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Le claquement de la porte résonne comme un coup de tonnerre dans la nuit tranquille, marquant la distance soudaine et brutale que Darius a mise entre nous. Je reste assise sur le lit, figée, tentant de comprendre ce revirement soudain. Les larmes montent aux yeux, mais je me force à les retenir, cherchant à garder une contenance malgré la tempête d'émotions qui me submerge. Mon esprit se perd dans les conjectures. Qu'est-ce qui a pu le pousser à se rétracter ainsi ? Y a-t-il quelque chose que j'ai fait ou dit pour provoquer sa réaction ?

Je me lève lentement, m'approchant du balcon pour prendre l'air, espérant que la fraîcheur de la nuit pourrait éclaircir mes pensées. Je regarde les étoiles, cherchant des réponses dans leur immuable tranquillité. Mais les étoiles gardent leurs secrets, me laissant avec mes doutes et mes craintes. Le vent nocturne caresse mon visage, apportant un maigre réconfort à mon cœur troublé. Je m'enroule dans une étreinte solitaire, une tentative de me protéger contre la froide réalité de ma lune de miel solitaire.

Je ne sais combien de temps je reste là, perdue dans mes pensées, avant de retourner à l'intérieur. La chambre semble encore plus grande et vide sans la présence de Darius. Je me glisse sous les draps, mon corps fatigué mais mon esprit trop agité pour trouver le sommeil. Les heures passent lentement, chaque tic-tac de l'horloge résonnant comme un rappel de ma solitude. Finalement, l'épuisement l'emporte sur mes tourments, et je m'endors.

Quand je me réveille le lendemain matin, la première chose que je remarque est la froideur de la place à côté de moi. Darius n'est pas là. Mon cœur se serre à cette réalisation. Je me lève lentement, l'esprit encore embué de sommeil, et mes yeux cherchent sa silhouette dans la chambre.

C'est alors que je le vois, assis sur le canapé, les yeux fixés sur l'extérieur, perdu dans ses pensées ou peut-être dans le vide. Il semble tellement loin, comme s'il était dans un autre monde, un endroit où je ne peux l'atteindre. Je m'approche doucement, mon cœur battant d'appréhension.

— Darius ? ma voix est à peine un murmure, craignant de briser le silence fragile qui enveloppe la pièce.

Il tourne lentement la tête vers moi, ses yeux révélant une lueur de surprise, comme s'il avait oublié ma présence. Puis, son expression se ferme, retournant à cette froideur.

— Tu es réveillée, dit-il simplement, sa voix neutre.

— Oui, je... je réponds, me sentant soudainement maladroite. As-tu bien dormi ?

Il esquisse un sourire sans joie, un geste qui ne parvient pas à atteindre ses yeux.

— Comme on peut s'y attendre, dit-il d'une voix éteinte.

Il y a tant de choses que je veux lui demander, tant de sentiments que je veux exprimer, mais les mots se bloquent dans ma gorge. Je ne sais pas comment aborder les choses.

— Darius, je... commence-je, cherchant désespérément un moyen de briser le mur qui nous sépare.

Mais il se lève brusquement, m'interrompant.

— Je vais prendre une douche, dit-il, évitant mon regard.

Je reste là, debout, alors qu'il s'éloigne vers la salle de bain, me laissant une fois de plus seule avec mes pensées et un poids lourd sur ma poitrine. Le silence de la chambre est assourdissant.

Alors que je m'assois sur le canapé, mon regard se pose sur les coussins froissés où il a dû passer la nuit. La réalisation qu'il a choisi de dormir ici, plutôt qu'à mes côtés, me pèse lourdement. Quelques minutes plus tard j'entends l'eau de la douche cesser de couler. Darius sort de la salle de bain, enveloppé dans une serviette, ses cheveux encore humides.

— Pourquoi as-tu dormi sur le canapé ?

Il s'arrête, me fixant avec une expression indéchiffrable. Il semble peser ses mots avant de répondre.

— J'avais besoin de réfléchir, dit-il simplement, mais sa réponse sonne creux à mes oreilles.

— Réfléchir ? répété-je, l'incrédulité teintant ma voix. Nous venons de nous marier, Darius. Pourquoi m'as-tu épousée si c'est pour m'éviter dès notre première nuit ensemble ?

Darius me regarde fixement, un air de défi dans le regard.

— À quoi t'attendais-tu ? Que nous soyons en ce moment-même nus et transpirants dans le lit ? dit-il, un ton moqueur dans sa voix.

Je rougis violemment à ses mots, choquée par sa crudité et son cynisme. Son rire qui suit amplifie mon malaise.

— Je ne m'attendais pas à ce que tu te donnes si facilement à moi. Je suis désolé de te décevoir, mais ça n'arrivera sûrement jamais, dit-il d'un ton qui se veut léger, mais qui cache une froideur que je n'avais jamais perçue chez lui auparavant.

Ses paroles me transpercent comme une flèche, laissant un mélange de douleur et d'indignation en moi. Je le fixe, tentant de déchiffrer les pensées derrière son masque impassible.

— Alors pourquoi ? Pourquoi m'as-tu encouragée à accepter cette proposition ? Pourquoi l'as-tu acceptée toi-même ? Je demande, cherchant désespérément à comprendre ses motivations.

Darius me regarde, l'expression froide, dénuée de toute considération pour mes sentiments. Sa voix est tranchante, chaque mot pesé avec une froideur calculée.

— Parce que je perdrais tout si je refusais, dit-il, la dureté dans sa voix rendant chaque mot plus tranchant. Mon père devient chaque jour de plus en plus faible. S'il me déshérite, c'est elle, sa femme, qui héritera de tout après sa mort. Je ne peux pas me permettre de tout laisser à cette femme.

Dans sa voix, je ressens la haine qu'il porte à sa belle-mère, une émotion brute et incontestable. Ses paroles me frappent de plein foulet, me faisant réaliser l'ampleur de la situation. Son mariage avec moi n'est rien de plus qu'une manœuvre calculée, un mouvement stratégique dans un jeu de pouvoir familial complexe.

Face à cette révélation, je rassemble mon courage, repoussant les larmes qui menacent de couler et je demande :

— Que... que sommes-nous censés faire maintenant que tu as obtenu ce que tu voulais ?

Darius me regarde avec un petit sourire en coin, un air de défi dans son expression. Il se rapproche, et je prends sur moi pour rester immobile, pour ne pas reculer face à lui. D'une main, il soulève doucement menton pour que je le regarde dans les yeux. Une goutte d'eau provenant de ses cheveux mouillés tombe sur mon visage. Il parle d'une voix basse, presque menaçante.

— Maintenant, j'attends de toi que tu joues le rôle de la parfaite épouse aux yeux de tous. Mais en privé, oublie-moi, et je t'accorderai la même faveur, dit-il calmement.

Ses mots sont un coup de poignard dans mon cœur. Il ne s'agit pas d'un mariage, mais d'une façade, une mise en scène pour le monde extérieur. En privé, nous ne sommes rien l'un pour l'autre.

— C'est cela, notre mariage ? Une mascarade ? Je demande, ma voix n'étant plus qu'un murmure.

Il me regarde, impassible.

— C'est exactement cela, Hazel.

Un Mari InaccessibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant