_04_

509 41 1
                                    

Le son strident du réveil me tire lentement de mon sommeil agité. La nuit a été loin d'être reposante ; mon esprit a navigué sans cesse entre les souvenirs et les paroles de Darius. Je me suis retournée plusieurs fois dans mon lit, essayant en vain de trouver une position qui apaiserait mes pensées tumultueuses.

Je m'étire péniblement, chassant la lourdeur de la fatigue. Les événements de la veille semblent irréels dans la lumière matinale qui filtre à travers les rideaux. Pourtant, les échos des mots de Darius résonnent encore clairement dans mon esprit. "Tu es encore plus belle que dans mes souvenirs..." Cette phrase, douce et troublante, m'obsède.

Je me lève, marchant lentement vers la fenêtre pour ouvrir les rideaux. La lumière du jour inonde la pièce, et je me laisse baigner un instant dans sa clarté, espérant qu'elle dissipe les ombres de la nuit.

En inspirant profondément, je décide qu'il en est assez ; j'ai suffisamment pensé à lui. Il est temps de l'oublier et de continuer ma vie comme si Darius n'était jamais revenu. Peut-être repartira-t-il bientôt d'où il vient, ou peut-être y est-il déjà. Cette pensée m'offre un certain réconfort, un soulagement face à l'idée de ne pas avoir à confronter les émotions complexes qu'il a ravivées.

Résolue, je décide de prendre une douche rapide, de me préparer et de me rendre à l'université. Aujourd'hui, je n'ai pas de cours de dessin à donner. C'est seulement le mardi que je me consacre à cette passion. La routine de ma journée universitaire, avec ses conférences et ses études, semble être l'échappatoire parfaite pour m'éloigner de tout ce qui concerne Darius.

Sous la douche, je laisse l'eau chaude couler sur moi, espérant qu'elle puisse laver les derniers résidus de mes pensées nocturnes. Je me sens progressivement plus ancrée dans le présent, plus concentrée sur les tâches et les défis de ma journée.

Habillée et prête, je quitte ma chambre, me dirigeant vers la cuisine pour prendre mon petit déjeuner avant de partir. À ma grande surprise, en entrant, je trouve Darius, debout près de la table, une tasse de café à la main. Mes yeux s'écarquillent à sa vue. Que fait-il ici, si tôt le matin ? N'était-il pas censé être parti ?

Nos regards se croisent, et je sens un instant de tension s'installer. Rapidement, je me reprends, m'efforçant de ne rien laisser paraître de ma surprise ou de l'agitation intérieure qu'il provoque en moi. Mon premier réflexe est de vouloir quitter la pièce, de fuir cette confrontation inattendue, mais après un bref moment de réflexion, je décide de rester. C'est ma maison, après tout, et je n'ai aucune raison de me cacher ou de fuir.

Je m'avance donc vers la cuisine, faisant de mon mieux pour paraître détendue et indifférente, même si intérieurement, je bouillonne de questions et d'émotions contradictoires.

- Bonjour, dis-je, ma voix étonnamment calme.

- Bonjour, Hazel, répond Darius avec une aisance qui me déconcerte.

Je vais me préparer un sandwich, gardant une distance prudente entre nous. Le silence s'installe, entrecoupé seulement par les bruits familiers du matin. Je sens le regard de Darius peser sur moi, mais je m'efforce de rester concentrée sur la préparation de mon repas.

Observant Darius du coin de l'œil, je remarque qu'il semble différent de la veille, détendu, presque comme s'il appartenait à cet endroit. L'idée qu'il ait pu passer la nuit ici traverse mon esprit, me laissant légèrement perturbée.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? demandé-je, ma curiosité prenant le dessus sur ma réserve initiale.

Il me regarde attentivement, comme s'il mesurait l'impact de ses mots.

- J'avais quelques affaires à discuter avec ton père, explique-t-il simplement.

Je fronce les sourcils, surprise par cette réponse.

- Aussi tôt le matin ? je réplique, ma voix trahissant mon scepticisme.

Darius hausse les épaules, mais reste silencieux. Son regard se fait plus intense, et je sens une pression presque tangible émaner de lui. Sous son regard intense, je baisse les yeux, un mélange de perplexité et de malaise me submergeant. La manière dont il me fixe me frustre ; je ne comprends pas pourquoi je ne parviens pas à réagir normalement en sa présence. Résignée, je me concentre sur la préparation de mon petit-déjeuner, déterminée à ne pas lui accorder plus d'attention.

Pourtant, lorsque je le sens se rapprocher, une tension s'empare de moi. Son approche est silencieuse, presque imperceptible, mais l'atmosphère change radicalement.

- C'est sérieux entre vous ? Sa question, sortie de nulle part, me fait sursauter.

Un moment de silence s'écoule avant que je ne trouve la force de répondre.

- De quoi parles-tu ? je demande, ma confusion transparaissant clairement dans ma voix.

Il ne répond plus, plongeant la pièce dans un silence pesant. Incertaine et cherchant des réponses, je décide de me retourner pour le confronter. Bien avant que je ne puisse faire le moindre mouvement, je réalise avec surprise à quel point il s'est rapproché. Il est juste là, derrière moi, si près que je peux sentir la chaleur de son corps.

Je retiens mon souffle lorsqu'il pose doucement le bout de ses doigts sur mes épaules. Je suis figée, confuse. Que fait-il ? Ses doigts glissent lentement le long de mes épaules jusqu'à mes bras nus, provoquant un frisson involontaire. Mon cœur s'emballe, tambourinant contre ma poitrine avec une intensité alarmante.

Soudain, il se penche, son souffle chaud effleurant mon oreille droite. La proximité soudaine de son geste me fait fermer les yeux, submergée par un mélange d'émotions contradictoires. Il y a une tension étrange dans l'air, un mélange de surprise et d'une attraction inexplicable.

- Hazel... commence-t-il, sa voix un murmure à peine audible, trahissant une émotion contenue. Sache que je n'aime pas partager.

Ces mots, prononcés d'une manière si soudaine et avec une telle intensité, me laissent pétrifiée. Alors que je tente désespérément de décrypter leur signification, il se détourne silencieusement et quitte la cuisine. Son départ est aussi abrupt qu'une ombre qui s'évanouit, laissant derrière lui un vide chargé de mystère et d'émotions tumultueuses.

Je reste immobile, figée sur place, le cœur battant à un rythme effréné. Les mots de Darius tournent en boucle dans mon esprit, soulevant un ouragan de questions et de suppositions. "Je n'aime pas partager" cette phrase résonne en moi avec la force d'une déclaration inattendue, ouverte à d'innombrables interprétations.

Je sens une tension étrange m'envahir alors je m'efforce de reprendre mon souffle, tentant de calmer le tumulte qui fait rage en moi. Je me force finalement à bouger, secouant la tête comme pour me libérer de l'emprise de ses mots.

Un Mari InaccessibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant