Chapitre 5 : Tout vas mieux avec un bol de nouilles

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Je verrouille la porte derrière moi. J'inspire, j'expire, tout va bien. Ce n'est pas si j'avais failli me faire violer par plusieurs vieux mecs dans la rue, non. Ça doit juste être un putain de cauchemars, je vais me réveiller d'une minute à l'autre. Pourtant rien ne change, c'est bien la réalité. Une réalité dans laquelle mon père m'a vendu et ma mère n'a rien dit.

Les mains tremblantes, je saisis mon téléphone. Tape son numéro et l'appelle. Il me faut des réponses, elle me doit bien ça. Elle répond au bout de la cinquième sonnerie, avec en plus de ça, une musique en b bruit de fond. Visiblement, elle est à une fête, à son âge moi je resterais chez moi devant une série. Enfin bref. Qui suis-je pour juger une femme de 39 ans ? Et oui ma mère m'a eu à seulement 15 ans, de ce fait, son adolescence s'est résumée à changer des couches et préparer des biberons. Elle ne m'a jamais cacher qu'elle regrettait de m'avoir eu et mon père non plus. Rien que l'accident de tout à l'heure est une ultime preuve. 

- Viola, j'ai pas le temps de te parler, piaille ma mère à moitié ivre.

- Papa m'a vendu contre un sachet de poudre, tu le savais ?

- Et alors ?, elle souffle visiblement agacé. Je t'aurais vendu pour moins cher mais bon... Tu n'avais cas pas t'accrocher dans mon utérus y'a 24 ans, c'est tout.

Et juste après avoir lâché ça, ma mère raccroche. J'inspire et expire pour essayer de ne pas céder à mes pleurs encore une fois. Après tout, c'est devenu une routine maintenant. Je devrais être habitué à ce genre de réflexions blessantes. Mais la faiblesse me rattrape. Une chaleur familière et amère roulent sur mes joues. Je craque. Les dernières morceaux de mon cœur encore intactes se brise, je ne suis plus rien. Je n'ai jamais rien été. Le maque que je porte tombe révélant toutes mes faiblesse, toutes cicatrices encore ouvertes.

Malgré tout, je ressens toujours quelque chose. De l'amour, de l'amour pour moi même. Je ne vaut rien pour mes parents mais je m'aimes moi. C'est suffisant, non ? J'essuie mes yeux rougis par les larmes et me jure de ne plus jamais pleurer pour eux. Ils ne valent rien alors pourquoi leur donner de l'importance. De l'importance à des mots que j'ai entendu toute ma vie. Des mots qui on fait de moi ce que je suis. Une femme indépendante.

Comme pour me soutenir mon estomac gronde. Il faut que je mange. J'entre dans la cuisine au moment même ou Dean franchit la porte d'entrée. Il porte un costume cravate noir. Mais pourquoi faire ? Lorsque qu'il hausse un sourcil, je me rend compte que je le fixais.  Je détourne les yeux et me dirige vers le placard à nouilles instantanées.

- Je suppose que tu n'a rien fait à manger.

- Je suis rentrée quelque minutes avant toi donc non, désolée une prochaine fois.    

Sans le regarder, je devine au bruit de ses pas qu'il s'assoit à table. Sans savoir pourquoi, je prépare une deuxième portion. Il pourrait se débrouiller mais au fond de moi, j'ai envie de tenir ma promesse de lui préparer à dîner. Avec ma touche personnelle bien évidemment. La préparation terminé, je sors deux paires de baguette du tiroir de gauche et nous apporte les bols. Je prend place face à lui. Dean a l'air surpris envoyant qu'il a lui aussi un bol de nouilles. Il me fixe un peu méfiant et moi je lui sourit.

- Ne t'en fais pas c'est pas empoisonné. Sinon à qui je lancerais des pics ? Qui je réveillerais le matin à 5h du matin avec du Rihanna ?

Il ne dit rien et passe sa main dans ses cheveux avant de commencer à manger. Discrètement, j'observe sa réaction. Mon coloc fronce les sourcils avant de lever ses yeux bleu vers moi. Mince, il vient de me griller en train de l'épier. Mes joues rosissent d'embarras et lui fait comme s'il n'avais rien vu mais le sourire moqueur qui aborde ses lèvres indique le contraire. Je remarque d'ailleurs que sa lèvre est fendue, c'est curieux la blessure à l'air encore fraîche.

Ce que tu ignoresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant