chapitre 11

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Rick

Pourquoi, quand je suis avec Alex, je n'arrive pas à garder pour moi tout ce qui se passe dans ma tête ?
Ce mec a cet effet sur moi de me faire cracher tout ce qu'habituellement je cache bien profondément planqué au fond de moi. Vous savez, là où soi-même on a parfois du mal à aller.

Bin non. Je parle et je me rends compte après que je pense ce que j'ai dit.

Pendant des années j'ai gardé pour moi mes pensées, pas très fier de ce que je cachais de moi aux autres.
Je me voyais dur et colérique, et c'est pour ça que j'essayais de compenser.

Il n'y avait qu'avec une arme entre les mains que je me sentais bien. J'avais l'impression que chaque balle tirée était un peu de ma colère que j'extirpais de moi
Et en fait non, j'avais juste bien tout enfoui bien au fond sous des couches et des couches de tristesse et de solitude.
Oui entouré de mes frères d'armes ou de ma femme, j'étais toujours seul, puisque personne ne voyait le moi que je ne connaissais pas moi même.

Celui que je laisse sortir petit à petit depuis que j'ai rencontré Alex.
Celui avec qui je suis en train de faire la paix.

Calés tous les deux sur le canapé, nous profitons chacun de notre côté de ce moment de calme généré par nos lectures.
J'ai étendu mes jambes sur la table basse devant moi, Snow, à son habitude est couché à mes pieds, et Alex est étendu sur le canapé, sur le côté, jambes repliées, limite position foetale.
Une couverture épaisse est étendue sur nous, transformant la zone en gros cocon moelleux.

Je suis bien, au chaud et en bonne compagnie. Que demander de plus ?

Mon livre est bon, mais mes pensées se portent sans cesse vers ce petit bout d'homme à côté de moi.
Le regarder lire est un spectacle en soi. L'intensité de ce qu'il lit se reflète sur son visage, dans ses yeux.
C'est marrant, je peux presque deviner à quel moment de l'histoire il se trouve, juste en le regardant lui.

Ses pieds viennent se coller à ma cuisse, en recherche de chaleur, sans même qu'il s'en rende compte tellement il est pris dans son roman.
J'aime bien cette sensation.

Je n'ai toujours regardé que le physique des femmes, leur douceur, leurs rondeurs. Les hommes ne m'ont jamais attiré l'oeil, trop durs, tout en angles, autant par leur esprit que leur physique.

Mais Alex... C'est un être doux et il ne présente aucun angle pointu. Il n'a pas de poitrine, et est tout fin, mais...
Et bien...son corps me plaît...
Bon ok , je ne l'ai pas vu intégralement, mais j'ai vu assez d'hommes sous la douche pour savoir que c'est pas la vue d'un pénis qui me perturbe.
Mais pour la première fois, je me demande ce que ça peut faire de toucher le corps d'un autre homme.

Pendant que mon cerveau principal réfléchit à cette possibilité, je me rends compte que mon cerveau secondaire, plus primaire, lui se pose bien moins de questions.
Il sens le contact d'une autre personne, ça lui plaît, et il se manifeste par une semi érection totalement inappropriée à la situation.

Enfin quoi, c'est pas comme si on était en train de se chauffer. Il n'y a aucun geste ambigu, pourtant ma queue semble décidée à vivre sa propre vie, en me disant qu'elle ne voit pas pourquoi je me pose tant de questions.

J'ai rarement de grandes conversations avec mon pénis.
Je lui en ai voulu un moment d'avoir dirigé ma vie, en m'obligeant à supporter toutes les exigences d'une femme qui au final ne m'a certainement jamais aimé.

Et là je découvre que contrairement à ce que j'ai toujours cru, il ne semble pas perturbé par le fait que le corps qui touche le mien est celui d'un autre homme, et pas celui d'une femme.

Je sens qu'Alex, en fait, n'est pas bien installé. Il essaye au maximum de ne pas déranger et s'efforce de prendre le moins de place possible.
Je me saisi alors de ses chevilles et positionne ses mollets en travers de mes cuisses.
Alex lève un œil de son livre, intrigué, par mon geste et je le rassure d'un sourire.

- C'est pas bon pour toi d'être tout plié, tu vas attraper mal au dos.
- Hmm... Merci.

Alex reprend sa lecture et je me surprends à être bien, installé comme ça.
Bon juste légèrement sous pression localement, puisque ma queue semble apprécier le contact supplémentaire.

Ma main est restée posée sur sa jambe, je décide de l'y laisser.
Malgré moi mon pouce vient caresser doucement son mollet. J'ai repris mon roman et je n'en ai même pas conscience.

- Tu sais que si tu continues, il faudra pas te plaindre si quand je me relève tu tombes sur une érection malvenue.
- Si je continues quoi ?
- Ce que tu fais avec ton pouce.
- Avec... Oh merde, désolé je m'en étais pas rendu compte.
- Soit pas désolé, c'est très agréable. Juste voilà...justement c'est agréable, alors...
- Bah tant pis, au moins je me sentirais moins con
- Hein ? Pourquoi.
- Parce que ma queue a décidé de se mettre à bander depuis que tu as calé tes pieds contre moi... Et que je ne maîtrise pas grand chose...
- Bon alors tu peux continuer si tu veux. Moi ça me dérange pas, ça fait du bien.
Je suis pas habitué à me faire papouyer, c'est agréable.
- J'avoue que ça m'est pas arrivé depuis longtemps non plus. Emmy détestait que je la "tripote" comme elle disait.
En dehors du pieu elle ne supportait pas le contact, surtout en public. Là elle pétait carrément les plombs si je ne faisais que l'effleurer.
- Oh... C'était peut être pas quelqu'un de tactile.
- Même pas... Depuis notre rupture j'ai eu des nouvelles d'elle par Sam. Elle s'est mise en couple avec un autre Marines d'un autre escadron. Apparemment lors des soirées organisées pour les familles de militaires, ils sont collés en permanence, et n'arrêtent pas de se rouler des pelles devant tout le monde.
Donc je pense que c'est vraiment mon contact qu'elle ne supportait pas.
- Bin désolé, mais pour moi ta femme c'était une connasse débile qui ne saura jamais ce qu'elle a perdu. Et c'est tant mieux.
- Hmm ou c'était moi le débile qui n'ai pas su montrer qui j'étais et me suis perdu au profit de sa personnalité.
- Bin en tous cas, je suis ravi que tu ai retrouvé ton vrai toi, je l'aime bien.
- Mouais. Allez reprend ton livre, je vois que tu arrives au meilleur moment.
- Tu l'as lu ?
- Ouaip !
- Alors tais-toi et me spoile pas. Tu peux par contre continuer à me tripoter, moi j'aime ça.

Alex reprend son livre et moi je sourie comme un idiot.
On peut pas vraiment appeler ça du tripotage, tout juste une légère caresse. Mais j'aime bien qu'il me laisse le toucher sans râler.
Depuis mon enfance, je n'ai pas connu d'échange de gestes tendres, hormis dans un cadre de plaisir sexuel.
Oh je ne dis pas que ça ne joue pas sur ma libido, ma queue est bien dure maintenant pour prouver le contraire, mais ce n'est pas le but de la manœuvre, et ça me fait autant de bien qu'à lui visiblement.

Alors pourquoi se priver ?

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