Un Mari Inaccessible

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La soirée d'anniversaire se poursuit dans un tourbillon de rires et de conversations, mais je suis ancrée dans une réalité différente, celle de la présence inattendue de Darius. Comme une fissure dans le mur de mes souvenirs soigneusement emmurés, son apparition me trouble profondément.

Mon père et Nathan posent prudemment le gâteau sur la table, tandis que ma mère, rayonnante, vient me souhaiter un joyeux anniversaire. Je lui réponds avec un sourire, mais c'est un geste mécanique ; mon esprit est ailleurs. Malgré la familiarité rassurante de ma famille et de mes amis, je me sens étrangement déconnectée, presque flottante, la réalité de la soirée étant altérée par la présence de Darius.

Il reste à l'écart, observant les festivités avec une expression qui me paraît insaisissable. Chaque fois que nos regards se croisent, un frisson me traverse, rappelant les douleurs et les espoirs d'un passé que j'avais tenté d'enterrer.

Au fur et à mesure que la soirée se déroule, je ressens un besoin urgent de m'éloigner, de trouver un moment de solitude. Je me dirige alors vers la cuisine. En franchissant le seuil, un soupir m'échappe, et je m'appuie contre le comptoir, laissant mon regard errer sur les ustensiles et les objets qui composent ce coin de vie quotidienne.

Je repense aux moments passés, à notre relation qui, malgré mes espoirs secrets, n'a jamais dépassé le stade d'une simple connaissance, d'un simple baiser volé. L'idée que Darius puisse maintenant avoir sa propre vie ailleurs, peut-être même une famille, me frappe d'une réalité poignante.

Absorbée dans ces pensées, je ne remarque pas immédiatement quelqu'un entrer dans la cuisine. Ce n'est que lorsque je sens un bras se glisser autour de ma taille et une tête se nicher dans mon cou que je sursaute, surprise par cette intrusion soudaine.

- Tu m'évites, ou quoi ? murmure une voix familière.

Je reconnais immédiatement la voix de Nathan, et un frisson me parcourt lorsque ses lèvres effleurent mon cou. Instinctivement, je ferme les yeux un instant, avant de me retourner pour le repousser doucement. Ces échanges affectueux ne sont pas inhabituels entre nous, mais aujourd'hui, tout semble mal choisi, mal placé.

Nathan et moi avons une histoire complexe. Il a d'abord été mon meilleur ami, puis mon petit ami, et maintenant quelque chose de moins défini, une relation floue que ni l'un ni l'autre ne semble vouloir clarifier. Mais ce soir, avec la présence de Darius et le tumulte de mes émotions, tout semble décalé, presque inapproprié.

- Pourquoi je ferais ça ? réponds-je, tentant de masquer l'agitation intérieure que ses gestes tendres ont déclenchée.

Nathan me regarde avec un air perplexe, ses yeux cherchant à lire en moi. Il connaît ma nature réfléchie, mon penchant à m'isoler lorsque quelque chose me préoccupe profondément.

- Je te connais, Hazel. Quand tu disparais comme ça, c'est que quelque chose te tracasse. J'ai vu les regards que vous vous lancez. Qui est-ce ? me questionne Nathan, sa voix mêlant inquiétude et une pointe de jalousie que je n'avais pas anticipée.

Sa remarque me frustre instantanément. Je fronce les sourcils, surprise et irritée par son ton soudainement possessif.

- En quoi ça te regarde ? rétorqué-je, essayant de me frayer un chemin pour partir.

Mais Nathan me retient doucement par le bras. Exaspérée, je me retourne vers lui, les bras croisés, attendant une explication. Il passe une main sur son visage, soufflant, visiblement agacé.

- OK, d'accord... mais arrête de m'éviter, Hazel.

- Je ne t'évite pas, Nathan, répliqué-je, tentant de garder ma voix calme.

Il se rapproche, me fixant intensément, puis pose son front contre le mien.

- Sûre ? murmure-t-il.

Je hoche la tête, mon cœur battant la chamade. Sentant sa main glisser vers mon dos, je pose la mienne sur son torse, le repoussant doucement alors qu'il tente de m'embrasser. Il soupire, me regarde tristement et s'éloigne finalement, me laissant seule avec mes pensées en tumulte.

Je jette ma tête en arrière, fermant les yeux un instant. Depuis plusieurs mois, je sais que je dois mettre fin à cette relation ambiguë avec Nathan, mais à chaque fois, je finis par lui céder. Voilà qu'à présent, il commence à s'imaginer que nous sommes toujours ensemble.

Je prends une profonde inspiration, me redressant, me disant qu'il est temps de retourner au salon avant que mon absence ne soit remarquée. Mais à peine ai-je relevé la tête que je me retrouve face à face avec Darius. Mon cœur chute, pris au piège entre la surprise et une émotion que j'espère ne pas trahir sur mon visage.

Son regard est difficile à déchiffrer. Avait-il assisté à la scène avec Nathan ? La proximité soudaine de Darius, son regard intense, me plongent dans un abîme de questionnements. Que fait-il ici, dans la cuisine, à cet instant précis ? Est-ce une coïncidence, ou a-t-il suivi notre échange ?

Le silence s'installe entre nous, un silence lourd. Darius s'approche lentement, et je retiens mon souffle, consciente de chaque pas qu'il fait vers moi. C'est comme si le temps avait reculé, me ramenant à ces moments passés où mon cœur s'emballait à sa simple vue. Les émotions se bousculent en moi : une ancienne affection mélangée à une douleur latente et la surprise de le voir ici.

Il s'arrête à quelques pas, son regard toujours aussi intense et insaisissable. Puis, dans un murmure à peine audible, sa voix roque brise le silence :

- Tu es encore plus belle que dans mes souvenirs.

Ses mots résonnent en moi avec une douceur inattendue. Comment dois-je interpréter cette remarque ? Est-ce une expression de sentiments enfouis ou simplement une observation polie ? Tant d'années se sont écoulées depuis ces jours où son regard semblait empli de dédain à mon égard. Qu'est devenu cet homme froid et distant ?

Je me retrouve à contempler son visage, cherchant des indices sur le Darius d'aujourd'hui. Ses traits semblent plus mûrs, plus réfléchis, comme s'il avait traversé des expériences qui l'avaient transformé. Mais sous cette apparence d'homme changé, retrouve-t-on le même Darius qui hantait mes souvenirs d'adolescente ?

- Merci, murmurai-je, ma voix trahissant une hésitation. C'est... c'est gentil.

Un autre silence s'installe entre nous. Puis, après m'avoir longuement regardée, Darius se tourne pour partir. Ses pas résonnent faiblement sur le sol de la cuisine, et avec chaque mouvement qui l'éloigne, je sens une part de moi-même se débattre entre le soulagement et une curiosité non satisfaite.