Alex
Comment passe-t-on en quinze petites heures d'une limousine avec chauffeur à Boston à un vieux pick-up au milieu de... nulle part ?
Très simple, il suffit d'être moi, le mec qui se fourre toujours malgré lui dans les pires emmerdes.
Ok, pour avoir la vie tranquille, j'ai pas forcément choisi la meilleure profession, mais c'est pas comme si j'avais eu beaucoup de choix.
Être escort pour des mecs friqués et sans morale, c'est pas une vocation, c'est un moyen de survie.Enfin là sur le coup, la survie, elle est en train de prendre un nouveau niveau...
J'ai pas demandé à assister à un meurtre, et à devoir fuir pour sauver ma peau. Je me serai parfaitement contenté de vendre mon corps pour quelques heures, ça j'ai l'habitude, hélas...Mais voilà, pour un banal accrochage, il y a eu un mort et j'ai dû fuir en urgence.
Dans mon malheur, j'ai eu la chance de tomber sur un inspecteur qui a compris la gravité de la situation en entendant le nom de l'assassin.
Et le mec, au lieu de me remettre aux mains du service de protection des témoins qu'il ne jugeait pas apte à pouvoir garantir ma sécurité, m'a fait disparaitre, littéralement.Après avoir acheté des fringues Rick m'a fait changer pour que mon allure n'attire pas l'attention. Il a tenu à revérifier que je n'avais emporté aucun moyen de contact extérieur. Un peu parano le mec, mais sur le coup, ça m'arrange.
En plus faut avouer, Rick est super beau gosse. Vraiment ma came !
Grand, musclé, un bronzage qui montre une vie au grand air, de beaux yeux verts bordés de cils longs et épais.
Le mec pourrait faire les couvertures de GQ.On aurait pu croire que le mec serait blasé de tout laisser tomber en urgence pour aller récupérer un petit con qui avait mis inutilement sa vie en danger, mais non.
Alors oui il semble concentré dans tout ce qu'il fait, mais j'ai plus l'impression que c'est le fait d'être entouré de monde qui le stresse.
Depuis qu'on s'éloigne de la ville, j'ai l'impression qu'il commence à se détendre.Depuis qu'on a quitté Prairie City, il n'a pas lâché un mot, il est peut être temps de détendre l'atmosphère.
- Ça fait longtemps que vous vous connaissez avec l'inspecteur ?
- 12 ans. On est rentrés dans les Marines ensemble.
Quand on a été démobilisés, il est rentré chez les flics, et moi j'ai fui la civilisation.
- Oh... Et ça vous manque pas parfois ?
- Non vraiment pas. Pourtant dans ma jeunesse, j'ai détesté cette vie loin de tout et j'ai fui aussi loin que possible en m'engageant dans l'armée. Mais le retour c'est mal passé et je voulais plus voir personne.
- Et malgré tout, vous accueillez des inconnus, juste parce que votre ami vous dit de les garder en sécurité... C'est bizarre.
- Sam m'a sauvé la vie. Alors il est normal que je l'aide quand il en a besoin.
- Tout le monde n'en ferai pas autant.
- C'est dommage, et c'est pour ça que j'évite au maximum les gens, je les comprends pas vraiment.
- C'est comment chez vous ?
- D'abord on va simplifier la chose, on va passer au tutoiement. On va vivre ensemble longtemps, le vous ça va vite me taper sur les noix.
Donc chez moi...
Si tu as toujours habité Boston, ça risque de te changer de ce que tu connais.
En fait c'est un grand chalet perdu au milieu de nulle part pour l'atteindre il faut rouler sur 10kms sur une petite route de terre, dont l'accès n'est connu que des locaux.
Mon premier voisin est à 8kms à vol d'oiseau. Et c'est près de chez lui que se situe l'embranchement. Impossible pour qui que ce soit d'emprunter le chemin sans qu'il m'en informe, on fonctionne beaucoup par radio dans le coin.
Le chalet est...on va dire rustique.
J'ai l'électricité grâce à des panneaux solaires, mais ils servent surtout à alimenter un frigo et un congélateur.
Pour le chauffage, l'eau chaude et la nourriture, j'ai une chaudière à bois. Pour le carburant, j'ai une grosse citerne, que je fais remplir une fois par an.
Pour la nourriture, je cultive, je fais des conserves, du troc, je pêche et je chasse, et j'ai quelques animaux domestiques.
- Donc tu es autonome ?
- Oui quasiment. Il me faut quand même parfois aller en ville pour les fringues, du matériel de réparation, ou de l'outillage.
- Wahou... Effectivement ça va me changer, mais ce sera pas pire que certains endroits où j'ai vécu. Au moins y'a du confort, et de la nourriture.
- Ça a pas toujours été le cas pour toi ?
- Non, j'ai vécu quelques années dans la rue.
- Oh merde, il t'est arrivé quoi ?
- Euh... À quel point tu es large d'esprit ?
- Question bizarre. Je dirais qu'il faut beaucoup de choses pour me choquer, mais c'est pas impossible...
- Bon je me lance... Pfff... En fait à quatorze ans j'ai avoué à mes parents que j'étais plus attiré par les garçons que par les filles.
Ma mère s'est évanouie, mon père m'a regardé avec horreur, m'a filé une grosse paire de mandales, et il m'a enfermé dans ma chambre pour que je réfléchisse à "mes choix", en me disant que je ne sortirai que lorsque je reviendrai à de meilleures résolutions, quitte à ce qu'il doivent me convaincre à coups de ceinture.
Au bout de sept jours de ce traitement, j'ai réussi à fracasser la fenêtre et les volets de ma chambre qu'il avait bloqués, j'ai sauté par la fenêtre du premier étage et je me suis enfui. Je n'y suis jamais retourné.
- Et du coup tu étais dans la rue à quatorze ans ???
Comment tu as survécu ?
- Mendicité, vol, et... parfois prostitution...
- Merde... Je tiendrai tes parents, je pense que je leur ferai passer un sale quart d'heure...
- Et moi ce que j'ai fait ça te perturbe pas plus que ça ??
- Tu devais survivre, je cautionne pas, mais je te comprends. Je sais pas si j'aurai eu ton courage.
- C'est toi l'ancien militaire, et moi le mec qui a du courage ? T'es en plein délire là...
- Non pas du tout. Moi j'ai quitté mon foyer à 18 ans parce que je supportais pas la monotonie de la vie que menaient mes parents.
J'ai voulu rentrer à l'armée pour vivre une vie exaltante. Voyager, prendre des risques, gagner du fric, trouver une femme parfaite après avoir culbuté tous les petits culs que l'uniforme attire...
Au final, j'ai voyagé, mais dans les pires endroits du monde, j'ai failli crever à plusieurs reprises, j'ai été blessé, j'ai perdu des frères d'armes, ai été obligé de quitter l'armée, et ma femme a décidé que sans le prestige de l'uniforme, je n'avais plus aucun intérêt.
Mes parents et leur vie que je trouvais médiocre, avaient, eux, été tués dans un incendie pendant une de mes missions.
J'en suis ressorti brisé avec un petite pension pour me récompenser du service rendu à ma patrie.
Du coup je suis rentré la queue entre les jambes dans cette propriété que j'avais fui, pour au final m'apercevoir que j'avais couru après des chimères .
C'est pas du courage, c'est de la connerie.
- Ouais mais toi tu peux toujours te regarder droit dans une glace. Moi, c'est pas vraiment le cas.
- Tu as déjà fait du mal à quelqu'un intentionnellement ?
- Non ! Jamais !
- Moi j'ai abattu des gens parce qu'on m'en a donné l'ordre. Je ne sais même pas si ces personnes le méritaient ou pas, j'ai juste obéit.
Alors se regarder dans une glace...
- Hmm ouais... Vu sous cet angle.
Mais... Euh...
- Crache ta pastille, fais pas le timide.
- Le fait que je sois pas hétéro, ça... ça te dérange pas ?
- Pourquoi ça me perturberait ? Ça te dérange que je le sois ?
- Non , mais c'est pas pareil...
- Je vois pas en quoi. On aime qui on aime, tant que les gens sont consentants, pourquoi se poser des questions ?
- C'est rare une réaction comme ça...
- Je t'ai dit que j'avais du mal à comprendre les gens... C'est pas pour rien qu'au final je suis revenu vivre dans mon trou.
- On est encore loin ? J'ai l'impression que ça fait des heures qu'on traverse la forêt.
- On y sera dans moins de dix minutes. Tu as réussi à dormir depuis ton départ de Boston ?
- Non... Et j'ai quitté mon lit il y a .... Merde ! 29 heures...
- Et ton dernier repas ?
- 14h...
- Ok affamé et épuisé. je vais te préparer un truc vite fait, j'ai de quoi faire des sandwichs dans le garde manger, et tu vas pouvoir aller te reposer ensuite.
- Je sais pas comment j'arriverai à te remercier pour tout ce que tu fais pour moi. Mais j'espère pouvoir le faire.
- T'inquiètes pas, tu n'auras qu'à me donner un coup de main si tu en as envie quand tu seras remis de tout ça.
Allez on arrive !
- C'est ça le châlet ??? C'est plus grand que j'imaginais...
- Ouais bin vivre en ermite n'empêche pas de vouloir être à l'aise.À l'aise, tu parles ! C'est superbe. Tous les murs sont en bois, les poutres de soutien sont sculptées, ornées de gravures de lierre grimpant, de fleurs et de petits animaux.
De grandes fenêtres ouvrent la vue à un paysage grandiose, garantissant des pièces lumineuses.
Une cheminée en pierre, un poêle dans la cuisine, un salon en cuir qui semble ultra confortable. Une bibliothèque gigantesque. Des tapis moelleux. Deux chambres format xxl, et une salle d'eau avec une douche gigantesque.Ouais rustique mais super confortable. Quand il a parlé d'un chalet, je voyais plutôt la maison de la petite maison dans la prairie...
Là c'est grand luxe à côté. Je vais enfin pouvoir recommencer à respirer...

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Un autre monde
RomanceRomance gay Suite à son départ de l'armée et à la fin de son mariage, Rick décide de tout quitter pour vivre en autonomie au fond des bois. Cette vie, il la connait bien puisqu'il l'a quittée il y a 12 ans pour ne pas vivre la même vie que ses pare...