𝙿𝚊𝚛𝚊𝚍𝚒𝚜, 𝚋𝚊𝚜-𝚏𝚘𝚗𝚍𝚜, 𝟾𝟹0
– Bon sang, tranche-lui la gorge !
Il la surplombait de toute sa hauteur, projetant son ombre noire et gigantesque sur la table. Il était si proche qu'elle pouvait sentir les postillons de colère s'échouer sur sa peau claire. À cela s'ajoutait son odeur âcre, rongée par l'alcool et la fumée qui imprégnait la moindre maille de ses vêtements.
Anastasia devait tenir bon, ne pas céder complètement face aux émotions bouleversant son âme. La main tremblotante, elle s'empara du couteau fermement planté dans le bois mou. Sa peur – ou plutôt son manque de déterminisme – l'obligea à s'aider de ses dix doigts pour déloger la lame.
Devant elle se trouvait sa future victime. Elle dévisageait la jeune fille de ses yeux injectés de sang et si exorbités qu'ils s'apprêtaient à jaillir hors de leurs cavités. Dans son regard, l'héritière crut déceler de la pitié, une ultime requête mettant à l'épreuve l'empathie de l'assassin.
Était-elle la seule à voir ces prunelles briller de terreur ? Ce que le baron lui demandait de faire était-il réellement nécessaire à son éducation ?
Paralysée entre le dégoût et l'angoisse de se faire réprimander avec violence par son père, Anastasia se tenta à communiquer silencieusement avec le martyr. Un moyen d'apaiser la peine qu'elle était sur le point de ressentir en ôtant la vie à cet être.
– Anastasia...
La profondeur de sa voix mêlée à son impétuosité la saisirent. Tel un écho qui cognait les coins de sa cage thoracique, à l'image des armes faisant fuser leurs balles. Ce qu'elle pouvait haïr son prénom parfois. Pourtant, elle le trouvait joli à l'origine.
Ni trop long, ni trop court et proposant un diminutif tout trouvé. Ce qu'elle appréciait par-dessus tout, c'était cette assonance de a mélodieux. Prononcé avec douceur, les syllabes paraissaient être une paisible caresse. Mais cela faisait bien longtemps qu'elle n'y avait pas eu le droit.
– Tu ne fais que retarder l'inévitable.
Elle sursauta, s'arrachant à la contemplation de la lame qui reflétait difficilement son visage tant elle était souillée par les nombreux usages qu'on lui avait imposés. Si elle se décidait à obéir au baron, c'était uniquement dans le but d'abréger les souffrances de la pauvre bête.
Enfermée entre des barreaux rouillés, piétinant un sol fait de plumes et d'excréments séchés, son sort était dorénavant scellé. La laisser languir aux portes de la mort était sûrement la pire chose à faire.
Ravalant la boule se formant dans sa gorge et au creux de son estomac, Anastasia entreprit d'ouvrir la prison de fer. La poule suivit le moindre de ses gestes, rêvant sans doute d'un espoir de liberté.
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SHE WOLF - [ oc x Livaï / Levi Ackerman ]
Fanfiction❝ 𝐋𝐈𝐕𝐀𝐈̈... Sa voix n'était qu'une tendre supplication. Un ultime appel égaré entre réel et irréel. Les yeux mi-clos, elle n'avait plus conscience du monde qui l'entourait. Elle n'entendit que le pouffement moqueur du baron qui la noya un peu p...