Chapitre 9

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« Maman c'est toi ? »

La porte venait de claquer. Enfin. Et sans prendre le temps de se poser de question Jordan a dévalé les escaliers. La nuit avait été compliquée, mais il avait fini par réussir à fermer les yeux. Fatigué, exténué même, il s'était laissé aller dans les bras de Morphée pour dormir quelques heures. Noémi à ses côtés. Elle ne l'avait pas quitté de la nuit, inquiète de son état, elle avait fait ce qu'elle faisait toujours. Le protéger même des démons de la nuit. Allongée à ses côtés, un bras autour de sa taille, son souffle venant lui réchauffer le cou. Elle était restée là, jusqu'au petit matin avant de se lever sans un bruit. Soupirant en constatant que le frigo était complétement vide et que le petit déjeuner serait à proscrire si elle n'allait pas chercher quelques choses à se mettre sous la dent. Jordan ne l'avait pas entendu sortir, dormant profondément. C'est le claquement de la porte qui l'a réveillé en sursaut, sans doute à l'affut malgré tout. Mais non, ce n'était pas sa mère qui venait de rentrer. C'était la jeune femme. Les bras chargés de sac de courses, le visage planqué derrière le papier Craft. Elle s'était absentée une petite heure, pas plus, juste histoire de remplir à nouveau ce frigo qui faisait peur à voir. Contenant à l'heure actuelle juste une bouteille de lait au trois-quarts entamée, un paquet de bacon et quelques œufs. Elle avait conscience que ce n'était pas à elle de les nourrir, elle était l'employée et non l'employeur, mais Morgane et ses fins de mois difficiles lui faisait de la peine et il était hors de question qu'elle les laisse mourir de faim. La famille Fell's, c'était comme une seconde famille pour elle, et elle n'était pas en manque d'argent alors ça lui faisait plaisir de donner un coup de main quand elle le pouvait.

« Toujours pas. Ce n'est que 9h du matin Jo', tu connais la notion de l'après-midi ? »

« Trop drôle. »

« Mais elle te fait savoir qu'elle t'aime. Tu vois elle va bien. Œuf, bacon, et tartine de beurre ça te va ? »

Jordan a haussé les épaules. Bien sûre que ça lui allait, même s'il n'avait pas vraiment faim. Elle se donnait tellement de mal Noémie, il ne voulait pas lui faire de la peine. Venant s'assoir à table, sans ne plus rien dire. La bonne humeur de la jeune femme l'aidant à relativiser alors qu'Atilla était déjà là, assis, humant l'odeur du bacon une fois le paquet ouvert. Noémie avait vu le message de Morgane qu'au réveil. Elle n'en avait reçu qu'un d'ailleurs. Assez vague, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Mais elle n'a rien dit. Protégeant le petit de ses angoisses en cachant la sienne. Il est vrai qu'en temps normal elle passait régulièrement des coups de téléphone. Incapable de vraiment laisser son fils malgré la confiance qu'elle accordait à Noémie. Ca devait être exceptionnelle. Elle avait sans doute dû passer une super bonne soirée et peut-être même qu'elle dormait encore. Ca faisait tellement longtemps qu'elle ne sortait plus Morgane. Alors si elle profitait autant la laisser faire. Elle aussi avait bien le droit de lâcher la bride un peu. C'était humain et à trente ans encore plus. Elle était encore jeune et c'était temps qu'elle s'accorde un petit moment de bonheur à l'extérieur que celui que lui donnait déjà son fils. Alors elle ne se posait pas plus de question que ça, son téléphone planqué dans la poche arrière de son Jean pendant qu'elle préparait le petit déjeuner.

« Ca te dit d'aller au ciné après manger ? On pourrait profiter pour faire quelque chose. »

« J'peux pas j'ai des devoirs à faire »

« Jo' on est mercredi. Tu peux souffler un peu ? Tu feras ça demain ou plus tard ce n'est pas très grave. »

« Non j'peux pas je te dis. Je dois... »

« Tu dois quoi petite tête ? »

Faire les devoirs des autres. Encore une fois. Elle le savait. Enfin tout du moins, elle s'en doutait. Les camarades de Jordan adoraient le faire chier en lui demandant de faire les devoirs à leur place. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il le faisait, mais il le faisait bien. Rédigeant chaque devoir de façon différentes afin que personne ne puisse voir l'entourloupe. C'était abusé. Noémie sentit son sang ne faire qu'un tour dans ses veines, délaissant finalement son petit déjeuner de roi pour se reconcentrer sur l'enfant. Il transpirait tellement le mal être parfois. Comment personne ne pouvait rien voir et ne pas réagir face à une telle détresse ? Ca crevait les yeux qu'il était en plein désespoir et qu'il avait besoin d'aide. Le harcèlement scolaire, c'était vraiment un truc qui la dégoutait. Elle qui étudiait la psychologie, elle ne supportait pas ça. Laisser les autres dans leur souffrance personnelle.

Versus - Temps I : Le mauvais côté du cielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant