Chapitre 6, la lectrice aux fleurs

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 L'héritière des plantes se déplaçait vers sa droite comme étant sa future compagne. Elle me fit un faux sourire amical qui cachait de la jalousie.

-Lorlond. très cher que faites-vous avec la paysanne? Qu'elle l'interrogeait ouvertement sans se soucier de ma présence.

Celui-ci frôlait sa paume vers la sienne, je crus que cette interaction durerait mille ans et Violette affichait tout de suite un air encore plus lumineux. Je regardais ses oreilles pointues, avec ses pouvoirs c'était tout ce qui ne séparait physiquement.

-On était sur le point de s'en aller, la paysanne me racontait des banalités sans nom. Lui répondait-il avec lassitude.

-Parfait, je peux donc vous kidnapper pendant quelques minutes.

Comme-ci malgré ma présence, elle n'allait pas le faire. Y avait-il quelque chose de mal à parler avec moi? Je ne l'aimais même pas, il était beau, mais sa personnalité ne m'attirait guère. C'était un fumier, un étron qui se présentait comme digne. Je ne comprenais peut-être finalement pas les règles de ce monde.

-Allez, viens! Qu'elle s'empressait de le faire partir.

Je les suivais du regard pendant qu'il me tournait le dos. Cependant, je ne pus m'empêcher de jeter un coup d'œil à ses épaules, crispées comme un pruneau sec. Ce détail me fit douter, ne l'aimait-il pas?

Rendue à ma fenêtre, je ne trouvais pas le courage d'y entrer. J'avais déjà manqué l'heure de manger et je devais attendre le soir pour satisfaire ma faim. J'allais me remettre à rentrer quand une idée me vint. Et si j'allais faire une cueillette de fruits et de fleurs? Je pourrais manger et aussi, faire des colliers de fleurs. Je prenais soin d'essayer de descendre les plinthes sans tomber. Il devait rester au moins un mètre et à partir de là, je pouvais me laisser glisser contre les parois. Mes pieds rencontrèrent le sol, douloureusement, ils me faisaient encore un peu mal. Je me trouvais une branche cassée assez solide pour soutenir mon poids. Je marchais lentement, puis je traversais le bois en regardant chaque buisson pour y trouver des fruits.

Je devais être partie depuis longtemps, car je ne retrouvais plus la trace du manoir. Je n'aurais pas encore réussi à trouver des baies, ni des fleurs. Je commençais à être désespéré quand je vis des champs entiers de fleurs. Il en avait de toutes les sortes. Le vent m'effleura le bras, puis je sentis la brise qu'il amenait avec lui. Celle-ci était comme respirer des nuages sucrés et addictifs. Je ne trouvais pas d'autres mots, je savais juste que ça m'attirait désespérément. Je marchais vers l'étendu fleuri et je m'asseyais dessus. J'effleura du bout des doigts l'une d'entre elles, puis tira sur sa tige. Je l'apporta proche de mon nez et elle me rendit joyeuse. J'étais tellement bien, encore plus que dans les arbres. Je laissais tomber mon dos contre celles-ci et je respirais le plus que je pouvais leurs odeurs. Je ne me vis même pas fermer les paupières.

<<J'étais en train de voler, je flottais dans le vent, un millier de ses fleurs me portant contre elles. Je riais et je souriais tellement que j'en avais mal. Je souffrais, mais ma joie passait largement par dessus. Je n'arrivais plus à respirer, mais ça m'était égal. J'avais été si longtemps triste, je pouvais au moins me le permettre. L'air commençait à se réchauffer, il faisait tant chaud. Puis la sensation de tomber des nuages. Je n'arrivais plus à voler, je voulais revenir auprès d'elles, mais j'étais entraîner au fond du précipice. Je ne vis plus rien que du noir. Je défaillis, un poid imaginable contre ma poitrine, je perdais le bout de la corde dorée des doigts.>>

Je m'étais réveillée dans une autre chambre que d'habitude. Elle sentait la rose et elle était décorée de plantes grimpantes comme de fleurs. Mon corps me faisait douloureusement souffrir. Je n'avais plus aucun souvenir de comment je m'étais retrouver dans cette chambre. Elle était plus vivante que mon ancienne, j'étais peut-être chez Violette, après tout ça aurait du sens. Je me sentais tellement faible, respirer était un fardeau insupportable. Comment faisais-je avant ça pour ne pas m'en soucier. Mes yeux me grattèrent énormément et mon nez était bloqué. Je devais être belle à voir. C'était une horreur de ne pas pouvoir bouger et le temps passait lentement.

La liseuse et l'héritier des arbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant