Rose
Pas de pression. Ce soir, je dois retrouver Matisse en bas de son immeuble. Je n'ai aucune idée de ce qu'il me réserve, mais le moins qu'on puisse dire, c'est que je suis impatiente. Je ne l'ai pas vu depuis l'anniversaire de Camille et nous avons très peu communiqué par messages. Entre la fac, les problèmes familiaux et la soirée tendue d'hier, j'ai eu très peu de temps à lui accorder.
Lorsque j'arrive en bas de son immeuble, Matisse m'attend déjà, adossé contre le mur, une cigarette entre les lèvres. C'est la première fois que je le vois fumer, mais étonnement, je trouve ça assez sexy.
Petite, mon père fumait au moins deux paquets par jour. Je détestais ça. Même en voiture, j'avais l'impression de me déplacer dans un fumoir ambulant. L'odeur du tabac imprégnée dans le tissu des sièges, dans nos vêtements et dans mes cheveux me rendait malade. Impossible de m'y habituer. Dès le matin au réveil, l'odeur des cigarettes de mon père me provoquait des haut-le-coeur.
Pourtant, en apercevant Matisse une cigarette à la bouche, je ne ressens aucun dégoût. Cette odeur me renvoi à mon enfance le temps d'un court instant. Le souvenir est loin d'être agréable, mais en vérité, j'y prête à peine attention. Ce que je remarque plutôt, ce sont ses lèvres autour du bâtonnet toxique. Elles sont à moitié dissimulée derrière une épaisse moustache mi-rousse, mi-blonde. Pulpeuses, elles me captivent et m'attirent. Cette bouche sexy est un appel au vice.
En me rapprochant, mes yeux parcourent le reste du visage de Matisse. Un large hématome recouvre sa pommette gauche. Du même côté, son oreille est gonflée et son arcade sourcilière est fendue d'une coupure encore fraiche. Matisse est sacrément amoché.
Surprise, je l'interroge :
- Que t'est-t-il arrivé ?
Matisse pose ses mains sur ma taille et me répond avec une grimace.
- J'avais une compétition ce matin. Le mec d'en fasse était coriace mais j'ai fini par gagner.
Une compétition ? Mais de quoi parle-t-il ?
Ma confusion doit se lire sur mon visage, car Matisse s'empresse de m'expliquer :
- On n'a pas eu l'occasion d'en parler. Je t'ai dit que j'étais prof de boxe, mais de mon côté, je fais aussi un peu de MMA.
Du MMA ? Hypnotisée par son charisme, j'avais complètement oublié son métier et sa passion pour les sports de combats. Il faut dire que nous n'en avons parlé qu'une seule fois, par messages, avant même de nous rencontrer. Je me sens idiote et superficielle de ne pas avoir retenu ce détail important de sa vie. Comme je pensais ne le voir qu'une seule et unique fois, mon cerveau a fait le tri des informations importantes. Il faut croire que ce hobby ne faisait pas partie des informations pertinentes pour notre rencontre.
Au lieu de monter chez lui comme je pensais que nous le ferions, Matisse me propose d'aller se promener. Il est tard et l'air est froid. Lorsque j'expire, de petits nuages se forment devant mon visage. Le bout de mes doigts est rouge et gelé. J'aurais dû prendre des gants.
Après quelques minutes, nous décidons de nous assoir sur un banc en bois humide. Les yeux levés vers le ciel, Matisse termine lentement sa cigarette. Il reste silencieux.
- Tu n'as pas mal, lui demandé-je.
- Un peu.
Bien qu'il admette la douleur, Matisse hausse les épaules comme si ça n'était rien.
- Je ne comprendrai jamais les combattants de MMA. Ce sport est beaucoup trop violent pour moi.
Un léger sourire s'esquisse sur les lèvres charnues de mon amant.
VOUS LISEZ
Brutal
RomanceLors de sa première année de fac, Rose fait la rencontre de Matisse via un site de rencontre. Plus âgé qu'elle de quelques années, Matisse est intimidant et charismatique. Après quelques rencontres à peine, Rose est accroc. Elle ne peut plus se pass...