STAR IN SPITE OF HIMSELF || L.S.

XV

24 décembre
Louis Tomlinson

C'est vrai que ma journée est assez banale. Assez triste pour certains.  Normalement quand c'est son anniversaire on est entouré de ceux qu'on aime et auxquels on tient très fort. C'est un jour où la solitude et la tristesse n'existent pas. Et j'avoue ne jamais avoir connu l'inverse de cette gaieté en ce jour de mon anniversaire. Je suis très famille, on ne peut pas me l'enlever. Et j'ai peu d'amis mais ils sont des membres à part entière de ma famille depuis le temps que je les connais. Non vraiment ça à toujours été un jour festif. Et puis Harry m'a toujours mis des paillettes dans les yeux à vouloir me faire des surprises. Je me sentais mal parfois, il a toujours su faire de superbes cadeaux et comparés aux siens, ceux que je lui faisais étaient nuls.  Or aujourd'hui je suis passé de l'autre côté de la passerelle. C'est seul que je passe cette journée. Je pourrais aller à Donny, ce n'est pas le problème puisque Lottie m'a appelé de nombreuses fois pour me convaincre de passer ce moment avec le reste des Tommo. Mais je crois qu'il me faut un temps pour me poser avec moi-même, assimiler tout ce qu'il s'est passé ces derniers temps. Alors j'ai menti à ma petite soeur. Oui je sais que c'est mal et je m'en sens un peu coupable mais si elle le savait elle ne m'en voudrait pas. Je ne la connais que trop bien.  Je lui ai dit qu'Oli viendrait à l'appartement aujourd'hui et c'est comme faux.

Dans tous les cas aujourd'hui je suis seul dans mon appartement londonien. Je ne me suis rien prévu  en terme de programme. Il est onze heures du matin, je me suis réveillé il y a dix minutes. J'ai la tête dans le cul alors que je n'ai ni bu, ni pris quelconque autre substance illicite et mon activité de hier soir était d'être affalé dans mon canapé à regarder un documentaire sur les cailloux. Vous allez me dire que ma soirée avait l'air d'un ennui fou, surtout si j'étais seulement en compagnie de cailloux. Et bien laissez moi vous dire que ces trucs gris inanimés sont bien de plus intéressants que la plupart des personnes sur cette planète. En plus j'ai pu apprendre pleins de choses intéressantes et vais pouvoir me la péter lors de mes futures conversations.
Je regarde par la grande fenêtre de mon salon, la circulation des passants et des cyclistes sous mes pieds. Tout à l'air calme et agité en même temps, sûrement dû à l'excitation des gens pour le dîner de ce soir. Ils sont tous là avec leurs gros sacs et leurs tenues élégantes – les londoniens ont un chic naturel. Moi je suis juste en t-shirt trop grand pour moi et en jogging, mes pieds nus sur le plancher. Mes yeux sont petits. Je me suis fait couler un café, j'ai besoin de quelque chose pour me booster sinon je vais être une vraie limace toute la journée. Même si je n'ai rien prévu et que je ne vais certainement pas sortir de mon chez moi, je ne veux pas être une taupe, ça va me mettre de mauvaise humeur. Ainsi le café est la solution idéale.

Le soleil est timide et je le préfère comme ça. Je tiens ma tasse entre mes deux mains, la chaleur de celle-ci réchauffe mes paumes. C'est une sensation agréable. Après avoir avalé le liquide noir je m'échappe sous la douche, laissant l'eau tiède se faufiler sur chaque petite parcelle de mon corps et le détend, ramollissant mes muscles auparavant tendus. En cet instant je ne pense à rien ni à personne mis à part moi et moi seul. Cela fait des lustres que ce ne m'est pas arrivé. Après la douche je revêts un jogging (cette fois propre) et un hoodie en plus d'un de mes nombreux bonnets. Les bonnets ont quelque chose de réconfortant que je ne pourrais pas expliquer ; mais quand j'en porte un je me sens de suite plus en sécurité.

Assis sur mon canapé, je joue quelques petites notes avec ma guitare.
J'essaie de composer une mélodie, ou quelque chose qui s'en approche. N'importe quoi. Je veux réussir à sortir un truc, même cliché ou sans paroles profondes. N'importe quoi. Mais je veux retrouver ma créativité. J'ai sorti Just Hold On avec Steve et c'est franchement super, plus les jours passent, plus les gens aiment et le son monte toujours un peu plus haut dans le classement des Charts. Or il me faut un truc plus...personnel. Je n'ai pas grande inspiration et sors de choses qui n'ont aucun sens. Je chantonne ce que j'observe, comment je vois les gens dehors et les petits détails qui me dérangent dans leurs comportements. Mais ce n'est pas grave car au bout d'une bonne heure et demie je trouve une mélodie qui me plaît grandement. Naturellement, je parle de maman et de ce que je ressens. Tout ce que je n'est pas dit, je le livre ici et maintenant. C'est une musique très douce et plein d'espoir malgré la tristesse fort présente. Je ne sais vraiment ce que cela donnera dans le futur, si quelqu'un d'autre que moi l'entendera. Dans tous les cas je la rechante une nouvelle fois mais en l'enregistrant dans mon téléphone. Je renomme cette note vocale " Two of Us" et me sens satisfait de mon travail du jour.

*

La soirée est tombée rapidement sur la capitale britannique. Les décorations extérieurs se sont allumées et je peux voir de mon appartement l'immense sapin au bout de l'avenue. Ce sapin fait au moins trente mètres de haut et rayonne de milles feux. Ses boules sont blanches et certaines sont nacrées. Il est habitué de guirlandes lumineuses qui reflètent dans les yeux des petits comme des grands, émerveillés par le spectacle face à eux. Ce soir, une petite chorale s'est installé à son pied. Je ne les entends pas mais ils chantent des chants joyeux qui font gonflés les coeurs d'amour. Les passants sont tous charmés, ayant les bras pleins de sacs et de cadeaux prêts à être invité par leur hôte du soir. Voir cette joie collective sous mes yeux me fait esquisser un sourire. Je ferme mon épais rideaux couleur taupe et après avoir préparé un petit plateau repas (en vrai j'avoue avoir commandé Uber Eat parce que je ne suis vraiment pas l'ami des casseroles) je me pose confortablement dans mon canapé pour regarder Grease. J'ai toujours aimé ce film, c'est mon favori. Je connais chaque replique sur le bout des doigts ! D'ailleurs, plus jeune j'ai joué Danny Zuko, j'ai encore la veste qui à été conçue exprès pour cette représentation dans mon placard.

Vous allez avoir de la peine à le croire, moi même ça m'est difficile mais je me suis endormi devant le film !  Mes yeux s'ouvrent avec difficulté. Je suis allongé sur le flanc, ma tête reposant sur le coussin près de l'accoudoir. Le générique de fin défile. Je regarde l'heure sur mon téléphone pour avoir un minimum de repères, je me suis endormi comme une masse. Au même moment je vois quelque chose qui m'a l'air plus que suspicieux.

Un message. Un message avec un emoji coeur rouge à la fin. Un message avec un emoji coeur rouge à la fin de Harry.

Je crois sentir mon pouls s'arrête, même lui a fait un arrêt cardiaque. Mes yeux sont globuleux, ma mâchoire relâchée faisant que j'ai la bouche grande ouverte. Bah alors ça, qui l'eut cru ! Je m'empresse de lire ses mots.

"Salut Lou...Je ne sais pas vraiment quand est-ce que tu vas lire ça. Je voulais juste te souhaiter de bonnes fêtes de fin d'année et un joyeux anniversaire. Je sais que cette année est assez particulière pour toi et ta famille. Ça doit être dur, mais je vous soutiens de tout coeur. En espérant malgré tout que tu as passé une bonne journée avec ceux que tu aimes et que tu as eu de beaux cadeaux. J'espère aussi que Freddie va bien ? Maman m'a dit qu'elle avait été navrée de ne pas pouvoir venir aux obsèques de Jay et qu'elle t'envoie plein d'amour. Je ne veux pas plus te déranger, tu dois être occupé à t'amuser. Dans tous les cas, bon anniversaire Louis, tous mes voeux ❤️

H x"

Une larme coule silencieusement et délicatement le long de ma joue. C'est une larme de joie.