Chapitre 8, l'héritier de rien

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 << -Bonsoir, héritier des arbres, je me nomme Violette. Qu'elle s'adressait comme si de rien n'était.

Je ne prenais pas sa main tendue vers moi, je me contentais de ne pas la prendre. C'était qu'une fille de riche, je ne m'abaisserais pas à son niveau. Je n'étais pas l'héritier des arbres, j'étais Lorlond, fils de Raya. Je n'étais pas leur sauveur.

-Je suis l'héritier de rien. Disais-je enragé d'être loin de mes parents.

Elle me souriait en retour et me prit la main par elle-même. Mon regard se fixait sur sa main dans la mienne.

-Je suis ravie de vous rencontrer quand même, héritier de rien. Soufflait-elle de ses lèvres rosies.

Mon coeur, il battait plus vite que d'habitude, j'avais chaud et je ressentais de drôle de chose dans mon ventre.>>

Les souvenirs quittaient ma pensée et avec elle, mes regrets. Je marchais sur le sentier en destination de Flower town, j'y allais pour représenter mon peuple. Il y a des années que je n'avais plus vu Violette, son nom me provoquait encore du dégoût. Je n'oublierais jamais, même si soit disant elle le regrettait atrocement. Depuis mon retour, elle ne cessait de me rendre visite, m'agressant avec toutes ses paroles en l'air de biche perdue. Elle avait de l'espoir quand se faisant passer pour ma compagne à Victoria, elle arriverait à me faire regretter ce que je manquais. Ces paroles, dites avec tant de douceur, cachaient en réalité une jalousie explosive que même de l'eau ne saurait éteindre. Je marchais lentement, ils ne pouvaient pas commencer avant moi. Huit ans était bien trop jeune pour gouverner une cité. À neuf ans, j'avais appris toutes les règles de la bourgeoisie. À dix ans, je commençais les combats d'épée. À onze, je devais me faire respecter de mon peuple. J'avais encore l'espoir que je n'étais pas le vrai, qu'un sosie. Puis, à mes douze ans, mes pouvoirs sont apparus, alors j'étais piégé. Mon calme était souvent trompeur, trois ans auparavant, je l'avais bien compris. Parler, mon plaisir coupable, ce qui me rendait plus vivant. Je savais aussi que si je ne gardais pas tout à l'intérieur de moi, le monde serait réduit à l'état de débris. Je n'y pensa qu'une seconde, mais elle était de trop. Le vent se levait comme du gaz dans le feu. Elle emplifiait et grondait si fort qu'on aurait pu croire à un ouragan. Je retenais ma respiration et d'un geste de la main, je cessais tout ce grabuge.

L'état des terres n'intéressaient guère le conseil, ce qui leur posaient problème était que nos pouvoirs diminuaient. Térianna puisait son énergie de la terre, Violette des plantes et moi des arbres. Sans Térianna, les plantes ne pousseraient guère et sans moi, on n'existerait point. Violette était un peu comme une sous-catégorie, moins importante et plus comme de la mauvaise herbe. Elle produisait de l'oxygène dans l'eau, donc un peu mon opposé, si je me permettais.

Je m'arrêtais pour poser ma tête sur un de mes sujets en bois. Ma peau prenait le moule de son écorce. Il y a longtemps que je ne m'étais pas connectée avec eux. D'habitude j'allais à l'Aubépine, un arbre que mes ancêtres considéraient comme sacrés. Ses baies pouvaient nous donner de la confiture et nourrir les animaux sauvages. Ce qui nous avait pour l'instant sauvé était qu'il tolérait les milieux secs et venteux. Mais je ne voulais pas savoir jusqu'à quelle point

il pouvait le supporter. Mon visage contre sa couverture, je percevais notre lien indéniable. Sa respiration traversait mes veines à une vitesse stupéfiante, elle m'envoyait des décharges d'énergie. Souvent, je devais me retenir contre eux pour pouvoir terminer notre rituel sans danger de m'évanouir. Après m'être ressourcer je devenais comme une feuille au vent. Je n'avais pas de but, mais le temps que mon corps s'habitue à ces rats de marée, je n'étais plus capable de me concentrer sur rien. C'était le résultat de ne pas le faire à chaque journée, comme mon rôle le devait. Mes poumons avaient de la difficulté à bien faire avec, mes lourdes respirations me faisaient voir toutes les couleurs.

La liseuse et l'héritier des arbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant