'aider ! s'énerva l'indien. Il n'est pas coupable.

- Jacob ! entendirent les amoureux au loin.

Le garçon n'eut pas de mal pour deviner que sa meute l'attendait, mais il voulait retarder au maximum le moment où il devrait quitter sa petite-amie. Bella regarda par-dessus l'épaule de Jacob qui ne s'était même pas retourné et aperçut un groupe de quatre hommes à la lisière de la forêt, tous pieds et torse nus. Elle ne reconnut que Sam et Embry, lui faisant comprendre que les agissements étranges de son copain avaient bien un rapport avec ces personnes. Mais elle n'eut pas le temps de persister en ce sens car Jacob l'avait saisie par les épaules et l'avait légèrement rapprochée de lui afin qu'elle l'écoute attentivement.

- Écoute-moi bien, articula-t-il, c'est plus possible entre nous.

- Jacob, je ne sais pas ce que j'ai fait mais je peux me rattraper.

- Tu n'y es pour rien Bella, sembla-t-il désolé, il ne s'agit que de moi.

- Qu'est-ce que tu racontes ?

Bella était à présent perdue et ne parvenait plus à réfléchir, son attention centrée sur la situation que prenaient les choses.

- C'est la vérité, soutint le basané. Je ne suis pas...quelqu'un de bien. Je l'étais autrefois. Je ne le suis plus.

Il balança sa tête en arrière et croisa ses mains sur son crâne de frustration avant de rediriger son visage crispé vers Bella.

- Et puis de toute façon ça n'a plus d'importance, compris ? Tout ça c'est le passé.

- Tu ne peux pas m'abandonner, se plaignit Bella. Je t'en prie, tu es la personne la plus importante à mes yeux. Tu me l'as promis.

- Je sais, lui assura son petit-ami. Je t'ai promis de ne jamais te faire souffrir. Et voilà comment je tiens ma promesse. Rentre chez toi, et ne reviens jamais. Ou tu en souffriras.

Voyant qu'elle ne bougeait pas, il fit un pas en arrière, puis un second, la douleur se lisant dans ses yeux, et se tourna comme si c'était la chose la plus compliquée qu'il ait faite avant de rejoindre les hommes dans la forêt, sans oser un dernier regard vers sa bien-aimée.

La fille aux loupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant