❝ 𝐋𝐈𝐕𝐀𝐈̈...
Sa voix n'était qu'une tendre supplication. Un ultime appel égaré entre réel et irréel. Les yeux mi-clos, elle n'avait plus conscience du monde qui l'entourait. Elle n'entendit que le pouffement moqueur du baron qui la noya un peu p...
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La main encore vissée sur la poignée, Livaï observa l'infecte vision qui s'étalait sous ses yeux. Ses sourcils s'étaient haussés tandis qu'il serrait la mâchoire pour ne pas inhaler l'horrible odeur qui s'évaporait du cadavre en décomposition.
Farlan avait fait demi-tour, l'estomac bien trop retourné. Le parfum de la mort avait frappé chacun de leurs sens. Expier son dernier souffle ne devrait en aucun cas être assimilé à ce spectacle. La mort n'était pas forcément si infâme.
À la surface, dans l'enceinte des murs, elle était parfois douce et agréable. Dans les bas-fonds, elle était sanglante et inattendue. Mais jamais aussi répugnante pour une si jeune fille.
Le noiraud avait entrevu le visage juvénile de l'enfant ligotée aux barreaux d'une chaise de fortune. Sa peau blanchâtre était marquée de stries au niveau de ses poignets ainsi que de ses chevilles, dévoilées par le tissu arraché de sa robe. Des hématomes violacés parcouraient également ses bras. Ils étaient si nombreux que sa peau paraissait nécrosée.
Livaï pouvait ressentir la moisissure ambiante du lieu, telle une douce caresse faisant hérisser ses poils. Une sensation qui suintait par le moindre de ses pores. Il serra les dents plus fort, réinjectant une dose de vaillance dans ses veines pour fixer encore le cadavre.
Il avait beau être habitué depuis son plus jeune âge à la mort, à s'être forgé dans la violence et le sang, il ne pouvait pas constamment rester de marbre.
Il s'agissait d'une enfant.
D'une vie piétinée. D'une âme fracassée.
Personne ne pouvait cautionner une telle chose, sauf ceux qui lui avaient infligé ces horreurs.
Conscient qu'il n'était plus en mesure de l'aider, le noiraud se contenta d'adresser un dernier regard à la fillette en fermant doucement ses paupières en signe de respect. Il referma soigneusement la porte en ressortant de la pièce. L'odeur de pourriture s'estompa légèrement, même si elle avait imprégné la maille de ses vêtements.
Livaï remonta le couloir, à la recherche de Farlan qui s'était enfui de la scène. Il le retrouva dans le recoin du hall desservant les différentes pièces, une main appuyée contre le lambris craquelé, l'autre sur l'estomac.
Il fronça le nez lorsqu'un liquide jaunâtre s'échappa de la bouche du châtain. C'était répugnant et il se sentit aussitôt mal à l'aise. Mais pouvait-il vraiment en vouloir à son ami ? La réponse était évidente, alors pour une fois il mit de côté son obsession pour la propreté et l'élégance.
— Désolée..., grommela Farlan.
Un filet de salive dévalait la courbe de son menton. Livaï tâtonna la poche de sa chemise pour en ressortir un tissu soigneusement plié en quatre. Il le tendit à son ami, sans piper un seul mot.
— C'est juste que..., tenta-t-il de se justifier en prenant le mouchoir entre ses doigts.