Chapitre 11 : Mais putain, cette fille...

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Matisse

          Après un quart d'heure d'échauffement, les enfants transpirent déjà.

- Matisse, t'es trop dur avec nous, souffle Gabin.

- C'est ça le sport. Il faut travailler dur, être déterminé, sinon tu ne gagneras plus aucune compétition. Tu étais bien content, la semaine dernière, quand tu as gagné par K.O., pas vrai ?

- Bah oui, mais ça n'a rien à voir. J'avais juste envie de gagner, c'est pour ça que j'étais motivé. Là c'est juste un entrainement.

Ce gamin est l'un de mes préféré. A chaque compétition, il pulvérise ses adversaires. Du haut de ses douze ans, Gabin est déjà une petite machine, et s'il ne se laisse pas aller à la paresse, il ira loin dans ce sport. J'en suis certain. Malheureusement, c'est toujours la même rengaine. Tous les jeudis soir, le petit n'arrête pas de se plaindre. J'ai beau lui répéter que la boxe est une question de mental autant que de physique, il ne fait que geindre.

- En plus j'avais cours toute la journée. Toi t'es trop vieux pour t'en souvenir, mais c'est chiant la sixième. Je suis fatigué, là.

- Trop vieux, m'offusqué-je. Quel âge penses-tu que j'ai ?

Gabin s'apprête à répondre mais je l'interromps.

- Si tu devines du premier coup, on fait un entrainement facile.

- Et sinon ?

- Si tu te trompes, ça sera deux fois plus difficile.

Les autres enfants protestent. Ça n'est pas la première fois qu'ils en bavent à cause de leur camarade. Ce dernier défi régulièrement mon autorité, résultant en des punitions de groupe. Eh oui, c'est aussi ça le sport. Tout le monde est logé à la même enseigne, ici. Si l'un fait une bêtise ou me manque de respect, tout le groupe en subira les conséquences. J'ai conscience de passer pour un tyran à leurs yeux, mais l'esprit d'équipe est l'une de mes valeurs fondamentales. Ce principe a autant de bons que de mauvais côtés pour mes élèves : des punitions de groupe, pas de traitements de faveur comme ils le souhaiteraient, mais des équipiers pour s'entraider en cas de besoin et une relation de confiance entre tous mes petits boxeurs.

Sans surprise, Gabin n'a pas été capable de deviner mon âge exact. J'ai laissé une chance à deux autres élèves de trouver, mais eux aussi ont échoué. Quitte à être punis eux aussi, ils avaient le droit à une tentative. Et puis, ma punition n'en a pas vraiment été une. Je les ai entraînés un peu plus dur que d'habitude. Même si aujourd'hui ils me haïssent, ça leur sera utile.

A la fin du cours, les enfants étaient exténués. Ce fut à tel point que lorsque leurs parents sont venus les récupérer, ils ont vite pris la fuite, me lançant de rapides « au revoir ». Certains me fusillaient même du regard.

Ma journée de travail terminée, je rentre chez moi et c'est une douche froide qui m'accueille. Ça n'est pas particulièrement agréable, mais si je me l'impose, c'est parce que les douches froides ont pour réputation d'être bénéfiques aux sportifs. Cette température aide à la récupération musculaire. Et puis même si ça n'a rien de scientifique, je trouve que c'est un bon moyen de s'endurcir. Nous les parisiens, nous sommes trop habitués à notre petit confort. Une bonne douche glacée, ça remet les idées en place.

Une serviette autour de la taille, je prépare mon shaker protéiné et envoie un message rapide à Rose. Je ne l'ai pas vue depuis bientôt deux semaines et je meurs d'envie de sentir sa peau contre la mienne. Cette fille me rend fou. La première fois que nous nous sommes vus, je l'ai trouvé mignonne. Elle était plus timide en vrai que par messages, mais cette légère différence m'a beaucoup plu. J'aime les femmes discrètes, celles qui, sous leurs airs réservés, sont prête à assouvir mes désirs les plus intenses. Et Rose est parfaite pour ça.

Sauf que j'ai déconné, la dernière fois. Ma mère venait de m'annoncer qu'elle était malade. Et visiblement, mon père avait l'air de n'en avoir rien à faire. Quand Rose m'a rejoint, j'étais là, mais j'étais déconnecté. J'admets que j'ai toujours eu des difficultés pour gérer ma colère. Mais là... c'est Rose qui a subit ma rage.

Oui, j'ai vraiment déconné.

Niveau consentement, c'était limite. Et pourtant, je ne suis pas sûr de le regretter. Comme lors de chacune de nos rencontres, Rose a été parfaite. Elle m'a laissé me défouler, la baiser violemment contre la voiture d'un inconnu, puis, docile, elle m'a suivi jusqu'à chez moi. Elle me prend sûrement pour un cinglé maintenant. Pour un homme violent, incapable de contrôler ses pulsions.

Quel con !

C'est pour ça que je ne m'attache jamais. Des plans cul, de la baise, et c'est tout. Et ça doit rester comme ça avec elle aussi. Parce que Rose est lentement en train de s'immiscer dans ma vie. Elle me colle à la peau. Je ne pense plus qu'à elle. Et ça, c'est dangereux.

Merde !

Je n'aurais pas dû lui renvoyer un message de sitôt. J'aurais dû attendre. Si je ne dois pas m'attacher à elle, cette règle va dans les deux sens. Je refuse de lui créer des faux espoirs.

Mais putain, cette fille... si douce, si attentionnée, si bienveillante et généreuse, si docile et serviable.

L'attraction, même si ça me fait mal de l'admettre, n'est pas que charnelle. J'aime sa peau, lisse et blanche, presque laiteuse. Son ventre plat et ses petits seins, doux au touché. Et ma partie préférée : ses fesses bien rebondies et sa chute de reins forment la courbe parfaite, menant à des jambes galbées. De bonnes cuisses bien charnues que je ne peux m'empêcher de mordre à chacune de nos rencontres. Rien que d'y penser, l'envie me prend de la croquer, de la savourer, de lécher son corps de haut en bas, de sa cheville jusqu'à son coup.

Si seulement cette relation n'était pas risquée pour elle, pour son petit cœur. Je la baiserais tous les jours, du soir au matin et du matin au soir. Je prendrais soin de son corps sans me soucier du reste. Hélas, cette fille mérite mieux. Mieux qu'un trentenaire aux pulsions violentes et accro au sexe. Mieux qu'un homme qui n'a jamais aimé et dénué de sentiments. Mieux que moi.

Rose est parfaite pour moi, mais ça n'est pas réciproque. Je refuse de lui faire du mal. Si on s'attache l'un à l'autre, je finirai par la briser.

BrutalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant