Chapitre 3, la lectrice enfermée

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Le temps passait tellement lentement, des soldats m'avaient escortés dans une autre place. Leurs maisons étaient des arbres, des feuillus vivants dans lesquels ils vivaient. Une nuée de questions avait traversé mes pensées. Comment faisaient-ils pour trouver la place pour y habiter? Ou étaient-ils conscients que les arbres étaient vivants? Plus précédemment on m'avait bandé les yeux quand ma toilette fut finie. Des gardes de tout genre m'avaient fait passer toute la forêt à pied. Puis, maintenant je me retrouvais à attendre que quelqu'un dans un couloirs. Les murs avaient été peints, comme si on avait l'impression d'être dans une forêt. Les moulures étaient en bois et or. C'était quelque chose à voir cette tapisserie, mais ce qui m'avait le plus surpris était le plafond. Il était un tableau vivant, des nuages et le haut des feuilles des arbres y donnait l'impression d'être dans une véritable forêt. Les feuilles bougeaient emportées par les brises de vent et par la même occasion les nuages. Le tableau mouvant me faisait ressentir de la sérénité en la regardant.

Le garde qui me surveillait me prit le bras, alors je décrochais de cette tapisserie. Il me força à le suivre, il aurait juste pu me le demander poliment et je l'aurai fait. Celui-ci nous faisait traverser le long couloir pour atteindre une très grande porte. L'homme cogna à celle-ci et laissa reposer sa main sur la poignée le temps qu'une voix nous invita à entrer. Mon bras devenait rouge, car le garde ne le lâchait pas une seconde. À peine, la porte s'ouvrit qu'il me jeta dans la pièce entouré de ténèbres. Un projecteur s'alluma sur moi, je vis flou quelques secondes et je remarqua par la suite qu'il y avait trois personnes qui régnaient sur la salle. Deux femmes et un homme.

-Présentez-vous, disait un homme sortit des ombres

Je devais faire quoi? Parler, puis ensuite dire comment je m'appelais et comment j'avais traversé mon miroir par total hasard?

-Oreille ronde, parlez avant que nos héritiers s'impatientent... Grondait le vieil homme de mon silence

Les héritiers? Comme dans le livre du truc perdu des elfes et des arbres? Étais-je entré dans l'histoire, non c'était impossible. Comme traverser un miroir m'était impossible.

-Je me nomme Victoria Thorand. Disais-je de ma bouche sec

La plus grande des femmes chuchota à ses deux complices et ils acquiescèrent. Et se repositionna et se racla la gorge.

-Miss Thorand, si je peux me permettre, de quel peuple venez-vous?

Je bégayais, devais-je mentir, je ne savais quoi faire. Alors, je dis un mensonge;

-J'ai une malformation du haut de mes oreilles et je n'appartiens à aucun peuple. Déclarais-je, ma voix vacillait des aiguës aux graves.

Techniquement, c'était un demi-mensonge, la femme me scrutait d'un oeil sévère et l'homme s'avançait vers elle pour lui parler. Ils savaient, c'était sûr, ils savaient, ils n'étaient pas dupe de ma contrevérité. La manière dont je jouais avec mes doigts, de ma voix, de mes yeux fuyant et de ma respiration déséquilibrée. Je devais me reprendre, devenir irréprochable, ici c'était pas mon monde, alors je devais me montrer plus courageuse et plus forte. Je redressai mon dos et ordonna à mon cœur d'arrêter de paniquer. Je pris une dernière respiration et expirait ma peur. Je les regardais ennuyer, désinvolte de la situation.

-D'où venez-vous, Milady Thorand? Qu'il roula mon nom dans sa bouche, la façon dont il avait présenté mon prénom, me coupa le souffle.

Je voyais mal son visage et son corps de là où j'étais. Sa voix, elle traversa le flot de mes veines et me fit frissonner, tellement rauque et douce à la fois. Perturbé je perdais mon assurance, et je le vis sourire de son siège. Respire, reprends-toi, je réhaussa ma poitrine pour me donner le peu d'assurance qu'il me restait.

La liseuse et l'héritier des arbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant