Chapitre 24.1

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1 Décembre.

Chris ignorait depuis combien de temps il était là, le nez enfoui dans le pull de Cam, les bras noués autour de sa taille. Il se sentait... plutôt bien, compte tenu de circonstances.

Un peu vaseux, encore un peu nauséeux, les épaules crispées... mais bien.

Il ne détestait pas, en tout cas, le contact du torse de Cam contre le sien. C'était plutôt rassurant. Plutôt apaisant, comme l'avaient été les mains du jeune homme sur ses muscles crispés dans l'après-midi.

Oui. Il se sentait bien. Et peut-être même avait-il envie de rester comme ça encore un peu.

[Sauf que rien ne se passe jamais comme on le prévoit. En m'apaisant, j'avais permis à mes pensées de recommencer à vagabonder. Et si elles ne vagabondaient plus du tout vers Côle, ni même la réunion... elles s'agglutinaient sur Cam autant que je m'agrippais à lui pour ne pas m'effondrer.

Et c'est comme si d'un coup, une multitude de détails me percutaient.

Bon. Pas d'emballement : je n'entravais toujours que dalle aux sentiments de Cam à mon égard.

Honnêtement, les miens étaient un foutoir suffisant sans devoir ajouter ceux de mon adorable voisin ! Même s'il faut admettre que les perches tendues à de (très très très) nombreuses reprises par Cam y furent pour beaucoup dans la perte de mes œillères.]

Alors que Chris se détendait, une odeur de tabac froid et de sueur le fit reculer. Malgré lui, il fronça le nez et Cam, gêné, remonta ses lunettes sur son nez.

— Désolé, je n'ai pas pris le temps de me changer avant de venir. Je pue, c'est ça ?

— Ouais. Tu peux prendre une douche et des fringues propres si tu veux, on fait à peu près la même taille. En plus je... je crois que je me suis mouché sur ton épaule, j'suis désolé !

Cam lorgna son épaule, exagéra une moue dégoûtée avant de retirer son pull.

[Et son T-shirt par la même occasion. Une des grandes qualités de Cam, il finit très vite torse nu !]

Le regard de Chris traîna un peu plus que de raison sur les abdos dévoilés avant de se détourner. Si Cam perçut son malaise...

[Clairement.]

... il s'abstint du moindre commentaire et fila à la salle de bains. Malgré lui, Chris releva le nez pour observer le dos bien fait, les hanches sculptées et les fesses musclées de son invité.

— Bourbe, jura-t-il sitôt seul, la bouche sèche. Le regarde pas comme ça. Il est hétéro.

Le jeune homme ferma les yeux. Non. Il ne devait surtout pas recommencer à cogiter. Il ne devait pas se souvenir des "blagues" de Cam sur sa potentielle bisexualité. Il ne devait pas repenser au "ça me convient" entendu lorsqu'il avait fait par à son voisin des doutes de sa mère.

Et surtout, surtout... il devait bannir ce "et plus si affinités" qui lui polluait le cervelet.

— Ca suffit, Chris, arrête !! s'invectiva-t-il en croisant son reflet dans le four. Il est hétéro. Hétéro, hétéro. Tu le vois comme un ami, rien d'autre. Il est beaucoup trop bien pour toi de toute façon, trop gentil, trop tout. Même s'il était bi, il mériterait pas de se faire utiliser pour que t'amuses alors que tu penses encore à Côle. Alors STOP !

[Comme si ronchonner dans ma cuisine avait la moindre chance de fonctionner.

J'ai continué à réfléchir. À penser. À me demander ce qui clochait chez moi pour qu'une part de ma personne reste focalisée sur Côle, qui avait visiblement tourné la page en plus de m'avoir fait souffrir.

Chris, ou comment se prendre pour Cupidon à NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant