La vie peut-être injuste, mais il arrive que ce qui nous tombe dessus, positif ou négatif, ait un impact sur nous et notre destinée. En me mettant au monde, ma mère ne savait pas qu’elle mourrait et ma sœur ignorait qu’elle deviendrait une mère de substitut pour moi. Lorsque j’ai rencontré Chérif au début du collège, nous ne nous supportions pas, si bien que je n’ai jamais vraiment compris comment nous sommes devenus aussi proche. On me l’aurait dit, je ne l’aurais pas cru.
Et Cheick… c’était un homme que je n’aimais pas du tout. Lorsqu’il s’était mis à courtiser Amy il y a quelques années, je le détestais, parce que j’avais l’impression que ma sœur s’éloignait de moi chaque jour pour se rapprocher un peu plus de lui. Cheikh a du faire un très grand effort pour parvenir à se faire accepter de moi. Amy en est pour quelque chose. Je me rappelle qu’une fois, alors que nous devions faire un tour à un festival, son petit ami était tombé malade. Ce jour-là, Cheikh lui avait téléphoné pour demander assistance. Ma sœur voulait y aller, mais elle ne souhaitait pas m’abandonner au festival. Alors, elle m’avait trainé avec elle jusqu’à la maison de Cheikh. Il avait l’air si doux et gentil à la fois. Il était très attentionné. Il prenait soin de ma sœur. Je réalisais qu’Amy était heureuse avec lui. Alors une partie de moi avait accepté le fait qu’elle aime cet homme.
Ce même jour, une pluie torrentielle s’était abattue sur la ville. Amy et moi ne pouvions plus rentrer. Nous avions passé la nuit chez lui. Et Cheikh voulait à tout prix me prouver qu’il était un homme bien. De ce fait, il avait demandé à ma sœur de dormir dans sa chambre, tandis que lui et moi squattions son grand canapé. J’avais passé du temps avec lui, et pourtant, je ne soupçonnais même pas que je développerais des sentiments amoureux pour lui.
Oui, tout ce qui nous arrive impact notre vie, en bien ou mal. Cheikh est l’une des plus belles choses qui me soient arrivées, mais je crois qu’il est également mon pire cauchemar.
Il fait nuit noir. J’ai sommeil mais je n’arrive pas à m’endormir. Après avoir discuté avec Cherif, j’ai pensé durant de longues heures à la possibilité que mon ami soit amoureux de mon beau-frère. J’ai retourné la question dans tous les sens, et cela a commencé à me perturber. Jusqu’à présent, je ne sais toujours pas si c’est possible ou non.
Ma sœur et son mari sont dans la chambre juste à côté de la mienne. Je les entends rire depuis quelques minutes. Ils discutent de la dernière réussite de ma sœur. Cela me met de plus mauvaise humeur encore. Ils m’insupportent. J’ai juste envie de m’immiscer dans leur chambre et me glisser entre Amy et Cheikh pour profiter de ce moment.
Tout à l’heure, à table, j’ai éprouvé de la jalousie envers ma sœur. Je sais que ce n’est pas juste, je m’en veux même de vivre dans sa maison. Je ne sais pas jusqu’où tout ceci va me mener. Je ne sais pas ce qu’il pourrait se passer dans deux ou trois mois, mais une chose est sûre, je ne veux jamais éprouver une fois de plus ce que j’ai ressenti pour ma sœur tout à l’heure. Je ne peux pas être jalouse d’elle, peu importe combien j’aime son mari.
C’est sur cette pensée que je me décide à me forcer à trouver le sommeil. Je mets mes écouteurs dans les oreilles et je démarre une playlist remplie de ballades. C’est un genre musical que j’apprécie particulièrement pour sa douceur et ses effets relaxants sur moi.
Vrrrm vrrrm.
J’ouvre soudain les yeux. La lumière des rayons de soleil qui s’infiltrent dans ma chambre à travers les rideaux me frappe les yeux. J’attrape mon téléphone posé juste à côté de ma tête qui ne cesse de vibrer. J’y jette un regard. Ce sont des appels incessants de la part de Chérif. Je vérifie l’heure : 8 :47.
Je sursaute du lit, surpris par mon retard. Comment ai-je pu dormir aussi longtemps ? Et Amy qui n’a même pas pris la peine de me réveiller. Je décroche immédiatement.
– Chérif… …
– Salaamaalekum c’est même quoi, Issa ? depuis là je t’appelle tu ne réponds pas, tu es comment ? C’est pas toi qui me disais de venir tôt ? Ou bien tu as bu de l’alcool ?
– Chérif, tu aimes trop exagérer. Désolé. J’ai dormi tard et mon réveil n’a pas sonné…
– Donc je fais comment ? Parce que là, je suis devant chez toi hein. En plus j’ai faim, j’ai oublié de petit déjeuner chez moi.
– C’est ça, répliqué-je en soupirant. Attend-moi, je descends.Ce garçon, c’est un vrai cas. Deux comme lui, ça n’existe pas. Je me dépêche d’aller lui ouvrir, parce que si je traine encore une seule seconde, il va me faire tout un scandale. En traversant le salon, je remarque que la maison est bien rangée et qu’il n’y a personne. Ma sœur et mon beau-frère ont dû partir tôt au travail aujourd’hui.
J’ouvre à Chérif. Ce dernier ne me salue même pas et entre dans la maison en trombe. Je le regarde faire avec un sourire aux lèvres. Je suis content que nous nous soyons réconciliés. Mon ami s’assoit sur le canapé.
– Amy n’est pas là ?
– Non… elle est déjà partie, répondis-je.
– Ha… et ton… cher beau-frère ?
– Lui aussi est parti tôt aujourd’hui.
– Je vois… mais dis-moi, Issa, qu’as-tu décidé depuis la dernière fois ?Je ne sais pas quoi répondre. Je n’ai pas envie qu’il se fâche à nouveau si je lui dis que j’ai décidé de tenter ma chance avec Cheikh. Parce que la dernière fois que nous avons abordé le sujet, il s’est tellement énervé…
– Chérif, je préfère que nous ne parlions pas de Cheikh. Je pense que c’est un sujet sensible entre nous deux.
– Ha, tu crois que c’est ça le problème ?
– Oui… J’ai peur que tu te fâches à nouveau pour un oui ou pour un non. Bon, je vais aller préparer le petit déjeuner. Attends-moi.Je me rends dans la cuisine, je sers deux verres de jus de fruits ainsi que deux sandwichs. Je prends bien le temps de tartiner les brioches avec du ketchup et de la mayo. Je dépose le tout sur un plateau que je porte jusqu’au salon. Lorsque j’entre dans la pièce, j’ai la surprise de trouver mon beau-frère installé juste à côté de mon meilleur ami. Ces deux suspects là…
– Cheikh ?
Mon beau-frère sursaute en écoutant son nom. Il se lève précipitamment et s’écarte de Chérif. Les deux me regardent avec de grands yeux, comme si je les avais surpris en plein flagrant délit.
– Cheikh, je pensais que tu étais déjà parti.
– Ha… Issa, ça va ? En fait, je me suis un peu réveillé en retard aujourd’hui. En partant, j’ai vu Chérif, alors je me suis assis une petite minute pour prendre de ses nouvelles, comme ça fait un bon moment que je ne l’ai pas vu. Quand tu es arrivé, j’étais en train de partir.
– Tu peux rester prendre le petit déjeuner avec nous…
– Non merci. Je préfère y aller. Passez une bonne journée, les garçons.Mon beau-frère nous tourne le dos et s’en va. Je le regarde partir. Je ne sais pas si ce que j’ai vu était normal ou non. Pourquoi s’est-il levé aussi rapidement dès qu’il m’a vu ? Et les expressions sur leur visage… ils me cachent quelque chose… Chérif et Cheikh pourrait-il avoir une relation en cachette comme je l’ai déjà pensé ? Je ne peux pas rester dans le doute. Il faut que je tire les choses au clair.
Je me rapproche de la table basse, sur laquelle je pose le plateau. Je fais face à Chérif. Peu importe s’il va se fâcher ou non. Je m’en fou. Il n’a pas intérêt à se moquer de moi. Il ne peut pas me cacher qu’il entretient une relation secrète avec mon beau-frère.
– Chérif… explique-moi ce que j’ai vu.
– Mais Issa, tu as vu quoi ?
– Ce n’est pas avec moi que tu vas apprendre à faire semblant, Chérif. Explique-moi.
– Cheikh t’a expliqué non ? Il t’a dit qu’il s’était assis pour me saluer.
– Je ne te crois pas, répliqué-je du tac au tac.
– Attends, Issa, lo beug war ?(que veux-tu dire ?) Tu es en train de me demander si je sors avec ton beau-frère ?Je ne réponds pas, mon silence suffit à lui faire comprendre ce que je pense.
– Sûr sûr, Issa, aujourd’hui , je confirme que ça ne va vraiment pas bien dans ta tête. N’imagine pas des choses idiotes. Pardon, viens t’assoir on va manger, dama riif !
Je n’arrive pas à le croire. Cette fois, je suis persuadé que Chérif me cache des choses. Et la plus probable est qu’il soit en effet amoureux de mon beau-frère. Seulement, il réagit trop calmement. Je connais mon ami. je vais lui tirer les verres du nez, qu’il le veuille ou non. En attendant, nous irons à cet apéritif que ma sœur donne à son travail.
À suivre
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CHER BEAU-FRÈRE (BxB)
General FictionL'amour n'est jamais un crime, mais sommes-nous réellement libres d'aimer qui nous voulons ? En emménagent dans la maison du mari de ma sœur, jamais je n'aurais pu imaginer ce qui se serait produit ensuite. La proximité entre lui et moi, dans la mêm...