Chapitre 1 : Bye-Bye Bigfork

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Hiver 1994.

***

    — Tom ? Tom ?!

    — Oui chérie ?

    — Tu sais où sont passées les pantoufles d'Ana ?

    — Tu as regardé dans l'entrée ?

    — Oui, oui, elles n'y sont pas !  Sophiiiie ?

    — Pas besoin de hurler Gara, je me fais vieille mais pas tant que ça, dit alors la dame devant moi.

    — Vieille, vieille, à cinquante ans, on est pas vieille Sophie, à la limite légèrement sénile... Aië !

    Mon père se met alors à rire tout en venant déposer un baiser sur le front de celle venant de mettre un coup de journal sur l'épaule de ma mère.

    — Allons, allons vous allez faire pleurer Alexandria avec tout ce grabuge.

    Et effectivement, je sens mes larmes monter et mes petites joues devenir rouges. Pourquoi la vieille Sophie à taper ma maman ? Et pourquoi mon père rit ? Je ne suis pas d'accord avec tout ça et d'ailleurs je vais bien leur faire comprendre.

    Je prends alors ma plus belle inspiration et ni une ni deux, je sors le plus fort des sons possibles, me mettant à hurler à travers la pièce.

    Quelques secondes passent et ce n'est que lorsque les bras de ma mère me soulèvent que je commence à reprendre mon calme, attrapant ses cheveux de mes doigts pour les entortiller et jouer avec.

— Ne pleure pas mon coeur, tout va bien. Sophie se fait juste vieille, son arthrose la travaille, me dit-elle alors que je ne comprends pas ce qu'est un arthrose et que la dame rouspette avant de sortir de la pièce, un torchon sur l'épaule.

    Mais je fais confiance à maman et puis elle sent bon, elle m'apaise.

    Ma susu dans la bouche, c'est avec moi dans les bras qu'elle recommence à s'activer laissant mon père chercher les fameuses pantoufles de ma sœur.

    — Ahah ! Je les ai, lance-t-il quelques minutes après en les tendant à ma mère.

    — Super ! Tu peux prendre Alex maintenant ? Que je finisse les valises des filles ?

    — Bien sûr, donne-la-moi.

    Et en quelques mouvements je me fais trimballer d'un parent à un autre, perdant alors la sensation de ses cheveux entre mes doigts. Et ça ne me plait pas du tout. Et je crois que mon papa le sait car je le vois s'attendrir en me regardant et pencher légèrement la tête vers moi pour que je puisse poser mes petites mains sur son crâne chauve.

    Ce n'est pas maman mais c'est doux, ça reste agréable. Il me secoue un peu pour me bercer je crois, mais il est si costaud, qu'il finit plus par me donner envie de lâcher un joli rototo. Et évidemment c'est ce que je fais, lui vomissant sur l'épaule le petit déjeuner de ce matin.

    — Garaaaaaa ! crie-t-il alors.

    — Oui ?

    — Ta fille vient de me vomir dessus !

    — En même temps, si tu arrêtais de la secouer comme un sac de pruneaux !

    — Je ne la sec...

    — Je t'ai vu Tom et je ne comprends pas pourquoi tu t'acharnes à toujours la secouer comme ça. Tu sais qu'elle est encore fragile de l'estomac.

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