Chapitre 7

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Le début des emmerdes. Voilà ce que c'était. Je le savais, je pouvais le sentir. Parce que tout pouvait simplement partir d'un rien. D'une simple fuite, d'un simple sujet, pour ensuite s'étendre comme une épidémie. D'un contaminé, on passe à deux, de deux à quatre, de quatre à huit. Ainsi de suite. Jusqu'à une révélation qui pourrait mettre en péril toute une communauté. On savait que le genre humain était doté d'un pouvoir qui nous était depuis longtemps dépassé. L'instinct de survie. Cet instinct qui les pousse dans leur retranchement afin de faire des choses que nul être ne peut soupçonner. Cet instinct qui les conduit à agir sans ne plus jamais se poser de question. L'homme était véritablement capable des pires atrocités, et peu importe notre époque, peu importe quand nous sommes nés. On a pu tous constater l'importance de la perfidie de l'être humain. Jadis ils combattait pour des choses sans doute abstraites. Le pouvoir, le territoire, la religion. Ca a toujours été. L'être humain a créé des méthodes de torture qui dépassent l'entendement. Presse humaine, poire d'angoisse, dame de fer, le taureau, le sabot, des noms qui parlent véritablement d'eux-mêmes. On peut parler du moyen-âge, mais l'homme moderne vaut-il mieux ? Personne ne parle des expériences faites sur les juifs dans les camps de concentration. Personne ne parle de ce qui se passe dans les cellules de Guantanamo, ou encore, en Syrie, en Afghanistan, personne n'ose dire tout haut, ce qui se passe en secret. Parce que personne n'ose imaginer que ce soit réel. Mais pourtant ça l'est réel. Et s'il y a bien une chose dont nous avons conscience, c'est que peu importe le fait que l'on se trouve au sommet de la chaine alimentaire, si l'homme nous craint, il serait prêt à tout pour nous éliminer, même à tuer les leur.

Une guerre, une troisième guerre mondiale, et s'en est terminé pour tout le monde. On le sait, c'est l'une des raisons pour laquelle on se cache. Parce que si nous, nous existons, qui d'autre peut être réels ? Les Lycans ? Les sorcières ? Peut-être que Salem n'était pas un mythe. Peut-être que la bête du Gévaudan était elle aussi réelle ? Peut-être que le Ragnarok a eu lieu ? Qu'est-ce qu'on en sait ? Notre réalité dépasse de loin toute rationalité. Ce n'est plus de la science, ce n'est plus de la chimie. On ignore ce que c'est, mais pourtant, nous sommes là, nous marchons, nous pensons. Nos corps sont morts depuis bien longtemps mais nous existons. Plus rien n'a de sens logique. Même pour le scientifique que je suis. Et ça me fait peur, parce que j'ai conscience des choses, parce que j'ai conscience que sans se secret, nous serions sans doute morts. Condamnés à vivre une vie de cobaye sur le simple fait que nous possédons ce que je le genre humain a toujours rêvé d'avoir... L'immortalité. Et tout ça pourquoi ? Pour une seule fuite. Une seule personne. Partie d'un rien. Ecrasant ma cigarette dans le cendrier je n'ai pas cherché plus loin. Si son ami avait voulu savoir, il n'y avait pas d'autre lieu que le commissariat pour faire des recherches, et je sais qui se trouve aussi là-bas. Alex ne risquerait jamais sa peau pour la curiosité d'un homme. Alex avait beau dire, il restait l'infant de Callan, infant de Léandre. Léandre, plus vieux vampire qui soit sur cette planète. Non pas le premier, mais l'unique rescapé de sa lignée. Une lignée ancestrale, une lignée qui remonte à la création de ce que nous sommes. Léandre a connu la destruction, il a été témoins de ce qu'une révélation pouvait donner. Il y a tellement longtemps. Il ne prendrait pas le risque de recommencer. Il ne prendrait pas le risque de créer le chaos malgré ce qu'il est. Et peu importe de le connaitre personnellement. On en a tous conscience.

Alors oui, on savait, on savait qu'il ne fallait pas faire d'erreur. Et Alex a très certainement réparé les miennes. En faisant ce qu'il sait faire de mieux. Détruire les preuves. Détruire les témoins gênants. Je pouvais sentir Senad s'agiter. Il le sentait lui aussi, que quelques choses aller se passer. Que la situation avait dégénéré, rapidement, bien trop rapidement. Hors de contrôle, comme une sorte d'épidémie qui se repends. La peste, la variole, la grippe espagnole. C'est rapide, incontrôlable. Il fallait que ça s'arrête avant que ça ne soit trop tard. Attrapant mes clés de voiture, j'ai croisé son regard, ressentant tout ce qu'il ressentait. La crainte, la peur, l'angoisse. Je savais ce que ça pouvait créer en lui, je savais que je ne pouvais pas le laisser seul quand il était comme ça.

Versus - Temps I : Le mauvais côté du cielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant