Chapitre 3 : Bonne élève

129 5 0
                                    

Rose 

          Réveil à huit heures. Trente minutes me suffisent à me préparer. Direction le métro. Un thermos de chocolat chaud à la main, je me sens prête à affronter cette journée.

Ma tenue, appropriée à ces températures du mois de décembre, dissimule les traces laissées par Matisse sur ma peau. Je le regrette presque. La seule raison pour laquelle je suis soulagée que tout soit caché est la suivante : Je ne veux pas que mes camarades de classe sachent ce que j'ai fait ce week-end. Impossible. J'ai très peu d'amis à l'université et je ne suis pas suffisamment proche d'eux pour leur parler de mes ébats sexuels.

Malgré la peur que mes camarades découvrent les marques qui recouvrent mon corps, j'aime toutes ces traces, griffures, rougeurs, bleus et morsures. Ce matin, en les voyant dans le miroir, j'ai presque éprouvé de la fierté. Toutes ces choses sont des souvenirs que m'a offert Matisse, des preuves de notre temps passé ensemble. Ce sont des cadeaux qu'il m'a laissés.

Arrivée dans l'amphithéâtre, je remarque que Camille est déjà là. Comme à son habitude, elle est en avance. C'est une qualité que j'apprécie chez elle. Je ne tolère pas le retard, et arriver à l'heure, c'est bien, mais être en avance, c'est encore mieux. Moi-même, je suis souvent très en avance, ce qui a le don d'agacer ma famille le peu de fois où l'on se voit.

Camille est une petite blonde adorable aux cheveux bouclés que j'ai rencontré le jour de la pré-rentrée. Elle a beaucoup de charme. Je ne connaissais personne et elle non plus. Nous avons échangé nos numéros et, par chance, nous avions choisi les mêmes cours. Je me suis aussi rapidement rendu compte que, comme moi, c'était une étudiante travailleuse et consciencieuse. J'admire toujours la qualité de son travail.

Lorsqu'elle me voit, Camille me sourit et nous commençons notre petit rituel. C'est un lundi matin comme les autres. Je m'assieds à côté d'elle et sors mon ordinateur. Nous discutons de nos week-ends respectifs. Je lui raconte que j'ai eu un date avec un homme très séduisant, plus âgé que moi d'à peine quelques années. Je ne rentre pas dans les détails, mais elle comprend que j'ai passé la nuit avec lui.

- Et quand est-ce que vous comptez vous revoir ?

- Jamais.

Surprise par ma réponse, Camille fronce les sourcils.

- Comment ça ?

- Il cherchait une aventure d'un soir.

- Tu me parles de lui depuis tout à l'heure comme si tu avais rencontré le grand amour. Tu n'as pas du tout envie de le revoir ?

- Si, bien sûr. Mais je savais dans quoi je m'engageais. Je ne veux pas avoir l'air collante et désespérée. S'il veut me revoir, il me le dira.

- Mais peut-être qu'il se dit la même chose. Il attend peut-être que tu lui proposes un second rendez-vous.

- Je ne sais pas... Je n'ai pas envie de le déranger ou de passer pour une idiote.

- Ne dis pas de bêtises. Tu devrais lui envoyer un message.

- Tu crois ?

- Oui. Tu n'as rien à perdre. Dans le pire des cas, il refusera de te revoir. Dans le meilleur des cas, ça sera peut-être le début d'une belle relation.

- Tu as raison... Je vais y réfléchir, dis-je, pensive.

- Non. Fais-le maintenant, sinon tu vas te dégonfler.

Convaincue par les encouragements de mon amie, j'inspire profondément et saisis mon portable. Camille a raison. Je n'ai rien à perdre à lui envoyer un message. Juste un. Histoire de voir ce qu'il me répond.

BrutalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant