Chapitre 2 : Des retrouvailles animées

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Été 1996.

***

— Tu penses qu'on aurait dû la prendre ? Je ne suis vraiment pas à l'aise avec le fait de la laisser autant de temps toute seule...

— Elle ne sera pas seule chérie, lui répond alors mon père, tu sais bien que Marie est avec elle.

— Oui, mais Ana devrait être avec nous... lui lâche tristement ma mère alors que de mon côté je regarde par la fenêtre depuis mon siège auto.

— On en a discuté, c'est pour son mieux, tu le sais. Elle ne supporte pas Bigfork.

— Elle a vécu ici quatre ans, comment peux-tu dire ça ?

— Quatre années où elle n'a cessé d'être malade, été comme hiver. Regarde depuis qu'on est à New York, tout va bien...

— Tu penses vraiment que ça a un rapport avec la région ? lui demande alors ma mère très concernée.

— Je ne sais pas, je sais juste qu'elle est entre de bonnes mains et que lorsque l'on va revenir notre fille sera en bonne santé et c'est ce qui compte non ?

— Oui, tu as sans doute raison, Tom, mais elle me manque déjà.

Moi elle me manque pas du tout. Elle n'a fait que m'embêter ce matin avant de partir alors que j'étais en train d'enfiler mon petit t-shirt blanc et mon gilet. Je ne sais pas pourquoi elle tenait tellement à attacher les cordons de ma capuche très serré au niveau de mon cou. C'était nul et ça servait à rien du tout. Du coup, je suis quand même contente qu'elle soit pas là à m'embêter dans la voiture. Et même si elle m'a confié son doudou avant de partir, ben, moi, j'oublie pas le coup de la capuche.

— Arrête de t'inquiéter...

J'entends mon père répéter cette phrase encore et encore depuis que l'on est parti de la maison et je ne comprends pas pourquoi. Marie est très gentille comme madame et puis en plus en rentrant elle nous fera des cookies. Et moi, j'aime bien les cookies quand même un peu.

— Maaaamaan, je crie alors de l'arrière de la voiture.

— Oui mon coeur ?

— Je veux les cookies de Marie, je lui demande en serrant monsieur lapinou dans ma main.

— Oh trésor, on va pas revoir Marie avant un moment tu sais, mais je demanderai à Sophie de t'en faire en arrivant.

Sophie... ? Sophie ? Mh... Ce nom me dit quelque chose et je pense que c'est quelque chose de bon car mon cœur se réchauffe rapidement. Mais la chaleur s'efface vite lorsque je comprends que je ne verrai pas Marie avant longtemps.

— Quand ? je demande donc.

— Demain Alex, tu auras tes cookies demain, lance alors mon père.

Comment ça demain ?

— Non ! Maintenant ! Je veux Marie ! Et Ana !

Je veux voir Ana maintenant. Pourquoi Ana est pas là d'ailleurs ? Ça fait trop longtemps et je ne suis pas contente du tout. Je m'apprête alors à faire un petit caprice quand je vois ma mère se retourner avec un grand sourire qui m'apaise en un rien de temps.

— Moi aussi Ana me manque ma chérie mais on va la revoir bientôt d'accord ? En attendant tu sais ce qu'on va faire ? On va aller voir les cotons dans le ciel que tu aimes tant et ensuite on ira boire un cocholat chez Sophie d'accord ?

— On va voir les nuages ? je lui demande ayant retenu le nom de ce que je vois dans le ciel depuis toujours.

— Oui, on va même les voir de très très près.

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