VI-Désolation

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Deux jours plus tard, Jacob se sentait encore plus mal puisqu'il n'avait pas réussi à sortir de son lit et qu'il avait cessé de se nourrir. Il réussissait malgré la difficulté grandissante à se tenir loin de Bella, mais cette nuit-là il se réveilla en sueur en ressentant le besoin de la voir. Ce besoin était devenu bien plus que physique, il sentait que c'était un besoin vital.

Il sortit de chez lui par sa fenêtre et courut jusque chez Bella en un temps record. Il vit que la lumière de sa chambre était toujours allumé alors il lança des cailloux sur sa fenêtre. La jeune fille qui réfléchissait allongée sur son lit, se leva au son des cailloux sur ses carreaux et ouvrit sa fenêtre. Elle aperçut alors Jacob dans son jardin, encore torse-nu, et même si le bouder était une idée tentante, elle ne pouvait omettre le fait qu'il lui avait terriblement manqué. Elle ouvrit sa fenêtre et n'eut même pas le temps de prononcer un mot que Jacob prit la parole.

- Recule, je vais monter, lança-t-il depuis le rez-de-chaussée.

Elle obéit et le vit grimper jusqu'à sa chambre avec une dextérité hors du commun. Elle serait presque tentée de dire qu'il n'était pas humain.

Dès qu'il fut en face de la personne dont il s'était imprégné, Jacob se sentit immédiatement bien mieux, comme s'il respirait de nouveau après avoir eu sa poitrine compressée pendant trop longtemps.

- Salut, prononça le garçon légèrement gêné de se pointer ainsi. Écoute, je suis vraiment navré.

Elle l'arrêta alors qu'il s'avançait vers elle en posant une main sur son torse.

- De quoi ? demanda-t-elle froidement.

- J'aimerais pouvoir t'expliquer, gémit-il, mais c'est totalement...impossible.

Jacob arpentait la chambre de long en large lorsqu'il aperçut l'attrape-rêve qu'il lui avait offert, toujours fixé à la tête de lit. Il ressentit à la fois du soulagement de voir qu'elle ne l'avait pas oublié et une culpabilité plus grande encore de ne pouvoir lui parler sincèrement. Il s'assit au bout de son lit et la regarda désolément.

- Tu as déjà eu un secret que tu ne pouvais confier à personne ? reprit-il. Qu'il ne t'appartenait pas de partager ?..Et bien c'est ce qu'il se passe pour moi, mais en pire. Je suis dans une situation que t'imagine même pas.

- J'ai horreur de ça, dit-elle en se rapprochant soudainement de lui et en passant sa main dans ses cheveux désormais courts. J'ignore absolument tout et ça me tue.

Il prit sa main dans la sienne et se releva, posant sa main libre sur la joue de sa douce, devenant fébrile à son contact, avant de ne plus tenir.

- Et ce qui est insupportable c'est que t'es déjà au courant ! s'échauffa-t-il en laissant transparaitre sa frustration.

Il se calma et replongea ses yeux dans ceux de sa petite-amie.

- Bella, souffla-t-il avec amour, est-ce que tu te souviens de notre balade sur la plage de la Push ? L'histoire...

Il s'arrêta comme s'il était difficile pour lui d'en parler physiquement.

- L'histoire...de tes ancêtres ? tenta Bella.

Il eut un regard plein d'espoir et se figea la bouche entre ouverte, en attente.

- Tes ancêtres ont rencontré les Cullen et ont passé un pacte avec eux, poursuivit-elle. Vous ne vous êtes jamais aimé.

- C'est plus que ça Bella, se découragea-t-il.

- J-je suis désolée, je vois pas de quoi tu veux parler.

Elle souffla de frustration en agrippant ses cheveux et se tourna de nouveau vers Jacob.

- Tu dois sûrement pouvoir faire quelque chose, tenta-t-elle de le rassurer sans même savoir de quoi il retournait.

- Non, fut-il catégorique. C'est pour toute la vie.

- On devrait peut-être s'en aller un moment, proposa Bella. S'enfuir. Rien que toi et moi.

- Tu ferais ça ? Et Charlie ?

- Je le ferais pour toi, déclara-t-elle avec sincérité.

- C'est pas une chose à laquelle je peux échapper Bella, soupira-t-il. Evidemment que je serais prêt à m'enfuir avec toi...seulement si je le pouvais.

Ils se regardèrent dans les yeux, comme si un fossé les séparaient d'un bout à l'autre de la chambre ; on voyait la douleur dans leur deux regards, mais un seul des deux amants comprenait la raison de cette douleur.

- Il faut que j'y aille, reprit-il après un moment de silence. Ils vont se demander où je suis passer.

Jacob vit la tristesse dans les yeux de Bella et son cœur se brisa un peu plus à cette vue. Il arrêta enfin de résister et se rapprocha d'elle comme son corps le demandait depuis si longtemps, afin de l'entourer de ses bras.

- Viens là, souffla-t-il.

Jacob sentit son corps s'enflammer et reprendre les forces qu'il avait perdu ces derniers jours au contact de son imprégnée. Ils soupirèrent tous deux de soulagement, profitant de cette étreinte qu'il n'avaient pas eu depuis ce qui leur semblait des semaines. Jacob inspira l'odeur de Bella, plongeant sa tête dans son cou, tandis qu'il resserrait ses bras autour d'elle, n'étant plus capable de priver son loup de son entièreté. 

- Je t'en prie, soupira-t-il contre sa peau. Essaie de te souvenir. Ce serait tellement plus simple, si tu savais.

- Je te le promets.

Jacob savait qu'il était temps pour lui de partir avant que son père ou sa meute ne se rende compte de quelque chose, mais se séparer de son imprégnée était encore plus atroce maintenant qu'il avait pu la toucher. Lorsqu'elle sentit la grippe de son petit-ami faiblir, la jeune fille essaya de le retenir, et c'est avec accablement que Jacob défit les mains de sa copine pour s'en écarter.

- Jacob qu'est-ce que tu fais ? s'affola-t-elle en le voyant approcher de la fenêtre. Non attends !

Il avait sauté par la fenêtre, et sans se tourner vers sa douce de peur de retourner vers elle, il s'enfuit dans les bois en courant.

La fille aux loupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant