Chapitre 65

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23 décembre

— Demain, c'est le réveillon. 

Chris releva le nez de son potage au potiron pour dévisager Capucine à travers ses cils. Ses cheveux blonds ébouriffés, elle semblait encore dans les vapeurs du sommeil malgré les deux cafés qu'elle venait de siroter. 

Il n'était que sept heures trente du matin et la jeune femme parlait avec Chris depuis presque une demi-heure. Inquiète pour son patient, elle avait accepté de venir en dehors de ses heures de travail pour deux séances exceptionnelles. 

— J'espère que mes parents payent pour les déplacements et les heures supp, réfléchit Chris à voix haute. Parce que ce serait vraiment irrespectueux, sinon. 

Il but encore une gorgée de soupe tandis que Capucine riait en le rassurant : oui, ses parents la rémunéraient à la hauteur de son mérite.

[Sincèrement, la question était pertinente ! Ha, oui, je reviens sur ce souvenir parce que les précédents sont encore trop flous et douloureux pour que j'aie envie de les commenter. Mais le 23 décembre, soit avant-hier, est le jour où j'ai vraiment refait surface. Grâce à Capucine, en partie, mais surtout grâce à mes amis. À l'occasion, il faudrait que je les remercie pour ce qu'ils ont fait pour moi !]

— Comme je te le disais, demain, c'est le réveillon, reprit Capucine. Et je ne pourrai pas venir. Si vraiment tu en as besoin, je peux me libérer le 28, mais pas avant. 

Chris haussa les épaules : il ne voyait pas où elle voulait en venir.

— Tu as accepté de m'entendre, et d'entendre ton frère. Ton futur beau-frère aussi. Mais c'est tout pour le moment. Même tes amis se sont heurtés à un mur. 

Elle porta sa tasse de thé à ses lèvres, aspira une gorgée brûlante sans grimacer.

[Sans doute que le thé n'était plus si chaud que ça !]

— Ce que j'essaie de te dire, Chris, c'est que nous t'avons mis sur le chemin, mais c'est à toi de décider si tu veux avancer sur ce chemin où si tu préfères te morfondre sur le bas côté. Ce chemin te promet de belles choses. Tes amis t'y attendent. Ta mère et ton père. Ta sœur aussi, même si tu lui en veux énormément. Ils sauront te protéger à chacun de tes pas !

— Mais Cam n'y sera pas, sur ce chemin, murmura Chris.

Capucine posa sur lui un regard désemparé. 

[Normal, cette partie de l'histoire, je n'en avais parlé à personne. Ils savaient seulement que Cam était parti. Que Cam ne répondait pas au téléphone. Pourquoi ? Pour combien de temps ? Tout le monde l'ignorait, moi compris.]

— Tes parents m'ont parlé de son absence sans m'en dire davantage. Tu veux m'en parler ?

Chris secoua la tête.

— Je comprends. Se forcer à parler n'apporte rien de bon. Mais Chris, se renfermer non plus. Tu dois trouver un moyen de communication. Celui qui fonctionnera pour toi, peu importe lequel. Lettre, mail, SMS, appel téléphonique, peu importe, mais tu dois en trouver un pour éviter de ressombrer. Et continue de prendre ton traitement. Même quand tu te sentiras mieux, n'arrête pas de le prendre sans m'en avoir parlé au préalable ! Tu risquerais de te sentir encore plus mal. Même si je ne peux pas venir, je resterai disponible à toute heure si tu veux m'appeler ou m'envoyer des messages, d'accord ? Je laisserai aussi un numéro d'urgence à tes parents dans le cas exceptionnel ou je ne pourrais pas répondre.

— C'est Noël, vous serez en famille, normal de pas répondre à un idiot qui fait une crise. 

— Tu n'es pas idiot, Chris, tu es un jeune homme intelligent qui réagit parfois de manière stupide. Comme tout le monde. Et je suis là pour t'aider. D'accord ? 

Chris, ou comment se prendre pour Cupidon à NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant