Chapitre 13 : Et s'il s'enfuyait...

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Rose

Un an plus tard.

        Matisse et moi sortons ensemble depuis presque un an. Un an ! Le temps passe vite. Bien que nous n'ayons jamais évoqué nos sentiments l'un pour l'autre, ce qui se passe entre nous est évident. Matisse ne dit rien, mais je le sens dans chacune de ses caresses, à sa façon de m'étreindre, à la manière presque possessive qu'il a de toujours se tenir près de moi, comme pour marquer son territoire. Et c'est réciproque : Lorsque nous passons du temps ensemble, impossible de nous décoller l'un de l'autre. Notre relation est d'ordre magnétique. Matisse est un aimant par lequel je suis irrésistiblement attirée (non pas que je lutte).

Et je ne suis pas la seule d'ailleurs.

Cet été, Matisse est parti quelques jours rejoindre un ami à Barcelone. Bien que verbalement, nous ne nous soyons jamais rien promis, je suis persuadée qu'il m'est restée fidèle. Il existe comme un accord tacite entre nous : Je ne vois que lui, et il ne voit que moi.

Nous ne sommes pas en couple, mais c'est une relation exclusive. Matisse sait pertinemment que je tiens à lui et à quel point je suis attachée. Et étonnement, cette situation ne me dérange même pas. Beaucoup de filles se vexeraient de cette non-officialisation, pourtant, ce que nous avons me suffit.

Nous ne sommes pas en couple, mais c'est tout comme.

En vérité, un seul problème se pose : je ne suis pas la seule fille intéressée par Matisse. Il me l'a lui-même me confirmé dans un SMS qui m'avait à la fois amusée et agacée : « Je crois que les espagnols ne connaissent pas le consentement. Hier je suis allé en soirée, elles se collaient toutes à moi. » Sur le coup ça m'a fait rire. Je n'ai même pas été surprise ni jalouse. Qui résisterait aux charmes de Matisse ? Pas moi, de toute évidence. Il est le genre d'homme qui dégage tellement de charisme, d'assurance et... d'autorité. Impossible de lui résister. Un véritable aimant à filles ! Mais c'est en relisant son message que le doute s'est immiscé dans mon esprit. Ça n'a duré qu'une demie seconde, mais j'avoue avoir douté de lui. Si Matisse allait voir ailleurs, je ne suis pas certaine que je pourrais le lui reprocher. Comme je viens de l'expliquer, il ne m'a jamais rien promis. Certes, ça serait malhonnête de sa part, ça me briserait le cœur, mais aurait-il complètement tort ?

Pas de communication. Pas de mots. Pas de limites. Camille m'a d'ailleurs remonté les bretelles plus d'une fois à ce sujet : « D'accord, tu penses qu'il t'aime aussi et qu'il te sera fidèle, mais tant que tu ne dis rien, il est techniquement libre de faire ce qu'il veut, pire, de coucher avec qui il veut. Ça serait bête de perdre cette relation à laquelle tu tiens tant à cause d'un simple manque de communication. » Alors cette conversation devra prendre place tôt ou tard. Je le sais et je le redoute. Tout ça parce que j'ai peur que la seconde où j'aborde ce sujet, Matisse prenne la fuite. Pourquoi semer la pagaille alors que tout se déroule déjà sans encombre ?

Bref, je suis folle amoureuse de Matisse, et je ne suis même pas jalouse, ni prête à changer quoi que ce soit à notre relation. Il est à moi. C'est certain. Pas besoin de mots. Inutile qu'il me le dise. Nous le savons tous les deux. Tout est parfaite. Nous nous voyons toutes les semaines, nous nous enfermons dans son appartement, créant ainsi une bulle dans laquelle nous exerçons notre intimité et nous adonnons à la passion.

Et le soir, tandis que Matisse s'endort rapidement près de moi, épuisé par les entrainements et les compétitions, mes yeux se trouvent automatiquement attirés par son visage. Eveillé, ses traits sont durs et sévères. J'essaye toujours de l'apaiser, sans grande réussite. C'est un homme stressé, toujours sous tension. Mais, une fois endormi, visage parfait s'adouci. Jamais complètement, mais suffisamment pour que je le remarque.

Au cours de cette année passée ensemble, j'ai vite compris que Matisse ne serait jamais vraiment détendu. Même lorsqu'il dort, des idées noires semblent toujours le hanter. C'est étrange, mais malgré son immobilité, je ressens toujours une forme d'agitation en lui, comme si son corps s'éteignait pour se reposer mais que ses méninges continuaient à s'agiter, comme si les émotions enfouies au plus profond de son être durant la journée s'évadaient la nuit pour le tourmenter. Puis, chaque matin, Matisse bondit toujours du lit, près à attaquer sa journée, faisant abstraction de ses nuits mouvementées. Il repart à zéro, retrouve sa moue bougonne et boit son café en écoutant les infos du matin à la radio.

BrutalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant